En novembre 2009, Canal + diffuse un reportage intitulé « Les méthodes chocs des paparazzis », reportage signé Romain Bolzinger. C’est une plongée dans le monde controversée de la presse people.
Depuis quelques années, la presse people française se sert de plus en plus de méthodes similaires à celles utilisées par les tabloïds britanniques et américains. Cependant, les règles de protection de la vie privée ne sont pas les mêmes en France qu’en Grande-Bretagne ou aux Etats Unis.
Le reportage fait état d’utilisation de méthodes d’investigations à la limite de la légalité et totalement contraires au code de déontologie des journalistes. Recel, corruption de fonctionnaires, atteinte au secret professionnel, piratage, toutes les méthodes sont bonnes pour obtenir le scoop de la semaine et doper les ventes de ces journaux.
Dans un milieu tel que celui de la presse, toute publication confondue, ces méthodes sont-elles usuelles et qui est réellement responsable de leur utilisation, les paparazzis, les journaux ou les lecteurs ?
En ce qui concerne la presse à scandale, le reportage dénonce la mise sur écoute, l’atteinte à la vie privée, le piratage, les ?? à la CNIL, le recel ou encore le non respect des clauses de confidentialité. Les paparazzis n’ont aucun scrupule, pour prendre une photo à sensation à traquer les personnalités médiatiques du présentateur TV, au chanteur à succès. Les personnages politiques sont désormais aussi les cibles privilégiées des paparazzis et font de plus en plus la une des journaux. Le premier évènement de ce genre concerne les premières photos de l’existence de Mazarine, fille naturelle de François Mitterrand dévoilée pendant son mandat. Toutefois les méthodes utilisées étaient beaucoup plus respectueuses de la vie privée. En effet à cette époque le rédacteur en chef de Paris Match avait prévenu François Mitterrand de la publication des clichés dans la mesure où l’existence de Mazarine était connue de tous les milieux autorisées.
De nos jours, les journalistes à scandales font preuve de beaucoup moins de délicatesse comme le montre l’affaire des SMS de Cécilia Sarkozy à l’époque ou le couple présidentiel s’est séparé.
Pour ce qui est de la presse dite d’information classique, les procédés sont les mêmes mais les journalistes conservent une certaine réserve dans ce qu’ils publient. Cependant pour obtenir leurs informations, les journalistes utilisent aussi des indicateurs qui se situent à la limite de la légalité dans leurs agissements. Normalement les journalistes peuvent légalement protéger leurs indicateurs mais cela n’empêche pas la justice de procéder à des commissions rogatoires pour obtenir leurs noms saisir au sein même d’un journal.
Pour exemple, l’affaire de la gestion de la région Languedoc Roussillon, dont le rapport de la Cour des Comptes mettait en cause Jacques Blanc. Le journal Midi Libre fit à l’époque l’objet d’une commission rogatoire pour recel et le juge d’instruction mit tout en œuvre pour obtenir les noms des personnes ayant fournis des informations censées être confidentielles sur cette affaire.
Au vu de ces éléments, qu’elle est la limite entre vie privée et vie publique ; et qui est réellement responsable juridiquement parlant mais aussi d’un point de vue de la pratique ?
En droit français, la vie privée est assez bien protégée permettant ainsi aux personnes visées par ces journaux de réagir rapidement en faisant cesser la publication ou en faisant publier des excuses ainsi que le prononcé du jugement condamnant le journal en cause.
En terme de responsabilité en son sens juridique, elle pèse sur le directeur de la publication qui prend la décision de publier photos et articles contrevenant au principe de vie privée.
Cependant face a cette responsabilité où se place le devoir d’information propre aux journalistes ?
Les deux notions cohabitent difficilement et sont très souvent en conflit d’autant que le réel responsable n’est pas forcément celui qu’on le pense. De nombreux paparazzis sont motivés par l’appât du gain, les photos se vendant très chers.
Mais le réel responsable de ce phénomène n’est-il pas le lecteur lui même ?
Les journaux répondent à une demande de plus en plus forte de la part de leur lectorat. Alors face à un milieu de la presse en crise et à une baisse des ventes qui ne fait que s’accroître , il apparaît normal que les journaux tombent dans le travers de la course à l’information à tout prix afin de satisfaire un lectorat de plus en plus voyeuriste et qui en demande toujours plus en terme d’informations mais aussi en terme de scandale.
Le problème vient alors des journaux mais aussi de cette société qui se délecte de la vie privée des personnes médiatisées.
Sidney TRUC