PUBLICITE VEET : RETRAIT AVANT UNE POSSIBLE CENSURE

Après avoir choqué nombre d’internautes, la marque de produits dépilatoires Veet a mis un terme à sa nouvelle campagne publicitaire qui prônait l’épilation intégrale. En effet, c’est après de nombreuses plaintes ainsi qu’une pétition des internautes que le célèbre fabriquant de cires et crèmes dépilatoires a stoppé la diffusion de ses spots publicitaires et a fermé son site internet de jeu interactif qui accompagnait la campagne.

Et pour cause, pour vanter les mérites de ses produits, la marque Veet avait basé sa dernière publicité sur les avantages d’avoir un « minou tout doux ». Dans ce spot, un chat, ou plutôt sa femelle, parle du bonheur d’avoir un minou épilé. Une chanson très rythmée accompagnait cette nouvelle campagne publicitaire. Les paroles, très claires, ne laissaient aucun doute sur le véritable thème de la chanson : « Quand mon minou est tout doux, c’est mon trésor, mon bijou. » La marque avait également mis en place un jeu sur son site Internet, qui permettait aux internautes d’épiler un des quatre chats proposés. Il était possible d’utiliser les différents produits de la marque pour une épilation adaptée à toutes les parties du corps. Le but étant ensuite de passer le « test du matou » pour voir si le chat était assez bien épilé.

La campagne a fait rapidement parler sur le Net. Sur les réseaux sociaux notamment Facebook ou encore Twitter, les commentaires fusent et de nombreux internautes s’offusquent. Ce qui choque plus particulièrement est la cible visée par la marque. En effet, l’univers très « girly » de la chambre dans laquelle se trouve les chattes avec un nœud sur la tête, avec des murs roses recouverts de posters de « Lady Chacha » ou encore de « Twilcat » laissent à penser que la publicité s’adresse aux jeunes adolescentes.

C’est notamment sur cet argument qu’une pétition en ligne est rapidement mise en place réclamant la suppression de la publicité litigieuse.

Face à ces réactions, Veet capitule. La marque retire le spot publicitaire, ferme le site internet et s’excuse : « Nous sommes évidemment désolés que la campagne ait pu rencontrer une incompréhension ou des réserves. Notre intention, conformément à notre politique de respect des personnes, n’est jamais de choquer ni de heurter des sensibilités. Veet est une marque engagée depuis si longtemps dans le bien-être, l’élégance de la femme, que nous ne pouvons concevoir un seul instant toute velléité d’abaisser l’image de la femme. Nous avons, sans y voir de malice, utilisé une communication, un peu « décalée » et humoristique. Nous ne soupçonnions pas que cette initiative pourrait être mal comprise. Pour éviter tout malentendu sur un sujet que nous ne voulions pas provocateur, nous avons pris la décision de la suspendre. »

Ainsi, la marque prend les devants et évite une éventuelle censure de l’ARPP (autorité de régulation des professionnels de la publicité) pour non respect de la dignité de la personne humaine. En effet, en matière de publicité, le code de pratiques loyales de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) posent les principes de décence, de non discrimination et plus largement de responsabilité sociale dans la représentation de la personne humaine, quels que soient, notamment, ses origines, ses opinions ou croyances, son sexe ou son âge. Ainsi, l’article 2 de ce code prévoit que « La publicité doit proscrire toute déclaration ou présentation visuelle contraire aux convenances selon les normes couramment admises.». De plus, le respect de ces principes doit s’apprécier selon la sensibilité du corps social à un moment donné, le public exposé à la publicité, le contexte social ou culturel et son évolution, l’actualité. La publicité doit donc, quelle que soit sa forme, respecter des règles déontologiques et notamment ne doit pas être susceptible de heurter la sensibilité, choquer ou même provoquer le public en propageant une image de la personne humaine portant atteinte à sa dignité et à la décence.

Or, en l’espèce, on peut considérer que, si Veet n’avait pas pris la décision de retirer cette campagne, elle aurait pu être censurée par le Jury de déontologie publicitaire de l’ARPP pour atteinte à la décence en raison de son objet très subjectif et de sa cible jeune public.

D’ailleurs, l’autorité de la publicité avait déjà censuré, pour ces mêmes raisons, une publicité pour la boisson Fanta mettant en scène Elie Semoun, alias le professeur Kassos, expliquant à un ado « puceau » pourquoi il faut glisser une canette de Fanta dans sa poche afin de séduire des filles en leur faisant croire à une « poutre apparente. »

Une décision ou des pressions d’internautes aboutissant à des sanctions plutôt sévères si on considère le nombre de publicités tout aussi suggestives accessibles aux mineurs à la télévision même si elles ne leurs sont pas directement destinées …

Morgane Landras

Sources :

http://www.uda.fr/droit-et-deontologie/deontologie/arpp/regles-deontologiques-arpp/image-de-la-personne-humaine/
http://lci.tf1.fr/economie/entreprise/mon-minou-tout-doux-une-pub-veet-retiree-6439513.html
http://www.gentside.com/veet/avec-sa-nouvelle-pub-veet-veut-des-minous-tout-doux_art22284.html
http://www.reklampub.com/publicite-censuree-epilation-veet-minou-doux/
http://www.staragora.com/news/elie-semoun-sa-publicite-pour-fanta-censuree/416789