Windows a récemment conclu un partenariat avec Huawei, troisième fabricant mondial de smartphones et spécialiste des appareils à bas couts, afin de conquérir le continent africain. L’Afrique représente un marché considérable pour la téléphonie mobile. En effet, le coût des lignes fixes y étant très élevé, les jeunes africains préfèrent surfer sur leurs smartphones. Bien que se développant énormément depuis le début des années 2000, ceux-ci ne représentent encore que 10% du marché.
L’état de la téléphonie fixe et mobile en Afrique
Depuis l’an 2000, la téléphonie mobile s’est accrue de 44%, le nombre d’abonnés s’élèverait désormais à 475 millions de personnes. Depuis 2011, l’Afrique est le deuxième marché continental après l’Asie-Pacifique pour la téléphonie mobile. Rien qu’au Nigéria, on compte désormais 169 millions d’abonnés. Ces chiffres expliquent parfaitement l’intérêt de Windows, et d’autres, pour le marché Africain. Car si ce dernier s’est déjà beaucoup développé, les possibilités n’en demeurent pas moins démesurées. On compte ainsi 475 millions de lignes mobiles pour seulement 12,3 millions de lignes fixes.
Le faible nombre de lignes fixes s’explique par différentes raisons. Tout d’abord, le réseau de téléphonie fixe en Afrique souffre de fortes carences. Dans d’autres parties du monde, le réseau des communications électroniques s’est construit et développé autour des réseaux câblés, ce qui ne fut pas le cas pour l’Afrique. De plus, les lignes fixes ont un coût très élevé ce qui pousse les Africains à privilégier leurs smartphones.
L’absence de câbles dans de nombreuses parties du continent et leur coût non négligeable signifie donc pas de téléphonie fixe mais également pas de télévision câblée ou d’ADSL. C’est l’ensemble des technologies de l’information et de la communication qui est bloqué. Les réseaux de communications électroniques basés sur le câble étant bloqués, les réseaux basés sur la radiofréquence ont le champ libre pour se développer !
Le développement d’internet sur le continent Africain
On a longtemps parlé de « désert numérique » en Afrique. Pendant des années, seul un câble reliant le sud de l’Europe et l’Afrique de l’ouest apportait une connectivité, le SAT-3. Depuis, de nombreux projets ont été lancé pour alimenter l’Afrique comme nous pouvons le voir ici . Par exemple, depuis 2009 il existe le câble de fibre optique « Eastern Africa Submarine Cable System », long de 10 000 km qui alimente la côte Est.
Ainsi, le visage de l’Afrique de ce point de vu évolue d’une manière impressionnante. Selon Annie Chéneau-Loquay, directrice de recherche au CNRS, dans une étude, intitulée « L’Afrique au seuil de la révolution des télécommunications » : « Depuis 2009, le paysage de la connexion du continent au reste du monde est en train de changer radicalement, à tel point que l’on se demande si on ne passe pas d’un extrême à l’autre, d’une situation de pénurie à une situation de surcapacité en ce qui concerne les câbles à fibre optique ».
Microsoft veut conquérir le marché
C’est en s’associant avec le fabricant chinois Huawei que Microsoft compte se développer en Afrique. Cette association permettra la mise sur le marché d’un smartphone à un prix très intéressant de 150 euros. Le but étant, par la même occasion, de dépasser Nokia sur ce terrain. Microsoft a expliqué qu’il continue ici un projet déjà lancé en février 2012, 4Afrika, dont le but est de développer les produits Microsoft en Afrique.
Il consiste à mettre à la disposition des jeunes Africains principalement des millions de tablettes et smartphones d’ici 2016, de connecter un million de PME africaines et de former 200 000 personnes dans les nouvelles technologies. Le smartphone Windows Phone 8, lancé en février 2013, vient matérialiser ces engagements.
Le Huawei sera disponible dans plusieurs pays : Cote d’Ivoire, Egypte, Afrique du Sud, Angola ou encore le Kenya. D’autres produits devraient suivre, en plus de ceux déjà présents notamment les produits Nokia et Samsung. Selon Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International : « nous pensons qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour investir en Afrique et que l’accès aux technologies, particulièrement les services de cloud et les dispositifs intelligents, peuvent servir et serviront à accélérer la compétitivité de l’Afrique. »
Ainsi, en plus de permettre l’accès au plus grand nombre aux nouvelles technologies et à internet, cette initiative devrait également permettre de développer ou renforcer l’économie, l’activité et l’emploi.
Les télécommunications, un enjeu dans l’ère de l’information
La révolution numérique de ces dernières années n’avait, jusqu’ici, pas autant atteint le continent africain que les autres parties du monde. Avec le développement du e-commerce, de l’information numérique, des nouvelles technologies, l’Afrique a décidé de faire du développement des télécommunications un enjeu majeur pour les années avenirs.
Ainsi, le Sénégal a mis en marche un accroissement de la concurrence ce qui devrait permettre une démocratisation des produits et des services de télécommunications. En effet, le manque de concurrence, dans ce pays, avait pour conséquence de bloquer tout développement numérique avec des conséquences en termes d’économie ou de développement.
En 1995, l’Afrique subsaharienne comptait 600 000 téléphones mobiles contre presque 500 millions aujourd’hui ! Et un domaine se développe particulièrement : le m-paiement ou paiement par le téléphone mobile. Ainsi, 80% des transactions effectuées via un téléphone mobile ont pour origine les pays de l’Afrique de l’Est. Les européens et les américains arrivent loin derrière.
Alors que seuls 20% des africains ont un compte bancaire, le paiement via un téléphone mobile est très vite entré dans les mœurs. Désormais 27% des transferts d’argent via un téléphone concernent des transactions de personne à personne et 5% le paiement de factures. Ces chiffres devraient encore largement augmenter et représenter des flux financiers conséquents. Le développement des télécommunications dans cette partie du monde promet des changements aussi utiles que passionnants.
Sources :
ANONYME, « Microsoft a lancé son initiative 4 Afrika pour booster les économies africaines », Ecofin Tic & Telecom, publié le 7 février 2013, consulté le 7 février 2013, “>http://www.agenceecofin.com/industrie/0702-8833-microsoft-a-lance-son-initiative-4afrika-pour-booster-les-economies-africaines”>
SANYAS (N.), « Microsoft compte développer Windows Phone 8 en Afrique grâce à Huawei », PCinpact, publié le 5 février 2013, consulté le 6 février 2013, “>=”http://www.pcinpact.com/news/77287-microsoft-compte-developper-windows-phone-8-en-afrique-grace-a-huawei.htm”
« 2013 sera l’année des Télécoms au Sénégal », Le nouvel observateur.com, publié le 11 janvier 2013, consulté le 12 février 2013, >=”http://lafriquedestelecoms.blogs.nouvelobs.com/”>
BERGE (F.), « L’Afrique, nouvel eldorado de la téléphonie mobile », 01net.com, publié le 13 novembre 2012, consulté le 6 février 2013, “>href=”http://www.01net.com/editorial/579953/lafrique-nouvel-eldorado-de-la-telephonie-mobile/”>
DIEBLOD (J.B.), « L’Afrique : championne du monde du paiement mobile », challenges.fr, publié le 14 septembre 2012, consulté le 12 février 2013, “>http://www.challenges.fr/high-tech/20120914.CHA0838/l-afrique-championne-du-monde-du-paiement-par-telephone-mobile.html”>