Suite à la panne mondiale des services BlackBerry, c’est un destin obscur qui fait face à la société canadienne Research In Motion (RIM). Deux plaintes, dont une en nom collectif (class action), ont été déposées auprès de la Cour Fédérale de Santa Ana en Californie et devant la Cour Supérieure du Québec.
Entre les 11 et 14 octobre 2011, s’est déroulé un blackout mondial pour les services BlackBerry (messageries, internet et BlackBerry Messenger). La société canadienne RIM, constructrice des Smartphones BlackBerry ne peut alors que constater cette gigantesque panne autant en Europe, qu’aux Etats Unis, ou bien encore au Moyen Orient. RIM exclut directement l’hypothèse d’un piratage de son système et explique la panne par une défaillance du commutateur au sein de son réseau.
En effet, comme l’explique la société « l’infrastructure de BlackBerry est mondiale, avec des nœuds situés dans différentes zones géographiques ». Le groupe canadien se distingue de ses pairs en disposant d’une infrastructure particulière : il possède ses propres centres de données pour une optimisation du fonctionnement de ses services, en offrant théoriquement à ses utilisateurs, la sécurité en plus.
Face à l’ampleur de cet événement et suite aux vives réactions des utilisateurs BlackBerry (principalement des professionnels), la société RIM s’excuse et essaie de faire passer la pilule via l’octroi d’applications gratuites à chacun de ses clients. Ce sont alors 100 dollars (soit environ 73 euros) d’applications gratuites à télécharger sur BlackBerry App World qui seront disponibles jusqu’au 31 décembre pour chaque client afin de récompenser leur patience. Cependant, les professionnels risquant d’être moins satisfaits, les entreprises clientes bénéficient en supplément d’un mois gratuit de maintenance technique en extension de leur contrat en cours, ou d’un mois d’essai gratuit en l’absence d’un tel contrat.
Une tentative qui s’avère veine puisque deux plaintes ont été récemment déposées à l’encontre de la société RIM. La première a été déposée devant la Cour Fédérale de Santa Ana (Californie), sous la forme d’une plainte en nom collectif (class action), pour « rupture de contrat, négligence et enrichissement sans cause » . La deuxième a été déposée devant la Cour Supérieure du Québec par le cabinet Consumer Law Group basé à Montréal, et pourrait bien finalement déboucher sur une class action. D’ailleurs, les déboires de la société RIM ne s’arrêtent pas là, puisqu‘une autre plainte a été déposée par l’éditeur Basis Internationalpour violation de la marque BBX.
Ces class action sont donc de mauvaise augure pur RIM puisque ce type d’action en nom collectif anglo-saxonne permet à un groupe de personnes investies d’un intérêt commun de se regrouper en une action unique afin de faire valoir leur droit ou d’obtenir une indemnisation commune. Les class action, qui n’existent toujours pas en France, ont la particularité de fréquemment revêtir un impact colossal. Afin de justifier leur demande en dommages et intérêts, les plaignants s’arguent du fait que la société RIM empoche quotidiennement 3,4 millions de dollars par le biais des services en question, et ce, y compris lors des quatre jours de panne où les utilisateurs n’ont pu effectivement en bénéficier. Cette class action n’est pas à prendre à la légère puisque selon les auteurs de la plainte, elle pourrait rassembler plusieurs millions de plaignants, étant donné que l’on compte plus de 2,4 millions d’utilisateurs de Smartphones BlackBerry, et ce rien qu’en Californie !
Série noire, donc, pour la société canadienne, qui voit chuter de moitié sa valeur en Bourse depuis janvier, perd des parts du marché international se situant loin derrière Android et perdant de la distance avec l’iOs d’Apple, tout en sachant que la panne lui a déjà coûté la modique somme de 100 millions de dollars de chiffre d’affaire selon JPMorgan Case & Co.
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