LibreOffice vise l’excellence et le développement du projet fait honneur aux espoirs qui ont alimenté sa naissance. En proposant une liste complète d’outil de production (traitement de texte, tableur, présentation assistée par ordinateur, dessin, formulaire mathématique, base de données) , la suite bureautique s’installe peu à peu comme une référence tant du point de vu de son développement que de celui de son idéologie. Pour saisir l’importance du projet, replaçons le dans son histoire d’abord et dans ses dynamiques ensuite.
La qualité d’une histoire communautaire
LibreOffice, LibO pour les intimes, est un fork de OpenOffice.org, édité initialement par Sun Microsystem. Le rachat de Sun par Oracle en 2009 (pour la modique somme de 7 milliards de dollars) a littéralement abîmé la popularité de son produit phare et les esprits comme les usages lui ont petit à petit substitué LibreOffice. Le positionnement idéologique et stratégique d’Oracle quant au développement d’OOo a détourné de très nombreux acteurs gravitant autour du projet initial de migrer vers LibO. L’attitude contestable de l’entreprise ne doit cependant pas faire oublier que la qualité de LibO est intrinsèquement liée à celle de son prédécesseur. C’est bien l’ouverture des sources de l’application qui a permis non seulement à la communauté de développer pléthore d’extensions permettant de compléter le logiciel mais qui a de plus permis la naissance d’un fork, adoucissant ainsi pour développeurs le syndrome de la page blanche. Une fois encore, la dynamique du logiciel libre – en l’occurrence les libertés 1 et 3 – permet d’assurer le libre choix de l’utilisateur qui n’est pas contraint de bloquer ses chaînes de valeur par des standards fermés d’éditeurs profitant de leurs positions dominantes.
LibO et OOo ne partagent d’ailleurs pas que leurs sources. La « Document Foundation », qui est l’entité juridique qui guide le développement de LibreOffice présente un Conseil de Direction qui fait clairement état des liens de sang entre les deux projets.
L’attachement très fort de l’application à sa communauté la rendu réfractaire aux orientations qu’Oracle avait souhaité donné au développement du projet. En effet, l’entreprise a d’abord essayé de monnayer le la compatibilité au format ouvert de documents bureautique (open document file ou .odf) avant d’y renoncer et de finalement accepté de rendre à la communauté le pouvoir sur l’application, chose qu’il avait refusé de faire quelques mois plus tôt et qui avait précipité la naissance de LibreOffice.
Les dynamiques d’un projet en développement
LibO aurait pu en rester là, constituer une alternative communautaire mais confidentielle à Microsoft Office. Il n’en a pas été ainsi. Profitant du désamour général au préjudice de son prédécesseur, la Document Foundation a su s’entourer de nombreux acteurs pour assurer une diffusion sérieuse de son logiciel. Ainsi le premier conseil consultatif au support de LibO comptait déjà dans ses rangs Google, Red Hat et Suse. Les soutiens aux projets se sont rapidement diversifiés et celui-ci peut notamment s’enorgueillir de noms tels que Canonical, AFUL, April, FSF, Linagora, Novell et dernièrement Intel.
Avec de tels soutiens les potentialités du projet n’ont d’égal que la pression qui pèse sur ses jeunes épaules. Il n’est pas facile d’être le concurrent d’un acteur aussi puissant que Microsoft et l’erreur n’est que peu tolérée. Pour œuvrer dans le meilleur sens, LibO a déjà annoncé que les développeurs travaillaient activement au portage de la suite bureautique sur un environnement Android. Actuellement en effet, aucune solution bureautique digne de ce nom n’existe sur les systèmes embarqués de Google. D’où l’intérêt de la présence de la firme américaine sur la liste de ses supports officiels.
Si les distributions GNU/Linux les plus répandues (Ubuntu et OpenSuse notamment) ont déjà tourné la page d’un OOo vieillissant, reste à savoir si les institutions publiques nationales et européennes qui ont choisi de basculé vers OpenOffice.org sauront en faire autant. Contactée sur le sujet, la Direction des Systèmes d’Informations de Marseille qui avait choisi de passé à OpenOffice.org il y a quelques années, déclare qu’elle conservera cette solution logicielle pour l’heure. L’objectif de ces directions stratégiques étant la cohérence et l’harmonisation au sein des parcs informatiques, les différentes DSI auront en effet un travail colossal si elles souhaitent remporter une nouvelle fois le pari de la modernité. L’avenir dira si LibO s’impose auprès de tous comme la suite bureautique de référence de la librosphère.
Sources :
- Site officiel de « The Document Foundation », http://www.documentfoundation.org/foundation/.
- LeMonde.fr avec Reuters, « Oracle rachète Sun Microsystem pour plus de 7 milliards de dollars », publié le 22.04.2009, consulté le 27 février 2012, http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/04/20/oracle-rachete-sun-microsystems-pour-plus-de-7-milliards-de-dollars_1183130_3234.html.
- Wikipédia, « Logiciel Libre », Définition, consulté le 27 février 2012. http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_libre#D.C3.A9finition.
- David Civera, presence-pc.com, « Oracle veut-il tuer OpenOffice », consulté le 27 février 2012, http://www.presence-pc.com/actualite/OpenOffice-Oracle-39022/.
- ZDNet France, « Oracle renonce à commercialiser OpenOffice et cède le contrôle à la communauté », consulté le 27 février 2012, http://www.zdnet.fr/actualites/oracle-renonce-a-commercialiser-openoffice-et-cede-le-controle-a-la-communaute-39760049.htm.
- Cyrille Chausson, lemagit.fr, « Google, Red Hat et Suse au conseil consultatif de The Document Foundation », consulté le 27 février 2012, http://www.lemagit.fr/article/google-openoffice-open-source-red-hat-libreoffice/8994/1/google-red-hat-suse-conseil-consultatif-the-document-foundation/.