Le président du régulateur américain (FTC) avait déclaré il y a quelques mois « Qu’elles soient grandes ou petites, toutes les sociétés doivent respecter les décisions de la FTC et garder les promesses de confidentialité faites aux consommateurs, ou elles finiront par payer beaucoup plus que ce que leur aurait coûté le respect des règles ». Ce message été adressé à l’encontre de Google pour avoir installé à l’insu de ses utilisateurs un cookie publicitaire qui détournait les réglages de confidentialité de Safari.
Condamné mais non coupable
Le géant du web n’ayant pas appliqué les recommandations de la FTC cela n’a pas été sans conséquences. Google a été accusé d’avoir contourné intentionnellement les paramétrages de confidentialité des utilisateurs de Safari pour suivre leur navigation. Pour cela, Google avait installé contre la volonté des utilisateurs des cookies permettant d’enregistrer leur navigation sur le web à partir de Safari et d’Internet explorer. Google se refuse à dire qu’il a agi de manière intentionnelle mais le groupe vient de verser 17 millions de dollars à 36 Etats qui l’accusaient de violation de la vie privée, suivie d’une sanction de 22,5 millions de dollars par la FTC. Le versement des sommes s’est fait par accord entre le groupe et la FTC leur évitant à tous deux un litige devant les juridictions, même si Google se borne à énoncer qu’il n’a commit aucune mauvaise pratique.
Google a été retenu responsable d’avoir contourné les paramètres de confidentialité de Safari et Internet Explorer dans le but de collecter des données personnelles. Mais cela n’entraine pas un préjudice pouvant retenir une condamnation au sens de la loi, il est donc responsable mais non coupable. Néanmoins l’absence de définition de la loi rendant cet acte préjudiciable ne fait pas de Google une partie totalement innocente.
Il en suit plusieurs engagements que Google devra respecter car cette affaire des cookies Safari a relancé la question de la confiance des utilisateurs. En effet, le géant du web souhaite s’engager dans plus de transparence, pour cela Google doit améliorer la capacité des internautes à s’informer et à contrôler les cookies de tracking. De plus, il ne doit plus tromper ses utilisateurs sur la façon dont il diffuse de la publicité sur les sites Internet.
Google souhaite abandonner les cookies pour un nouvel identifiant unique
En effet, les cookies suscitent à l’heure actuelle bien des débats et surtout en matière de publicité. Ces derniers permettent un suivi précis de tous les sites web visités. C’est ce suivi qui permet aux publicitaires du web de réaliser les publicités ciblées. Au coeur des problématiques on retrouve les géants Google, Apple et Microsoft ; ainsi que des acteurs au sens plus « traditionnel » de la publicité en ligne. Comme l’énonce Loïc Rivière qui est le délégué général de l’Association française des éditeurs de logiciels « beaucoup d’entre eux vivent, aujourd’hui, des cookies ».
Google a donc affirmé vouloir développer sa propre technologie de suivi et de traçage avec son propre mode de tracking. Le géant américain souhaite développer un identificateur anonyme « AdiD » (Advertising Identifier) qui sera présenté à des acteurs clefs de l’industrie, des organes du gouvernement américain et à des associations de consommateurs. Le porte parole de Google a déclaré que « des améliorations technologiques peuvent améliorer la sécurité des utilisateurs tout en s’assurant que le Web reste économiquement viable. Nous, et d’autres, développons un certain nombre de concepts dans ce domaine, mais ceux-ci sont encore dans les limbes ».
Cette nouvelle technique va se substituer aux cookies, les données collectées par les cookies permettent aux publicitaires de mieux cibler leurs campagnes promotionnelles vers les utilisateurs. Le fait pour Google d’utiliser ce système lui permettrait de collecter des données personnelles qui sont transmises à des agences de publicités en ligne. Néanmoins, cela ne concernerait que les utilisateurs ayant acceptés en amont les conditions d’utilisation et en gardant la possibilité de restreindre les informations qu’il communique au public. « Si ces travaux de Google venaient à se concrétiser, ils ne manqueraient pas de bouleverser à terme l’éco-système des acteurs qui utilisent les cookies. Le géant du web pèse de tout son poids sur le marché publicitaire en ligne et sur les outils de navigation, grâce à l’utilisation croissante de Chrome par les internautes » énonce un porte parole de Google. Car selon une étude de la CNIL la plupart des sites Internet et des applications mobiles se taisent sur leur politique de protection des données qu’ils recueillent. De plus, ce système aura une conséquence directe sur le marché de la publicité en ligne.
Google peut-il juridiquement appliquer son propre système de traçage des données personnelles?
Google est tout à fait en droit d’utiliser un système unique, le droit américain n’impose pas un système général pour tous les acteurs du web qui collectent des données personnelles, leurs seules obligations réside dans le fait de ne pas porter atteinte à la vie privée et aux autres droits consacrés. Néanmoins, ce système de l’OPT-OUT pourrait être en contradiction avec la directive communautaire sur la protection des données personnelles. Ce système unique serait pour Google une solution pour un meilleur respect de la vie de ses utilisateurs. Il pourra alors se défendre valablement sur ce sujet, si toutefois cela est le cas en pratique. Microsoft, Apple et Mozilla souhaitent également mettre en place leur propre système de traçage des données des utilisateurs. Concernant, Mozilla le groupe envisage que son navigateur Firefox bloquerait par défaut « les cookies tiers », c’est à dire ceux qui ne sont pas installés par le site visité. Mozilla a néanmoins reporté ce sujet à 2014, le projet devrait donc être envisagé et probablement voir le jour d’ici quelques mois.
Il faut donc suivre ce projet qui pourrait révolutionner le monde de l’Internet tant au niveau des données personnelles que pour la publicité en ligne. En attente d’une éventuelle adoption du projet, continuez d’être prudent avec vos données personnelles car le traçage de ces dernières n’est pas anonyme, bien au contraire. La toile n’a pas de frontière, Internet n’a pas de limite.
Sources :
ANONYME, « Tracking des cookies Safari: Google va payer 17 millions de dollars », Publié le 19 novembre 2013, consulté le 28 novembre : http://www.zdnet.fr/actualites/tracking-des-cookies-safari-google-va-payer-17-millions-de-dollars-39795640.htm
JAIMES (N.), « Google pense abandonner les cookies pour un identifiant unique », JDN, Publié le 18 septembre 2013, consulté le 28 novembre 2013, disponible : http://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/google-cookie-publicitaire-identifiant 0913.shtml
PIQUARD (A.) et DUPONT-CALBO (J.), “Les cookies” divisent les acteurs de la publicité
en ligne”, Le monde , Publié le 25 novembre 2013, consulté le 27 décembre.
BERGÉ (F.), « Vie privée : Google remplacerait les cookies par son propre mode de tracking », 01net, Publié le 18 septembre 2013, consulté le 28 novembre : http://www.01net.com/editorial/603482/vie-privee-google-remplacerait-les-cookies-par-son-propre-mode-de-tracking/#?xtor=RSS-16