NOOMIZ : NOUVEL ESPOIR DE L’INDUSTRIE MUSICALE

Lorsque deux passionnés de musique décident d’allier techniques informatiques et développement d’artistes, le résultat est explosif et il se nomme Noomiz.

Afin de mieux comprendre cet OVNI du paysage de l’industrie musicale, voyons d’abord qui en sont les initiateurs. Noomiz provient de l’association de deux amis passionnés de musique. Il y a tout d’abord Antoine El Iman, sorti de l’IAE de Paris en 1996. Après avoir œuvré au service d’Atmosphériques et d’AZ, il a occupé le poste de responsable marketing commercial en charge des labels Mercury et Polydor. Au cours de ses douze années d’expériences auprès de labels prestigieux, il a contribué au succès de nombreux artistes comme Olivia Ruiz, Eminem ou Amy Winehouse pour ne citer qu’eux. Le second, Thomas Artiguebeille, sorti en 2000 de la prestigieuse Ecole des Mines, a travaillé au sein de Capgemini avant de décider de tout quitter pour se lancer dans cette nouvelle aventure.

Les deux acolytes sont partis d’un postulat simple : «  Il y a une crise du modèle économique de la musique enregistrée mais il n’y a pas de « crise » de la musique ». Pour preuve, les études menées au cours de ces dernières années démontrent que non seulement le public n’a jamais autant écouté de musique, mais 30 % des 200 meilleures ventes d’albums sont réalisés par les nouveaux artistes. Donc, le public ne boude pas la musique. Il est toujours si avide de découvrir de nouveaux artistes. Simplement, le modèle économique de la musique a besoin de changement.

Noomiz a donc décidé de se mettre au service du public et de musique, avec d’un coté les artistes en recherche de contacts et de l’autre les professionnels en recherche de nouveaux talents. La startup se veut la « passerelle indépendante entre les artistes et les professionnels de la musique ». A première vue, on serait tenté de dire que ce concept est loin d’être innovant puisque le net déborde de sites ayant pour objet cette mise en relation. Pourtant, l’originalité existe bel et bien, elle réside dans le fonctionnement même de la « passerelle ». Les fondateurs de Noomiz ont décidé de surfer sur la vague du web 2.0 et des réseaux sociaux, en créant des outils pouvant parfaitement se synchroniser avec les sites facebook, twitter et myspace. L’objectif est clairement affiché : permettre la rencontre entre l’offre et la demande dans l’industrie musicale, sans tomber dans le populisme de Myspace. Ils ont crée et développé pour cela un concept innovant et, au dire des professionnels du secteur, prometteur.

Pour commencer, l’artiste doit soumettre gratuitement son inscription au service de Noomiz qui va en quelque sorte filtrer les postulants, c’est à dire protéger le site des surprises et désagréments (spams ou profils non musicaux) que connait myspace. Ce filtre répond également à l’objectif principal de Noomiz qui est de privilégier la qualité, tant dans le mécanisme de mise en avant des artistes que dans la fréquentation de la plateforme. Une fois accepté, l’artiste va pouvoir créer son blog et le personnaliser très facilement grâce à la seule technique du « cliquer glisser ». Il pourra ainsi créer un blog à son image très rapidement, ce qui n’est pas négligeable quand la plupart des plateformes musicales oublie souvent que les artistes ne sont pas des informaticiens nés. Via son blog, l’artiste pourra synchroniser ses activités sur les réseaux sociaux et attirer ses fans, ainsi que mettre en ligne, via des players gratuits et simples d’utilisation, des vidéos et des titres qui pourront, à terme, être partagés et exportés sur d’autres sites. Au-delà des moyens techniques mis à leur disposition, Noomiz offre aux artistes une réelle possibilité de rencontre avec des professionnels susceptibles de les aider à développer leur carrière.

Pour atteindre son objectif premier, la mise en relation des artistes et des professionnels, Noomiz a dû se doter d’outils permettant une sélection des artistes appréciés du public et susceptibles d’intéresser les professionnels de la musique. Le passé a démontré que les votes du public pour un artiste ne sont pas toujours en adéquation avec la demande des professionnels et, plus encore, qu’ils n’entrainent pas forcément la vente de disques dudit artiste. Les équipes de Noomiz ont donc cherché un moyen de sélectionner les artistes avec un vrai potentiel et répondant aux attentes des labels, des tourneurs, etc. Fort de son expérience dans le web 2.0, le cofondateur Thomas Artiguebeille a développé avec son équipe un algorithme permettant de mesurer la qualité des artistes inscrits sur la plateforme.

C’est donc sur un critère qualitatif bien plus que quantitatif que la sélection repose. Afin de proposer aux professionnels des artistes prometteurs, la start-up publie chaque mois un classement des 100 artistes ayant recueillis le plus de points. Ceux-ci sont attribués par ce mystérieux algorithme qui prend en compte quatre facteurs : l’audience, le réseau amis, le rayonnement, l’activité scénique.
Tout d’abord, « l’audience » est non seulement analysée en fonction du volume des connexions sur le blog de l’artiste, mais aussi basée sur le comportement des visiteurs. Autant dire qu’un visiteur ne restant que 30 secondes sur le blog ne rapportera pas de point à l’artiste. Ce facteur permet à Noomiz d’analyser l’adhésion du visiteur à l’univers de l’artiste sans prendre en compte les clics successifs. Ensuite, le réseau amis est lui aussi analysé, mais tant au niveau qualitatif que quantitatif. Un autre facteur, « partage/widgets », permet d’analyser le « rayonnement » de l’artiste sur la toile. Cette fonctionnalité peut être utilisée non seulement par l’artiste mais aussi par les visiteurs qui peuvent partager et exporter les widgets sur la toile et faire partager leur intérêt pour un artiste avec leurs « amis » sur les réseaux sociaux. Pour le calcul des points, l’algorithme tient compte de la progression et la propagation de l’artiste sur le net. Le dernier facteur est basé sur les activités scéniques de l’artiste et encourage l’artiste à actualiser régulièrement son blog en y ajoutant ses futures prestations. Au regard de ces différents facteurs, l’algorithme attribue des points et un classement des 100 premiers artistes est établi chaque mois.

Ce classement permet d’aiguiller les professionnels, notamment ceux qui se sont « associés » à Noomiz, vers les artistes. Et justement, le premier intérêt de Noomiz réside dans son réseau de collaborateurs. Celui-ci compte des directeurs artistiques, des tourneurs, des éditeurs et des agences de communication de renommée, tel que Valéry Zeitoun, Marc Thonon ou Julien Creuzard, qui ont pris l’engagement de rencontrer dix des cents artistes du top de chaque mois. Cette rencontre peut déboucher sur de simples conseils, comme sur la signature d’un contrat d’artiste.

L’idée conductrice de Noomiz est de laisser leur pleine liberté aux artistes et aux professionnels. Pour cela l’inscription ne les soumet à aucune obligation concernant leur relation. En conséquence, un artiste à qui un label proposerait la signature d’un contrat d’artiste qu’il ne souhaiterait pas signer n’y sera pas tenu du fait de son inscription, et inversement.

L’idée de mettre en place des rendez-vous mensuels entre les artistes et les professionnels qui les repèrent sur le site est elle aussi le résultat d’un constat : dans l’intérêt de l’industrie du disque et des artistes, il faut que les choses aillent vîtes afin que chacun puisse rapidement tirer profit des moyens mis en place par Noomiz.

Outre les rendez-vous mensuels Noomiz qui suscitent un très grand intérêt pour les artistes, d’autres services sont mis en place, toujours dans le même objectif. La NIP (Noomiz International Party) n’en est qu’à sa deuxième édition mais devrait entrainer un intérêt grandissant de la part du public, des artistes et des professionnels. Une fois par mois, des artistes (généralement trois) sont choisis parmi les inscrits sur le site pour participer à un concert à l’International à Paris.

Tous ces services étant fournis à titre gratuit par Noomiz, une question se pose : comment et pourquoi une société peut elle survivre en proposant de tels services à titre gratuit ? Certains ont avancé l’idée que Noomiz pourrait être intéressé aux profits générés par la production d’un album d’artiste ayant signé un contrat grâce à son adhésion au site, à l’image de ce qui est pratiqué sur d’autres plateformes (my major company par exemple), mais ce serait oublier le slogan de Noomiz qui se dit « la passerelle indépendante ». « Indépendante » puisqu’elle ne fait que mettre en relation les différents acteurs sans intervenir dans leur relation, c’est d’ailleurs ce que précisent les Conditions Générales d’Utilisation.

Noomiz ne réalisera donc pas de profit grâce à la signature de contrat d’artiste. Mais alors, comment vont-ils financer cet innovant service ? La réponse réside dans la seconde branche d’activité que la start-up développe. En effet, bien que la vitrine qu’elle offre aux artistes soit gratuite, les services apportés aux professionnels du secteur sont quant à eux payants. L’industrie musicale est en quête de renouveau et elle se perd dans la multitude de systèmes permettant la découverte de nouveaux talents. Noomiz lui vient donc en aide en commercialisant deux produits qui ont pour but de faciliter les recherches des professionnels de la musique en mettant à leur disposition un outil de détection avec lequel ils pourront fouiller dans la base de données que la start-up constitue pour eux. Afin d’optimiser leur recherches, Noomiz leur permettra d’entrer des critères très précis. Avec le critère d’audiences par exemple, le producteur pourra savoir quel artiste est le plus écouté par les femmes de 30-40 ans. Finalement, Noomiz « traite l’information, la gère et la vend » aux professionnels.

Au delà du fait que Noomiz se présente comme un service réellement innovant, notamment du fait des services qu’il met à la disposition des artistes, il est vu comme un espoir de renouveau du modèle économique de la musique. Alors que le site en est encore à sa version béta, on parle d’un million de visiteurs par jour et d’environ 1000 blogs d’artistes créés. Les fondateurs de Noomiz sont sur le point de réussir leur pari… le monde de la musique est conquis.

Chloé Gilliard