Avec l’évolution de la technologie et des habitudes, tout le monde s’accorde plus ou moins à dire que l’avenir de la presse se trouve sur Internet. Néanmoins force est de constater que ceux qui ont choisis de s’y installer de manière exclusive, les « pure players » comme Rue89 ou Backchich par exemple, peinent encore à trouver un modèle économique viable et éprouvent des difficultés à atteindre un équilibre économique. Deux systèmes différents existent dès lors : le système gratuit, financé en grande partie par la publicité, et le système payant financé par les abonnements des lecteurs. Ces sites d’informations ont donc une obsession, trouver des revenus qui garantissent leur survie.
C’est dans cette optique que le site d’information Rue89 a décidé de créer un site Internet, jaimelinfo.com, qui est en fait une plateforme de dons pour la presse en ligne. L’idée est de faire appel aux lecteurs pour qu’ils participent au financement de la presse en ligne sous forme de dons. Permettre à ceux qui le souhaitent de contribuer au développement et au fonctionnement des sites dans une démarche de soutien, citoyenne, pour une information de qualité et indépendante comme cela est précisé dans la présentation du site. On peut alors se demander comment fonctionnera ce site dont le lancement est prévu pour début 2011.
Jaimelinfo.com sera un site géré par une association, indépendante, sur lequel des sites ainsi que des blogs d’information en ligne pourront s’inscrire afin de prétendre à recevoir des dons de la part des internautes. L’inscription ne sera pas libre, elle sera soumise à certaines conditions non déterminées à ce jour mais on peut imaginer que l’association devra juger par exemple du sérieux de certains blogs voulant s’inscrire afin de recevoir des dons.
Ce projet, initié par Rue89, s’inspire du site « ProPublica » qui est un site d’investigation américain entièrement financé par le mécénat. Le projet français est rendu possible par une subvention obtenue par Rue89 dans le cadre d’un appel à projet organisé par le secrétariat d’état à l’économie numérique. C’est assez rare pour le préciser, l’argent public profite à plusieurs entreprises et pas seulement à celle qui a obtenu la subvention.
Le principe est simple, les internautes pourront effectuer des dons aux sites qu’ils apprécient à travers la plateforme. Il sera possible d’effectuer soit des dons ciblés sur un seul site, ou de faire un don à plusieurs sites en indiquant comment on souhaite répartir la somme. Les internautes pourront effectuer des dons ponctuels ou choisir de faire des dons mensuels, comparables à un abonnement à la différence près que les dons sur j’aime l’info n’ouvrent droit à aucune contre partie. Ce dernier point peut d’ailleurs soulever une interrogation car si certains sites prétendant à des dons sont gratuits, d’autres sont payants et financés par des abonnements, de ce fait un non abonné souhaitant aider un projet d’un site payant ne pourra pas en voir le résultat à moins de payer l’abonnement au site lui même.
Il existera deux types de dons différents : des dons pour aider au financement du fonctionnement normal du service de presse en ligne ou du blog, et des dons pour aider au financement d’un projet ponctuel particulier.
En effet les sites inscrits pourront présenter des projets qu’ils souhaitent réaliser mais qui ne rentre pas dans leur budget car trop coûteux à mettre en œuvre, par exemple faire un reportage à l’étranger, lancer un service, une enquête, une rubrique nouvelle. Ils présenteront alors leur projet avec une estimation chiffrée des besoins pour le réaliser et avec une date butoir. (présentation du projet…, 3000euros, temps restant pour faire des dons 10jours). Il sera alors possible de financer des articles sur des sujets précis.
Ces dons ne sont pas soumis à la T.V.A à la différence des abonnements aux sites payants comme Mediapart. Les deux tiers du don effectué sont même déductibles du revenu imposable s’il a été effectué à un service de presse un ligne reconnu comme tel par la commission paritaire des publications et agence de presse (CPPAP).
En définitive le but de cette plateforme est de créer une dynamique pour ramener le plus grand nombre de sites éligibles sur jaimelinfo.com en partant du postulat que cela sera plus efficace de concentrer tout sur une seule plateforme plutôt que chacun crée le même style de processus de son côté. Il reviendra à chaque site de son côté de faire la promotion de j’aime l’info de manière totalement libre.
Il convient de préciser en outre que toute la plateforme est constituée de logiciels libres, tout le monde peut donc recréer librement un site du même genre pour la musique ou encore pour presse.
Sources :
– http://observatoiredesmedias.com/jaimelinfo/index.html
– http://www.01net.com/editorial/522766/jaimelinfo-fr-ou-le-journalisme-finance-par-les-internautes/