À l’ère du 2.0, les réseaux sociaux permettant aux 500 millions de chinois de communiquer entre eux via la toile sont différents des nôtres. Les plateformes américaines, reines dans le Monde, étant interdites en Chine, ont été mis en place d’autres systèmes substituts de Facebook (Renren) et surtout de Twitter. Ce dernier, dont l’accès est bloqué depuis 3 ans par les autorités s’est vu substituer Sina Weibo.Second réseau social le plus utilisé en Chine, derrière Qzone (centré sur la musique et équivalent de Myspace), Sina Weibo est un site de micro-messageries ciblées lancé par Sina Corporation en 2009. Fonctionnant sur le même principe que Twitter , comptant près de 400 millions d’inscrits et 700 millions de visiteurs par jour il est particulièrement touché par de nouvelles restrictions. Ces « weibo », objet d’un véritable engouement des internautes chinois, sont la principale cible de cette décision prise le 28 décembre 2012 par le Congres national du peuple chinois : la fin d’anonymat sur les réseaux sociaux.C’est dans un régime de censure déjà bien installée que cette nouvelle décision vient combler certaines failles de règles déjà édictées.
La censure en Chine. Cette mesure n’est qu’une pierre de plus posée sur ce qui est appelé la grande muraille informatique de Chine (« The Great Firewall »). Condensé de The Great wall (la muraille) et de fire-wall (le pare-feu) elle représente une censure déjà bien consolidée par les autorités chinoise touchant toute la toile et ce à différents niveaux : sites internes comme externes a la Chine continentale.
Muraille renforcée par la surveillance accrue par la cyber police veillant au bon respect des règles et par les acteurs eux même internationaux comme nationaux (FAI, FCA et installateurs d’infrastructure) qui pour continuer à travailler dans ce pays respectent les règles et répondent ainsi aux exigences du gouvernement pour ne pas perdre de marchés. Il existe , de plus, une censure des moteurs de recherche. Elle consiste à interdire certains mots ou expressions sur les moteurs de recherche internationaux (Google) comme nationaux (Baidu). Les résultats des recherches apparaissent mais les pages ne sont pas accessibles : s’affiche une page d’erreur et la répétition de la recherche bloque l’IP.Pékin filtrerais aux alentour de 500 mots tabous comme Tibet et différents sujets comme la Révolution culturelle ou la pornographie. Des forums sont aussi bloqués. Les sites sinophobes fondés à l’étranger sont généralement bloqués en chine. Ceux fondés en Chine sont strictement contrôlés et risquent d’être bloqués à tout moment. Fin 2009 , le gouvernement bloqua un site pour cause de pornographie. Les blocages peuvent être durcis pour des occasions spéciales ou assouplies et participent donc à une autocensure des sites en République populaire de Chine. En effet, censurer les fournisseurs de contenus en Chine continentale est bien plus efficace que de bloquer des sites extérieurs. Le gouvernement peut saisir n’importe quel site et emprisonner ses opérateurs. La simple peur d’être fermés poussant le FAI à mettre fin aux commentaires politiquent sensibles et à les supprimer.
C’est dans ce dernier contexte que le gouvernement chinois prend cette décision de fin d’anonymat sue les réseaux sociaux. Mais elle n’est qu’une mesure complémentaire destinée à rendre plus effective des règles déjà prises et dont la mise en pratique ne satisfait pas le gouvernement.
La règle de la fin de l’anonymat. Nouvelle étape d’un parcours déjà bien entamé, le Congrès national du peuple chinois a décidé, entre autre, lors d’une décision du 28 décembre 2012 de la fin de de l’anonymat sur les réseaux sociaux. Déjà en vigueur dans 5 grandes villes de la Chine continentale depuis le 16 mars 2012: Pékin, Shanghai, Canton, Shenzen et Tianjin, cette règle est maintenant étendue à l’ensemble du territoire. Le gouvernement durci encore les règles concernant inscription et participation aux sites et blogs. Retrouver l’utilisateur contrevenant à la ligne de conduite du parti sera plus aisé. Sont concernés tout type de blogs, dont Weibo qui seront « nettoyés » des internautes ne respectant pas ces nouvelles regles.
C’est à une procédure d’identification obligatoire sur ces sites qu’est soumis tout usager. Il doit communiquer identité complète et numéro de téléphone portable à son fournisseur d’accès internet et à son opérateur téléphonique par le biais d’un formulaire d’inscription. Il doit aussi éviter les pseudonymes : le blogueur aura un pseudonyme correspondant à son nom complet dès son inscription.Déjà inscrit l’internaute devra régulariser sa situation. Il est de plus demandé aux utilisateurs de ne pas poster des messages « qui lancent des rumeurs, attentent a l’ordre social ou menacent la stabilité du pays ». Il leur est interdit de « révéler des secrets d’ordre national, de menacer l’honneur de la nation, ou de faire l’apologie de comportements illégaux »
En cas de non obtempération les usagers verront leurs facultés de communiquer sur la toile bloquées : ils ne pourront plus poster de messages ou les retwitter. Ils se contenteront d’observer comme les créateurs des sites et blog qui les verront fermés.
Ses justifications. Deux objectifs soutiennent cette décision. : Prévenir de mouvements de protestations et consolider les règles déjà en vigueur mais ayant un impact limité.
Le régime chinois régie par la communauté met en avant la lutte contre la propagation de rumeurs dans un souci de « maintient de la stabilité sociale » mais aussi la protection des internautes contre les vols d’identité, les fraudes et autre diffamation sur le web pour justifier de loi obligeant les internautes à fournir leur véritable identité lors d’inscription sur ces réseaux. C’est donc au titre des intérêts de la Nation , et de ceux des internautes quant à la gestion de leurs données personnelles , que cette décision à été prise.
Mais c’est aussi par le renforcement de la censure que le gouvernement sanctionne certains services en lignes. En effet le régime leur avait sous traité la censure. Ils étaient chargés de faire respecter les règles en matière de liberté d’expression en mettant en place un système obligeant les usagers de réseaux sociaux et sites de micro-bloging comme Sohu, Netease ou Weibo à fournir leur vraie identité s’ils voulaient publier de nouveaux messages.Et ce formulaire au niveau de Weibo n’à servi que partiellement : les utilisateurs se voyaient jusqu’ici appliqué un système de points. 80 points par utilisateur .Une partie pouvant lui être retiré en cas de message posté d’appel à la violence ou au crime, des rumeurs infondées ou des informations relevant de secrets nationaux. Cette mesure ne satisfaisant pas le pouvoir, ce dernier a étudié la loi dernièrement passée. Certains internautes et Fai la considérant pourtant contraire au principe de liberté d’information. En effet en Chine le mode de censure intégré depuis plus de dix ans prend encore encrage par cette décision entravant ainsi par la traque de l’utilisateur sa liberté d’expression.Il est fini des pseudonymes utilisés librement et l’anonymat n’existe plus.
Ces micro blogs, vecteur de liberté d’expression (reconnue à l’ Art 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par la Chine en 1998), restent pourtant très populaires en Chine et n’échappent pas aux ingénieux qui, comme pour le reste de la censure, ont trouvé subterfuges et passerelles pour informer et s’informer.
Mais la muraille à des failles . En effet, internautes, organisations, et acteurs de ce système semblent travailler de concert afin de limiter au mieux cette censure. Il reste, possible à certains internautes avertis d’accéder et de participer à Twitter, Facebook et autres sites interdits. Les sites filtrés restent accessibles par le biais de sites relais anonymiseurs ou par l’utilisation de proxy situés à l’étranger leur permettant l’accès à des contenus censurés. De plus la collaboration des sociétés avec les pays violant les droits de l’homme comme la Chine sont surveillées par une alliance d’investisseurs et de chercheurs. L’ONU, l’OSCE, et l’OEA ayant mandaté spécialement sur la liberté d’expression des entreprises internet pour « travailler ensemble pour résister aux tentatives d’officiels de contrôler ou restreindre l’usage d’internet ». Certains FAI ne retirent ces contenus que sur ordre du gouvernement. La nouvelle se répand le temps que les officiels locaux exigent son retrait. Et les mots clefs bloqués sont codés par les internautes : le système ne détectant plus le mot en question.
Les Weibo (microblogs) version chinoise de Twitter se sont imposés comme un contre-pouvoir et une plate forme de mobilisation sociale et malgré une censure indirectement renforcée gardent les yeux ouverts.
SOURCES : ANONYME , « La Chine met fin à l’anonymat sur les réseaux sociaux », lemonde.fr, mis en ligne le 28.12.2012 , consulté le 28.12.2012, «http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/12/28/la-chine-met-fin-a-l-anonymat-sur-les-reseaux-sociaux_1811251_3216.html »
CHECOLA (L.) et LELOUP (D.), « L’anonymat proscrit des réseaux sociaux à Pékin », lemonde.fr, mis en ligne le 16.03.2012, consulté le 28.12.2012, « http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/03/16/l-anonymat-proscrit-des-reseaux-sociaux-a-pekin_1670819_651865.html »
ANONYME, « Chine : une loi pour interdire les pseudos sur les réseaux sociaux », mis en ligne le 27/12/2012, consulté le 29/12/2012, logiciel.net, « http://www.logiciel.net/chine-une-loi-pour-interdire-les-pseudos-sur-les-reseaux-sociaux-25792.htm »
ANONYME, « Censure d’internet en Chine », wikipedia.fr, mis à jour le 28.10.2012, consulté le 29.12.2012 « http://fr.wikipedia.org/wiki/Censure_d’Internet_en_Chine »