À PRÉSENT, UN PASSÉ IMPARFAIT NE NUIRA PLUS A VOTRE FUTUR

On a tous des moments de sa vie qu’on préférerait oublier: une soirée un peu trop arrosée, des photos intimes, un casier judiciaire salé, des propos calomnieux, un début de carrière difficile, … ou parfois on a simplement envie de changer de vie! Seul hic, Internet est là pour nous rappeler nos moindre faits et gestes, et ceci s’est d’autant plus accentué avec l’arrivée foudroyante des réseaux sociaux. Aujourd’hui lorsqu’on tape son nom sur Google, on peut être surpris de retrouver de vielles histoires nous concernant, que ce soit sur un blog, sur des forums, sur Youtube, sur Facebook, ou autre… Internet, lui, n’a rien oublié.
C’est pourquoi, conscient des nouveaux désirs des internautes, de nombreuses sociétés ont sauté sur l’occasion et se sont spécialisées dans la gestion de la «e-reputation». Ils ont ainsi créé un nouveau métier, on les appelles «les nettoyeurs du Net».
Vous leur donnez une somme d’argent plutôt conséquente, et ils s’occupent de vous refaire une «virginité numérique». En effet, leur rôle est tout d’abord de rechercher tout ce qui vous concerne sur Internet, puis de supprimer le moindre article qui pourrait vous embarrassez. Bien sûr la tâche n’est pas facile puisque très souvent les sites sont sécurisés, et ces derniers sont obligés de contacter les responsables pour faire disparaître le contenu compromettant. Lorsqu’il est même impossible de retirer le document, faute de compassion du site, les nettoyeurs du net ont deux possibilités: une méthode douce, et une méthode plus musclée. En effet si les propos concernant la personne sont diffamatoires, injurieux, incitant à la haine raciale ou attentatoire à la vie privée , la société n’hésite pas à rappeler aux blogueurs et modérateurs de forums la loi, et les menacer de poursuite judiciaire, en vertu du droit de la presse sur Internet. L’autre solution, plus douce, consiste pour les nettoyeurs du net à trafiquer l’algorithme des moteurs de recherche. C’est à dire, ils vont tenter de noyer les contenus problématique en les faisant reculer dans les moteurs de recherche. Enfin, ils vont créer de nouveaux articles élogieux, site internet, et nouveaux comptes pour le client en leur accolant des mots-clés comme «news», «market», «audit» …
C’est la nouvelle tendance, nombreux sont ceux qui n’ont pas hésité une seconde à verser de belles sommes à ces sociétés pour recommencer leur vie sans histoire. En effet, on risque beaucoup à laisser publier sur Internet ces contenus embarrassants. Aujourd’hui, la majorité des recruteurs consulte Google et les réseaux sociaux, tel Facebook avant d’embaucher.
La leader mondial en la matière, la société californienne Reputation Defender, a été fondée par Michael Fertik en 2006, surnommée «l’assurance Google». Compte tenu du coût relativement élevé du service (des dizaines de milliers d’euros), les premiers à en bénéficier ont été les grands chefs d’entreprises, les stars du show business, et les hommes politiques. Aujourd’hui la gestion de la «e-reputation» est en train de devenir une véritable industrie dans le monde entier, et certaines agences proposent des services plus modestes fonctionnant sur le système des compagnies d’assurance. Pour un abonnement de 15$ par mois, la société veille en permanence sur Internet pour le compte de ses clients, et facture chaque document supprimé 29$. En France, on trouve également plusieurs sociétés spécialisées dans la «e-reputaion», et notamment la société parisienne «Infostratèges», dont le juriste, Didier Frochot, imagine déjà une réforme ambitieuse. Il rappelle que «les sites officiels comme Legifrance anonymisent leurs archives au bout de deux ans, pour accorder aux justiciables un droit à l’oubli», selon lui «les médias devraient faire la même chose» et il suggère de «faire voter une loi contraignante». Didier Frochot a saisit la CNIL de cette question, mais sans réponse à ce jour. L’avenir nous dira si cette réforme se concrétisera.

Sources:

www.lemonde.fr
www.ladepeche.fr
www.lesnumeriques.com

Floriane SCHWICH