La nouvelle est tombée dans la nuit de samedi à dimanche 15 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est arrêté et inculpé aux Etats-Unis pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration.
Les médias n’ont pas attendu plus de 24 heures pour en faire leur affaire : tous les journaux titrent sur ce qu’ils appellent « L’affaire DSK » et les chaînes d’information en continu ont « cassé leurs antennes » afin de programmer des éditions spéciales tout au long de la journée du dimanche 15 mai. Une aubaine pour les audiences des chaînes historiques en berne depuis quelques temps. Les médias du monde entier se trouvant sur place afin de ne pas « rater une miette » de l’événement, des images montrant l’ex-Président du FMI menotté ont été captées et diffusées en France.
A la vue de ces images, le CSA a aussitôt mis en garde les chaînes de télévision.
Dans un communiqué de presse publié le 17 mai 2011, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel « appelle les chaînes à la plus grande retenue dans la diffusion d’images de personnes mises en cause dans une procédure pénale ». En effet, la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes « punit d’une amende la diffusion, sur tout support, d’une image faisant apparaître menottée ou entravée une personne, quelle qu’elle soit, qui n’a pas fait l’objet d’une condamnation ».
De plus, l’article 35 ter de la loi de 1881 sur la liberté de la presse dispose que « sans l’accord de l’intéressé, la diffusion par quelque moyen de que soit et quel qu’en soit la support, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 euros d’amende ». Les médias auraient-ils oublié l’existence de ces lois ? Les directeurs des chaînes de télévision et journaux se défendent et répondent au CSA. Selon Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévision « nous [les médias] ne respectons pas la loi, mais le devoir d’information nous impose de diffuser ces images ». Cependant, dans son communiqué, le CSA précise bien que « le principe de la liberté d’expression de le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité de ces personnes ». En somme, aux yeux de ce dernier, rien ne justifie la publication de telles clichés et vidéos.
Les médias se défendent également en invoquant le fait que les images qui ont été diffusées ne sont pas des images captées par des journalistes français mais par les américains. Ils considèrent alors qu’il serait « hypocrite » de ne pas les diffuser car elles sont disponibles sur la toile.
La mondialisation de l’information est une fois encore en cause dans cette affaire. En effet, comment ne pas diffuser en France, pays d’origine du principal protagoniste de l’affaire, des images et des vidéos disponibles et publiées sur toute la planète ?
Toujours est-il qu’entre liberté d’expression, droit à l’information, respect de la présomption d’innocence et de la dignité humaine, et intérêt des médias, l’équilibre est loin d’être trouvé.
Marie S.
Sources:
http://www.europe1.fr/Medias-Tele/DSK-le-CSA-appelle-les-chaines-a-la-retenue-545203/
http://www.lefigaro.fr/medias/2011/05/16/04002-20110516ARTFIG00755-les-medias-ont-adapte-leur-dispositif-a-l-affaire-dsk.php