Le lundi 20 décembre 2006, Jafar Panahi a été condamné à une peine de 6 ans de prison. Cette peine est assortie d’une interdiction de réaliser des films, de donner des interviews et de quitter l’Iran. Un autre jeune réalisateur, Mohammad Rasoulof, qui travaillait sur un film avec M. Panahi, a aussi écopé d’une peine de six ans de prison, pour des faits similaires.
Les déboires du cinéaste avaient commencés en avril dernier, lorsqu’il avait été accusé par le ministre iranien de la culture de propagande contre le pouvoir en préparant un film portant sur les manifestations ayant suivies la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejd en juin 2009.
Arrêté sur ces soupçons le premier mars 2010 à son domicile avec seize autres personnes (dont sa femme et sa fille), Jafar Panahi a été dans l’impossibilité de se rendre au festival de Cannes où il était attendu en tant que jury.
Cette arrestation était justifiée pour le ministre de la culture iranien par les soupçons qui pesaient sur Jafar Panahi de réaliser un film hostile au régime iranien. Cette arrestation avait provoqué une vague d’indignation à travers le monde. Le cinéaste iranien avait ainsi bénéficié de nombreux soutiens de la part de personnalité du monde du cinéma comme Steven Spielberg ou Martin Scorsese avant d’être libéré sous caution par la suite à la fin du mois de mai en attente de son procès.
Le verdict rendu par les juges iraniens le lundi 20 décembre a de nouveau fait réagir les soutiens étrangers et iraniens de Jafar Panahi. Le ministre la culture Frédéric Mitterand s’est ainsi dit indigné « du pseudo-jugement » rendu à l’encontre de Jafar Panahi qui selon lui constitue une atteinte grave à sa liberté d’expression ainsi qu’à sa liberté de création artistique. La ministre des affaires étrangères Michelle Alliot-Marie avait elle aussi condamné vigoureusement ce verdict.
Outre ces soutiens politiques, on peut également signaler que Thierry Frémaux, le délégué général du festival de Cannes, a mis en place un comité de soutient pour Jafar Panahi avec le concours de la Cinémathèque française et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Bernard-Henry Levy a également apporté son soutient au cinéaste iranien en constatant que le régime iranien venait d’inventer le « délit de synopsis » et que cette condamnation n’a d’autre but que de faire payer à Jafar Panahi son soutien a Mir Hossein Moussavi lors de l’élection présidentielle de 2009.
Une pétition en ligne appelant à l’annulation du verdict a également été mise en place par des professionnels du cinéma suisse et français.
L’avocat de monsieur Panahi, maître Farideh Gheyrat, a annoncé qu’elle comptait faire appel de cette condamnation. Elle a également demandé aux soutiens du cinéaste de ne pas relâcher leurs efforts et espère ainsi que la pression internationale permettra l’annulation de ce verdict. Abbas Bakhtiari, musicien et responsable du Centre culturel franco-iranien de Paris, espère lui aussi que les différents soutiens en faveur de Jafar Panahi auront le même résultat que les soutiens apporté à Sakine Ashtiani.
Reste à savoir si les autorités iraniennes vont être sensibles aux différents soutiens apportés à Jafar Panahi qui a appelé le régime iranien à faire montre d’une plus grande tolérance envers son oeuvre ainsi qu’envers la communauté artistique et la société iranienne en général lors de son procès.
SOURCES:
-http://lesmistons.typepad.com/
-http://next.liberation.fr/monde/01012309185-le-cineaste-iranien-jafar-panahi-condamne-a-six-ans-de-prison
-http://culture.france2.fr/cinema/actu/le-cinema-francais-se-mobilise-pour-jafar-panahi-66501455.html
-http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/21/nous-juger-serait-juger-l-ensemble-du-cinema-social-iranien_1456154_3232.html
-http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/12/20/le-cineaste-iranien-jafar-panahi-condamne-a-6-ans-de-prison_1456081_3216.html
-http://www.france24.com/fr/20101222-iran-jafar-panahi-condamnation-utilite-pressions-internationales-france-bhl-mam-bakhtiari
-http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20101221.FAP2705/le-cinema-francais-denonce-la-condamnation-du-realisateur-iranien-jafar-panahi.html