« Les français parlent aux français ». Cette émission de radio diffusée sur la BBC pendant l’occupation est l’ancêtre d’une initiative toute récente. En effet depuis le 16 novembre 2010, une radio d’expression 100% francophone émet sur les ondes londoniennes.
La Grande Bretagne accorde une place importante à la radio numérique. Elle accompagne son développement et encourage le passage de l’analogique au numérique. La radio numérique permet une couverture plus efficace du territoire et un accroissement du nombre de fréquences disponibles. Le passage de l’analogique au numérique se fait par la technique du multiplexage. Cette technique permet la diffusion de données compressées et offre de nouvelles perspectives de diffusion tant en terme de quantité que de qualité.
Les efforts outre-Manche sont également politiques. Le gouvernement britannique a mis en œuvre un plan de prime à la casse permettant de bénéficier d’une remise de 20% lors de l’achat d’une radio numérique en échange d’un vieux poste analogique. Cette stimulation du marché des récepteurs radiophonique fait donc de l’Angleterre une terre fertile pour les innovations et pour le développement de l’offre de radios numériques.
C’est dans ce contexte qu’est née French Radio London (FRL). La première station de radio en langue française disponible sur le multiplex London II DAB digital radio. Le DAB (Digital audio broadcasting) est le système de radiodiffusion numérique utilisé. C’est l’outil qui permet ce bond technologique.
Le réseau de diffusion de FRL permet de couvrir potentiellement 11 millions d’auditeurs. Avec une population estimée à 400 000 francophones, Londres est l’équivalent d’une grande ville française. Comptant sur ce vivier d’auditeurs, la radio mise sur des objectifs de développement importants. Surfant sur le plus de moyens techniques de diffusion, elle est également disponible sur internet.
La radio s’impose un quota de diffusion de 80 % de musique francophone. Une volonté clairement nostalgique au niveau de la programmation musicale. Mais également stratégique compte tenu du grand nombre de station de radio émettant en terre anglaise. La majeure partie des émissions est en langue française. La part belle est faite aux « frenchies » régulièrement invités dans les émissions de la nouvelle station. La radio mise sur un tout francophone pour attirer les auditeurs.
Une telle initiative serait-elle possible en France? A priori non, les règles relatives à la langue des programmes ainsi qu’aux œuvres diffusées sur les ondes sont très strictes. Aux termes de la loi du 30 septembre 1986 modifiée, les stations de radio sont tenues de diffuser une certaine proportion de chansons francophones. L’article 28-2 bis de la loi dispose : “La proportion substantielle d’œuvres musicales d’expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France doit atteindre un minimum de 40 % de chansons d’expression française… ». Ces quotas ne s’appliquent qu’au temps consacré à la diffusion de musique de variétés et non à la totalité du temps de diffusion, ce qui permet d’atténuer leurs effets coercitifs sur la liberté de programmation des radios.
La radio numérique française accuse donc un sérieux retard. Mais les perspectives offertes par cette nouvelle technologie pourraient amener le législateur à revoir les quotas à la baisse et laisser la place à de telles initiatives sur le territoire français.
Matthieu Rastoll
Sources:
http://www.independent.co.uk/news/uk/this-britain/bienvenue-frances-expats-get-their-own-radio-station-2134199.html
http://www.lesinrocks.com/medias/numerique-article/t/54903/date/2010-11-19/article/french-radio-london-le-meilleur-de-la-musique-francaisea-londres/
http://www.frenchradiolondon.com/french/home/
http://www.liberation.fr/medias/01012302925-ca-grenouille-sec-sur-french-radio-london
http://www.csa.fr/infos/controle/radio_quotas_accueil.php