L’audiovisuel extérieur de la France (AEF), société holding des chaînes France 24 et RFI, en charge de l’image de l’audiovisuel de la France à l’étranger, a été victime d’espionnage informatique, révélé par le site le point.fr.
Cette annonce intervient dans un contexte où des tensions existent au sein de l’AEF, puisque depuis plusieurs mois Christine Ockrent, directrice déléguée et Alain de Pouzilhac, PDG, ne sont pas en bons termes. Christine Ockrent doit faire face aux polémiques concernant sa nomination en tant que directrice générale de l’AEF, dans laquelle l’ancien ministre des affaires étrangères et mari de cette dernière, Bernard Kouchner, aurait pu jouer un rôle. En effet, Alain de Pouzilhac reprochait à Christine Ockrent une mauvaise gestion de France 24. Pour y faire face, celui-ci désirait mettre un terme à sa collaboration avec Christine Ockrent, cependant le pouvoir l’en a empêché.
Si cette affaire a eu pour effet de mettre de l’huile sur le feu c’est parce que l’auteur de cette intrusion dans le système informatique des directeurs de France 24 est Candice Marchal, une proche collaboratrice de Christine Ockrent. Ce qui crée des suspicions sur l’implication de Christine Ockrent dans l’histoire.
En réaction à cette annonce, Alain de Pouzilhac a déposé plainte contre X le 7 octobre 2010 et à prononcé la mise à pied de Candice Marchal, aujourd’hui licenciée. La collaboratrice de Christine Ockrent n’a pas agit seule, mais avec la complicité d’un prestataire informatique, Thibault de Robert. Ce dernier avait travaillé auparavant pour la société de conseil de Bernard Kouchner, et a été recommandé par Christine Ockrent. C’est ainsi qu’une certaine interaction existe entre l’espionnage et la directrice déléguée Ockrent. L’avocat de Christine Ockrent précise cependant que cette dernière a appuyé la plainte déposée par de Pouzilhac et elle affirme dans « Les Echos »: « je ne suis pour rien dans cette affaire. Il est absurde de penser que le numéro deux du groupe fait de l’espionnage. »
De plus le prestataire informatique était un salarié de Lagardère active. Le piratage informatique consistait en la copie de nombreux documents sur le disque dur de Candice Marchal, notamment un document intitulé BK, les initiales de Bernard Kouchner. Il sera alors d’un grand intérêt de savoir ce que contient ce document, et d’en comprendre les liens avec l’AEF. Candice Marchal dit ne jamais avoir voulu pratiquer d’espionnage mais vouloir simplement vérifier qu’elle faisait toujours partie de l’organigramme de l’entreprise, par peur d’être licenciée. De plus, le prestataire informatique avait accès à la boîte de réception d’un des dirigeants de l’AEF, c’est donc lui qui en contrôlait l’activité. L’AEF se trouve dans une véritable fiction, où les protagonistes eux-mêmes pourraient être inconscients de la véritable ampleur de l’affaire.
L’AEF a finalement déposé plainte avec constitution de partie civile entraînant la saisine automatique d’un juge d’instruction. L’avocat choisi par Alain de Pouzilhac, Me Olivier Metzner pourra donc, une fois le juge d’instruction choisi, demander des investigations complémentaires.
Cette affaire d’espionnage n’a fait qu’accentuer les tensions entre Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent, ainsi qu’au sein de France 24, avec le dépôt d’un préavis de grève des syndicats, les salariés refusant de travailler avec Christine Ockrent. Ainsi onze directeurs de France 24 ont signifié à Christine Ockrent qu’ils ne désiraient plus travailler avec elle en raison de la disparition d’un lien de confiance comme le dit Jean Lesieur directeur de la rédaction à France 24. Cette affaire soulève alors le problème déjà largement perçu des relations entre journalistes et Hommes politiques. Dans ce cas, il s’agit de Christine Ockrent mariée au ministre Bernard Kouchner.
Face à ces problèmes, le gouvernement a du réagir : Frédéric Mitterrand est alors intervenu sur Canal plus en affirmant : « on va sonner définitivement la fin de la récréation dans les jours qui viennent. » Pour permettre cela, un conseil d’administration a eu lieu le 20 janvier au cours duquel le PDG de la chaîne Alain de Pouzilhac a apporté son soutient à Christine Ockrent en affirmant : « Christine, je ne t’ai jamais accusée directement dans cette affaire. »
Beaucoup de questions sont encore à résoudre : qui sont les véritables organisateurs de cet espionnage ? Dans quel but celui-ci a-t-il eu lieu ? Quel va être l’avenir de Christine Ockrent au sein de France 24 ? Ce qui est sur, c’est que les liens entre la politique et le journalisme n’ont pas fini de s’entremêler bien que l’indépendance et la liberté des journalistes soient des principes à valeur constitutionnelle.
Clémentine Lafon
http://www.liberation.fr/medias/01012313388-pouzilhac-et-ockrent-sont-dans-un-chateau
http://www.marianne2.fr/Dossier-Ockrent-a-France24-J-y-suis-j-y-reste-_a200837.html
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/020972173510.htm
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0201022558876.htm
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/020981279216.htm
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/020758147354.htm