La publicité dans notre société est omniprésente, de notre lever à notre coucher nous y sommes confrontés, et ce de manière exponentielle. Nous sommes et restons pour les entreprises des consommateurs potentiels, qu’il faut à tout prix séduire et ce tout au long de la journée… Alors pour se faire, les publicités se multiplient sur tous les supports possibles et imaginables! Dans cette quête constante de séduction, internet est devenue la proie fétiche des annonceurs. Il n’y a pas en France de droit de la publicité spécifique à internet, dès lors ce sont les règles du droit général de la publicité qui trouvent à s’appliquer. Il faut savoir que la publicité sur internet est « un moyen permettant aux webmasters de rentabiliser financièrement leur site internet et de leur permettre de couvrir les coûts d’hébergement et de noms de domaine », d’où son importance.
Mais compte tenu de la finalité des publicités, qui est de nous pousser à l’achat, ce secteur est strictement réglementé.
Pour éviter toute équivoque l’article 20 de la loi sur la confiance en l’économie numérique (LCEN), du 21 juin 2004, pose l’obligation d’identification du message publicitaire comme tel, c’est dire que l’internaute doit dès lors qu’il est exposé à une publicité savoir à quel type de message il a à faire. Cette obligation est doublée de l’exigence d’identification de la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée.
Classiquement la prospection sur internet se présente, comme le précise Christiane Ferale dans son ouvrage Cyberdroit, « sous la forme soit d’une page html, soit d’un bandeau ou d’une bannière ou d’une icône qui s’affiche sur l’écran, permettant à l’internaute, de se connecter sur la page ou le site de l’annonceur , soit encore d’un message visuel animé et parfois sonore, de quelque secondes intercalé entre deux pages de présentations d’un site ou d’un forum».
Afin de toucher plus sûrement leurs cibles, les annonceurs s’adaptent aux évolutions des sites, et aux comportements des internautes. Ainsi, de nouvelles tendances de formats publicitaires font leur apparition sur la toile, un bref tour d’horizon des principales d’entre elles s’impose donc.
Précisons que quel que soit le format choisi, le principe prédominant en la matière est celui de l’accord de l’internaute à être soumis ou non à la publicité, c’est le système dit de l’opt-in qui est vigueur en France. Dès qu’il y est confronté l’internaute doit savoir qu’il a à faire à une publicité, à son libre arbitraire de la consommer ou de ne pas la consommer, c’est le principe.
Or, aujourd’hui on peut se demander si les nouveaux formats publicitaires qui émergent respectent réellement ce principe ?
Prenons l’exemple du site d’hébergement de vidéos Youtube. Sur la page du site, classiquement des bandeaux publicitaires sont mis à la disposition des annonceurs. Au lancement de la vidéo, un encadrement apparait en dessous de cette dernières. Ces formats publicitaires ne posent pas de problèmes juridiques particuliers, car elles semblent respecter le principe d’acceptation de l’internaute. En effet, libre à lui de cliquer sur la publicité pour être redirigé sur le site du bien ou du produit en question. En revanche, pour le visionnage de certaines vidéos, on s’aperçoit qu’il nous est parfois imposé cinq secondes d’une publicité avant de pouvoir l’ignorer et d’enfin, regarder la vidéo, ceux sont les publicités InStream . Le marché de la vidéo instream représente une manne financière exceptionnelle, comme le précise Olivier Raussin, directeur de Youtube pour le site marketing-professionnel. Ce dernier nous informe qu’en se basant sur les « les dernières études de Kantar et du SRI, on peut estimer que le marché de la publicité vidéo sur Internet en France passera le seuil des 100 millions d’euros en 2011, soit une croissance de 300%.»
Mais imposer le visionnage d’une publicité, afin de pouvoir accéder à une vidéo, n’est-ce pas là une forme de publicité agressive ?
Par ailleurs, le site de la Tribune, nous informe que Twitter, a affirmé sa volonté en avril 2010 d’ouvrir une plateforme publicitaire. Ainsi, le site de minis-messages, propose désormais trois types de nouveaux formats aux publicitaires, les tweets sponsorisés, les suggestions, et les tendances. Ce dernier format consiste en l’achat de mots clés qui renvoient à des thématiques particulières, comme le précise Mathieu Lepoutre toujours pour la Tribune. L’internaute devra s’habituer à voir de la publicité, lorsqu’il suivra le fil d’information, puisque cette dernière s’immiscera entre les différents tweets. Une autre pratique est également entrain de décoller sur ce site, elle consiste en le financement d’une célébrité ou d’un utilisateur jouissant d’une certaine notoriété sur le site, afin qu’il fasse de la propagande pour un bien ou un produit. Or, profiter de la popularité d’une personne pour qu’elle fasse de la publicité, sans en avoir l’air, méconnait le principe d’identification de l’annonceur légalement en vigueur en France.
Les annonceurs savent que pour titiller l’intérêt des internautes, ces potentiels futurs consommateurs en puissance, il faut leur proposer des formats publicitaires innovants. Depuis quelques temps on voit apparaitre sur la toile, des publicités interactives. Le concept est simple, il consiste à faire participer l’internaute à la création de la publicité, on va ainsi lui demander de choisir entre différentes fin à un scénario par exemple. De manière ludique l’internaute, va consommer de la publicité sans réellement y prêter garde, on rentre ainsi dans le jeu des publicitaires. On peut voir un exemple de ce format, avec la nouvelle campagne Tipp-ex, mettant en scène un ours et un chasseur.
La publicité se fait de plus en plus intrusives, de sorte qu’on se demande bien de quels artifices les annonceurs vont bien pouvoir ruser pour réinventer la publicité, mais internet il est vrai offre un champ de potentialité sans limites, alors restons sur nos gardes…
SOURCES :
http://www.commentcamarche.net/contents/web/publicite-advertising.php3
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000801164&dateTexte=
http://www.01net.com/editorial/520443/lours-et-le-chasseur-une-publicite-interactive-sur-youtube/
Ouvrage : Cyberdroit, Christiane Ferale, Dalloz, 2eme édition (p 291)