LE WEB SEMANTIQUE SELON FACEBOOK : COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE F8 DU 21 AVRIL 2010

Entre le 6 et le 13 mars 2010 un réseau social a, pour la première fois, généré plus de trafic qu’un moteur de recherche et obtenu la première place du classement des sites internet les plus visités aux Etats-Unis. Cette semaine là, Facebook est passé devant Google en obtenant 7,07% de part de marché toute catégorie confondue, ce qui représente une augmentation de 184% par rapport à l’année précédente pour la même semaine. Le réseau social compte désormais plus de 400.000.000 d’utilisateurs.

C’est donc sous les meilleurs hospices que s’est tenue la 3ème conférence annuelle « F8 » de Facebook à l’attention des développeurs le 21 avril dernier à San Francisco. Le fondateur de la société, Mark Zuckerberg, a dévoilé à cette occasion les grandes lignes de la politique de développement qu’il entend suivre et qui, à son sens, impliquent « la transformation la plus importante qu’ils aient proposé pour le web ».

A titre liminaire il souligne que, au vu de l’expansion du réseau, la plupart des potentiels destinataires des produits des développeurs sont déjà sur Facebook et qu’en mettant l’utilisateur au centre du dispositif, les moyens d’atteindre ce destinataire sont d’autant plus effectifs. Ainsi, l’association d’une page web ou d’une application avec le réseau social rend plus faciles les connections entre le produit ou contenu proposé et le destinataire.

Les annonces faites au nom de la société ont été nombreuses et témoignent notamment de l’ambition de permettre une personnalisation instantanée des sites web visités. Les plus importantes, sans prétendre à l’exhaustivité, vont être envisagées successivement.

Tout d’abord, la récupération et la conservation des données personnelles stockées sur le réseau social est facilitée. Les développeurs pourront désormais conserver ces données autant qu’ils le veulent (jusqu’ici ils étaient limités à 24 heures) et la permission de les utiliser sera dorénavant donnée aux applications tierces en un seul clic de l’utilisateur. L’objectif affiché est de rendre plus simple la construction de la combinaison de ces applications avec la plateforme Facebook.

Il suppose qu’une boite de dialogue va demander à l’utilisateur, à sa première visite, s’il accepte de connecter le site consulté ou l’application utilisée à son profil Facebook et l’informer de ce que cela implique pour l’utilisation de ses données. Le cas échéant, le bénéficiaire de l’autorisation pourra consulter, conserver et retransmettre les données recueillies.

La principale annonce de la société et le lancement de l’initiative Open Graph. Le constat initial est le suivant : des « cartes » des connexions entre les personnes ou les objets sont élaborées par les sites sociaux dans leurs domaines d’interventions respectifs, générant un certain nombre d’informations. Facebook pour la cartographie des relations personnelles entre les individus, Yelp pour celle des relations entre les petites entreprises ou encore Pandora pour celle des goûts musicaux sont cités à titre d’exemple. Pour autant, les informations recueillies sont restreintes au domaine concerné. L’ambition de l’Open Graph est de réunir les différentes cartes élaborées dans la perspective de créer « instantanément une expérience sociale et personnalisée où que [les utilisateurs] aillent [sur le web] ». C’est à travers trois éléments que cette initiative va se concrétiser.
Les « plugins sociaux » permettent de créer une connexion entre l’utilisateur et le contenu proposé par un site partenaire. En cliquant sur le plugin « j’aime » l’utilisateur annonce à ses contacts du réseau social qu’il a visité et « aimé » ce site et ce dernier pourra également faire apparaitre les contacts de l’utilisateur qui en ont aimé le contenu. Le site étant ainsi associé à un utilisateur identifié, son volume de partage et, le cas échéant, son trafic s’en trouvera augmenté. De même, le plugin « activité » permet de montrer les informations de ces contacts en relation avec le domaine dudit site. Enfin, le plugin « recommandation » va se base sur l’activité globale du site et combine ces informations avec celles issues de l’activité sociale personnelle de l’utilisateur pour proposer des liens vers d’autres sites. Tout cela sans jamais être passé par une connexion sur le site partenaire.

C’est grâce au protocole « Open Graph » que le site consulté va pouvoir envoyer des informations qui s’afficheront, le cas échéant, sur le profil Facebook de l’utilisateur et qui pourront être régulièrement mise à jour ce qui donne la possibilité au site d’engager une communication sur le long terme avec l’utilisateur.
Par ailleurs, une nouvelle interface de programmation applicative (API) pourra permettre aux développeurs de rechercher à travers toutes les mises à jour ce que les utilisateurs pensent d’un sujet ou d’un produit en particulier.

A plusieurs reprises au fil de ses annonces, Mark Zuckerberg a souligné que le projet de la société est d’entamer un pas significatif et global vers un « web sémantique ».
La notion de web sémantique a été conceptualisée pour la première fois par Tim Berners-Lee, un des principal fondateur du world wide web, dans un article paru en mai 2001 dans la revue Scientific American. Il constatait qu’à l’époque « le contenu du web [était] destiné à être lu, il [n’était] pas fait pour être manipulé de façon intelligente par des programmes informatiques ».

Ainsi, sur le web classique, les résultats proposés par un moteur de recherche sont issus de l’association d’une requête formulée en langage ordinaire à un contenu indexé dans une base de données à l’aide de liens hypertextes. Ce système repose sur le traitement du contenu lui-même.

En revanche, le web sémantique se propose « d’utiliser la structure pour donner du sens au contenu des pages web, en créant un environnement où les agents logiciels en parcourant les pages pourront réaliser rapidement des tâches compliquées pour les utilisateurs ». Concrètement, un langage propre permet à des programmes et des agents logiciels de traiter automatiquement des métadonnées (obtenues par un marquage initial des données proposées sur le web), pour un résultat optimisé. Le système repose alors non plus sur le traitement du contenu mais sur celui des informations proposées relativement au contenu.

Le protocole Open Graph est un langage de marquage sémantique, basé sur le modèle de graphe Ressource Description Frameworks (RDF) développé par Tim Berners-Lee, qui permet aux plugins que Facebook propose de prendre en compte non seulement leur contexte social mais également le contenu autour duquel l’interaction sociale à lieu.
Si, comme l’évoque Mark Zuckerberg, un individu peut être défini par les personnes qu’il côtoie, le lieu où il vit, le type d’alimentation qu’il consomme ou encore la musique qu’il écoute, et que toutes ces informations à son égard peuvent être recueillies, mises en relation et prises en compte, le contenu que cet individu consulte va pouvoir être instantanément et automatiquement adapté en conséquence.

Sources :

http://apps.facebook.com/feightlive/
http://weblogs.hitwise.com/heather-dougherty/2010/03/facebook_reaches_top_ranking_i.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+hitwise%2Fus+%28Hitwise+Intelligence+US%29
http://www.readwriteweb.com/archives/live_blog_mark_zuckerbergs_f8_keynote.php
http://news.cnet.com/8301-13577_3-20003053-36.html
http://opengraphprotocol.org/
http://www.urfist.cict.fr/archive/lettres/lettre28/lettre28-22.html
http://www.readwriteweb.com/archives/facebook_open_graph_the_definitive_guide_for_publishers_users_and_competitors.php
http://www.readwriteweb.com/archives/live_blog_mark_zuckerbergs_f8_keynote.php
http://www.wired.com/epicenter/2010/05/facebook-rogue/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+wired%2Findex+%28Wired%3A+Index+3+%28Top+Stories+2%29%29

Géraldine SORLAT