« La télévision n’est toujours pas un jeu d’enfant » : tel est le slogan de la nouvelle campagne de prévention lancée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le 20 novembre 2010, sur les chaînes de télévision française.
UNE CAMPAGNE POUR LA PROTECTION DU JEUNE PUBLIC
Alors que le CSA vient de rendre public son rapport annuel 2009 sur la protection de l’enfance et de l’adolescence, il entame une réflexion sur les émissions de téléréalité. En effet, sur les 873 plaintes que le CSA a reçu, 120 concernaient « Secret Story 3 ». Bien que le nombre de plainte relatives à la protection du jeune public ait incroyablement augmenté en 2009 (700 plaintes de plus), la proportion relative à la téléréalité reste importante. Les autres plaintes concernaient des bandes annonces et sujets trop violents aux journaux télévisés.
Le CSA a pris note de cette évolution, et c’est pour cette raison que les spots publicitaires de prévention ont été à nouveau diffusés. Ce dispositif a pour but de mieux faire comprendre aux parents l’impact que la télévision peut avoir sur le développement de leurs enfants. Au travers de cette campagne de sensibilisation, le CSA rappelle le principe de la signalétique « Jeunesse » présente sur les programmes diffusés (-10,-12,-16,-18), mais également la dangerosité que la télévision peut avoir sur un enfant de moins de 3 ans (« Pas d’écran avant trois ans »).
LA TELEREALITE, UN CONCEPT RENTABLE
Concernant la téléréalité, le CSA veut introduire une distinction entre « téléréalité positive » et « téléréalité racoleuse ». Le jeune public est de plus en plus friand de ce genre d’émission, d’autant plus qu’elles sont diffusées aux heures de sorties d’école. Il est nécessaire de rappeler que la téléréalité est un genre télévisuel dont le principe est de suivre la vie quotidienne d’anonymes ou de célébrités. Ces émissions se confondent parfois en documentaire, en jeu, en variété ou en fiction. Les concepts sont divers et variés, allant du plus simple au plus fou. Cela peut aller de l’émission de télé-crochet pour repérer de nouveaux talents (« Nouvelle Star », « Star academy »), à l’émission de séduction (« L’île de la Tentation ») ou de rencontres amoureuses (« Next », « L’amour est aveugle »)…
Dernièrement, c’est l’australien, Justin Sisely, qui a eu l’idée la plus saugrenue de l’histoire de la télévision : vendre aux enchères sa virginité.
BUSINESS OU MORALE, IL FAUT CHOISIR
En France, les frasques des participants font régulièrement le Buzz, mais certains comportements sont volontairement choquants ou provocateurs pour faire monter l’audience. Comme le souligne Françoise Laborde, présidente du groupe de travail sur la protection de l’enfance, il faut que le téléspectateur sache que ces téléréalités sont « scénarisées ». Ainsi, les enfants ou adolescents visionnant ce genre d’émission sont prévenus que les participants sont des acteurs. Cela évite qu’ils ne confondent scénario et réalité. Mme Laborde prend d’ailleurs l’exemple de l’émission « Ca va se savoir », où des couples en crise sont mis en scène. Bien que l’émission soit très caricaturale, le générique prévient le téléspectateur que les participants sont des acteurs.
Ainsi, pour distinguer la téléréalité « racoleuse » de la téléréalité positive, il s’agit de « dresser une liste de ce qui relève de la téléréalité, et de distinguer la téléréalité qui véhicule des valeurs positives, de découverte et de solidarité de la téléréalité qui met en avant la jalousie et la vulgarité », précise Françoise Laborde. En effet, quand « Dilemme » (émission de télé-réalité trash sur W9) diffuse du sexe et de la violence volontairement, c’est pour « racoler » des téléspectateurs et faire grimper l’audience. L’émission est loin des valeurs positives tant prônées par le CSA. En revanche, MTV diffuse tous les soirs « Le sexe, mes parents et moi », un « documentaire réalité » qui aborde un thème tabou avec un médecin, pour que les adolescents puissent en parler plus facilement au sein du cercle familial. Ce documentaire a davantage une valeur éducative pour les téléspectateurs.
Les conclusions du groupe de travail sur la protection de l’enfance et des adolescents seront publiées en janvier-février 2011.
Sources:
http://www.csa.fr/actualite/dossiers/dossiers_detail.php?id=126158&chap=3141
http://www.csa.fr/rapport2009/donnees/rapport/intro.htm
http://www.csa.fr/upload/publication/flaborde_franceinfo_18nov2010.pdf