UN DANGER NOMME ISLAM

« Il n’y a précisément pas de faits, mais que des interprétations ». C’est sous cette formule que Nietzsche établissait la thèse qu’il a défendu sous le nom du positivisme. Pour lui, le fait en lui-même n’existe pas, car de par la manière dont il est perçu, il n’est que le reflet d’une interprétation. Partant de ce postulat, on peut mettre en doute les qualités présupposées de neutralité et d’objectivité qui fondent le métier de journaliste !

L’exemple de l’islam au sein des médias est particulièrement révélateur de ce sentiment de perte d’objectivité. La vie routinière n’intéressant personne, il est admis que la peur fait vendre. Comme pour le cinéma, un film d’horreur vous attirera plus qu’un film autour d’un personnage fade, sans intérêt, ennuyeux.

C’est l’une des règles que connaisse bien les médias et en particulier la télévision. Ainsi, pour faire vendre, il est conseillé de faire peur. Quel autre sujet mieux que l’islam pouvait-être choisi ?

Sans doute, j’ai dit tout haut ce que pensent les gens tous bas mais la vérité est bien là, l’islam fait peur et les médias contribuent à traiter cette religion comme une schizophrénie maladive. Le mal c’est l’Islam, comme l’avait suggéré le président Bush en son temps.

On peut dire que tout ceci n’est que le fruit et l’aboutissement d’une politique mise en place par les divers gouvernements depuis un moment. On peut critiquer la politique entreprise par les ministres et le Président  Sarkozy mais on peut également critiquer le rôle que les médias jouent autour de ces problèmes. Rien n’est fait pour apprendre et comprendre une religion, une culture, des rites, etc. Mais plutôt l’inverse. Tout est fait pour que les polémiques demeurent autour de ce sujet, histoire sans doute de gagner un électorat cher à notre Président.

Dans un contexte de crise économique et sociale, on réunit le peuple autour de « problèmes communs », histoire de créer un semblant d’unité. De la viande halal, à l’identité nationale en passant par la burqua, une même communauté est stigmatisée !

Alors quand Monsieur Roselmack se fait arrêter à Marseille avec un mouton dans le coffre du passager qu’il filme, on peut émettre des doutes sur le rôle d’éclaireur que devrait jouer un journaliste. Lorsque débute, la polémique autour de ce fameux épisode marseillais, Roselmack se justifiait en disant qu’il ne fallait pas juger avant d’avoir vu ! C’est donc pour cela que je me permets aujourd’hui d’accuser à la manière d’un Zola le programme présenté par notre Harry national.

Partant du principe que l’objectivité n’existe pas, je vais vous donner mon point de vue.

Alors qu’initialement, l’émission de Roselmack devait porter sur Marseille et les religions, il y a eu un revirement de sujet. Le thème de l’émission a brusquement changé pour migrer en « Harry Roselmack au cœur des salafistes de Marseille » ! Pourquoi un tel choix ?

Marseille est connu pour sa diversité, culturelle et ethnique, comme étant un carrefour des religions, ou toutes les couleurs se côtoient, l’une des seules villes de France qui n’avaient pas été touché par les émeutes de 2005 (et quand je dis ça, je stigmatise mais on l’a tellement entendu !). Au lieu de présenter Marseille sous ses belles couleurs comme la ville où règne pluralisme au sens large, harmonie et meltin’pot, on décide de changer la ligne éditoriale du reportage ! Pourquoi ? Si ce n’est pour stigmatiser davantage une communauté !

Avant de comprendre le théorème de Thalès, il est nécessaire de connaître au préalable les règles de trigonométrie ! Sans base, on ne peut construire sauf s’il l’on désire construire pour détruire.

Et il est là le problème, pourquoi vouloir centrer un une émission, fortement intéressante, autour d’un sujet qui lui ne l’est guère. Pourquoi vouloir intéresser les gens au salafisme qui regroupe mille à deux milles « adeptes » alors que Marseille compte 60 000 musulmans et la France, plus de cinq millions.

Trop tard, pour critiquer ce choix éditorial, alors attardons-nous sur le contenu.
C’est l’histoire de 5 compères présentés comme des Salafistes (le salafisme étant une branche de l’islam que le reportage ne va pas tenter d’expliquer, ce qui créé alors pour le téléspectateur lambda une confusion entre salafisme et islam, a fortiori, salafiste et arabe/musulman) qui vont promener l’inspecteur Harry, lui faire son pèlerinage à Marseille.

Ainsi, tout au long de ce reportage, on verra les « frères » prier, faire leurs ablutions, tenir un discours haineux, parfois raciste envers le peuple et la démocratie française. Des propos intolérables, qui m’amènent à me poser la question de savoir qu’elle est le but d’un tel reportage, excepté détesté ce genre d’individus. Quand on prône la supériorité des lois de l’Islam sur celles de la République, quand on prêche le vendredi, jour sacré où tous les pratiquants sont réunis à la mosquée contre la démocratie française, quand on joue au foot, et qu’on n’interrompt le match pour prier en plein milieu du stade, quand on dis que les femmes font peur, qu’on souhaite qu’un jour la présentatrice du 20h soit vêtu de la burqua…
Où est l’intérêt à part détesté de tels groupes d’individus ? Et créer de la sorte un amalgame entre musulmans et salafistes.

Outre les erreurs sur la pratique qui sont nombreuses, comme les ablutions qui ne sont même pas faites dans les règles, ou bien l’épisode où les jeunes salafistes, réunis pour un match de football, interrompent leurs parties pour prier sur le terrain, un épisode qui n’a jamais été vu par des voisins qui habitent depuis plus d’une vingtaine d’années dans le quartier, et le comble réside dans le fait que les jeunes salafistes ne se prosternaient même pas en direction de la Mecque, ce programme manque de sérieux.

Une caricature, un cliché qui risque d’accroître l’amalgame entre islam et salafisme, entre salafiste et musulmans. « Une nouvelle occasion pour faire parader l’animal de foire préféré de certains médias français : l’islamiste-hostile-aux lois de la République » comme le souligne le site oumma.com.

Tous ont indiqué leurs indignations après la diffusion de ce reportage, du Maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, aux membres représentatifs de la communauté musulmane, parlant ainsi de « scénarios mettant en scène une bande gamins en délire » pour Noureddine Cheick, président  de la grande mosquée de Marseille, même la presse locale, le quotidien La Provence, y va de son analyse en qualifiant le reportage « lamentable ».

Pour conclure, j’aurais simplement préféré que ces individus soient présentés davantage comme une minorité (très peu nombreux), comme des intégristes, en insistant sur le fait que la plupart des musulmans ne sont pas comme çà et se désolidarise pour le plus grand nombre de ce mouvement djihadiste. France 2 a parfaitement réussi à faire le même programme sans prendre en otage une communauté, avec son émission Les Infiltrés, spécial intégristes catholiques.

On peut donc voir cette émission sous deux angles de vues différents :
– Soit M. Roselmack a réussi à faire le programme qu’il voulait, un peu de banlieue, un zeste de jeunesse colorée, un brin de discours haineux indignes de la République française, le tout à la sauce islam, saupoudré de salafisme, et là, il s’inscrit dans la ligne d’un ex spécialiste en la matière, j’ai nommé M. Charles Villeneuve.
– Soit, il n’a pas réussi en braquant sa caméra sur des individus, qui pratiquant leur culte, portent malgré eux le poids d’une communauté sur les épaules. Une communauté qui ne se reconnaît pas mais qui malgré elle, est visée.

Un constat qui résulte sûrement d’une plaie bien profonde dont la victime principale est Madame France. Certes, l’émission a des qualités indéniables, mais le sujet lui est entré dans la catégorie des sujets risqués. Peut-être parce qu’une certaine communauté n’accepte pas la critique, ou peut-être  qu’elle est représentée dans mes médias que dans la rubrique : Critique.

Une polémique qui pouvait être facilement anticipé et écarté par l’inspecteur Harry avec plus de sérieux et un débat après l’émission par exemple,  mais comme le dit Hicham Hamza :
« Mais c’est sans doute oublier qu’à l’instar d’un mouton au jour de l’Aïd, une carrière médiatique vaut bien le sacrifice de quelques bêtes de foire ».

Madjer ZOUAGHI

Sources :

http://oumma.com/Harry-au-pays-des-barbus

http://www.lepost.fr/article/2010/02/24/1957991_un-point-de-vue-anglais-sur-la-france.html