EN CHINE, LE GRAND « NETTOYAGE » DU NET ENTRAINANT LA FERMETURE DES SITES DE PARTAGE DE FICHIERS

Suite à la proclamation de « l’avis sur la surveillance renforcée des contenus audiovisuels sur net », l’Administration nationale de la radio, du cinéma et de la télévision (la SARFT) a franchi une nouvelle étape dans la guerre qu’elle mène contre la diffusion des fichiers audio et vidéo en ligne sans autorisation officielle. En contraste avec les précédentes mesures appliquées plus ou moins mollement par l’autorité, cette fois-ci, la majorité des internautes chinois et webmestres sont frappés d’étonnement en constatant la fermeture imprévue de plus de 530 sites qui, selon la SARFT, ne sont pas munis de licence requise pour diffuser les fichiers audiovisuels sur la toile. La fermeture des sites chinois de partage de fichiers les plus connus comme BTCHINA, VeryCD et le Jardin d’Eden en décembre 2009, a porté sans doute cette campagne nationale de « rectification » à son point culminant.

Après six ans d’existence, le BTCHINA qui, dès sa création, avait toujours été très prisé des internautes chinois a dû subir l’expulsion en vidant son site web à l’exception d’un message indiquant que les autorités de régulation du pays l’ont fermé à cause de l’absence de licence nécessaire. La fermeture forcée de ce site « porte-drapeau » a provoqué des sentiments d’indignation et d’inquiétude sur le réseau à un tel point que les internautes chinois se précipitent follement pour effectuer des téléchargements sur les sites BitTorrent ou P2P qui pourraient être les derniers puisque les rumeurs affirment que les autorités vont tous les fermer l’un par l’autre. L’interruption successive de l’accès au site VeryCD semble correspondre à cette hypothèse même si le site lui-même a imputé la fermeture temporaire aux problèmes de serveur. En fait, parallèlement à la lutte contre la diffusion sans permis des contenus audiovisuels en ligne, la SARFT, à l’issue d’une réunion ressemblant neuf commissions et ministères, a décidé de lancer, de décembre 2009 à fin mai 2010, une vaste action nationale de lutte contre les contenus pornographiques ou vulgaires transmis par le biais d’internet et des terminaux mobiles. En réaction à l’appel de la SARFT, les grands opérateurs ont entamé une remise en ordre de leurs activités sur la toile en retirant leur confiance aux IDC (Centre de données Internet) dont les serveurs hébergeaient les sites proposant des contenus en cause. C’est pour ça qu’un nombre des IDC ont été demandés de suspendre l’accès à Internet pour vérifier chaque serveur un à autre, afin d’éviter les basculements des sites d’un serveur vers l’autre.

En attendant la fermeture éventuelle ou le retour en ligne ordonnée par l’autorité chinoise, de nombreux sites cherchent à migrer hors du pays pour échapper au contrôle insupportable du gouvernement. Des statistiques établies par des sociétés spécialisées montrent que, dans la semaine du 7 au 14 décembre 2009, le nombre de demandes d’enregistrement de noms de domaine comportant l’extension internationale « .com » a explosé en Chine, avec 180 000 demandes, soit une hausse de 1 300 % par rapport à l’année précédente ! Malgré le coût un peu plus cher de la location d’un serveur à l’étranger ainsi que la vitesse de connexion plus lente qu’en chine, les postulants chinois pourraient bénéficier en revanche des formalités d’inscription extrêmement simples dans la mesure où ils n’ont pas besoin d’indiquer leurs véritables identités en se contentant de donner une adresse électronique. Et n’oublions pas un avantage essentiel : il n’y aura plus de « nettoyage » sur la toile !

Sources :

http://fr.globalvoicesonline.org/2009/12/14/25148/
http://www.courrierinternational.com/article/2010/02/25/en-chine-la-censure-agit-et-les-sites-migrent
http://www.business-internet-chine.com/divertissement-en-ligne/chine-news/pornographie-et-sites-de-videos-p2p.php
http://content.caixun.com/CX/00/rd/CX00rd50.shtm

Ying LOU