Ces derniers mois, les cyberattaques sont de plus en plus importantes et révélées au grand public. Déjà victime du vol de 75 millions de comptes clients sur Sony Playstation Network en 2011, Sony par sa filiale Sony Picture Entertainment, société Américaine spécialisée dans la production et la distribution de films, vient d’être la cible en cette fin d’année d’un piratage de très grande envergure.
Le 24 novembre 2014, les employés de la firme Californienne étaient dans l’incapacité d’utiliser leurs ordinateurs, seul apparaissait le message : « Nous nous vous avons déjà mis en garde et ce n’est que le début. Nous continuerons jusqu’à ce que notre demande soit satisfaite. Nous avons obtenu toutes vos données internes incluant vos secrets. Si vous n’obéissez pas, nous publierons ces données au monde entier. Vous avez jusqu’au 24 novembre 23h00 GMT pour décider ».
Cette menace comportait des liens renvoyant sur des fichiers compressés (zip.) qui contiendraient des données sensibles sur la société et son personnel.
Les hackers sous le pseudonyme de GOP (guardians of peace) ont déjà commencé à diffuser les scénarios et éléments importants des prochains grands blogs Busters sur lesquels la société avait beaucoup misé tel que le prochain James Bond. Mais plus préjudiciable encore, des éléments confidentiels relatifs aux négociations du groupe avec ses clients ainsi que les mails de ses dirigeants ont été révélé, obligeant la coprésidente du groupe Amy Pascal à faire des excuses publiques.
Les dommages sont importants, les diffusions des données personnelles des employés et des documents internes, mettent en péril les relations, l’image et la stabilité financière du groupe qui a perdu déjà plus de 200 millions de dollars.
THE INTERVIEW, le film qui aurait déclenché les foudres du régime de Pyongyang
Une des raisons avancées de cette attaque serait la sortie en salle pour noël du film The Interview produit par Sony Picture, qui met en scène deux journalistes hilarants et pas très futés qui ont pour mission de tuer le dictateur Nord-Coréen Kim Jong Un. Selon le FBI, le régime de Pyongyang serait le commanditaire de cette attaque en vue de faire comprendre aux Etats-Unis que nul ne peut railler leur autorité suprême. La Corée du Nord et son régime de fer montrerait ainsi qu’elle n’est pas seulement détentrice de l’arme nucléaire mais qu’elle possède également une des armes les plus redoutables de ce début du 21éme siècle avec sa cyber technologie. On réalise ainsi que ce pays très secret peut mener une cyberguerre mondiale notamment avec son unité d’hackers : le Bureau 121. Cette unité d’espionnage d’élite de l’armée nord-coréenne ferait office de cyber-bras armé du gouvernement pour espionner ou pirater ses ennemis.
La firme américaine a alors cédé au chantage et à retarder la diffusion du film en salle, sur les plates formes de téléchargements et de vidéo à la demande. Le président Barack Obama regrette la décision de la société et a affiché très clairement sa position, lors de la conférence de presse du 19 décembre 2014 à la Maison Blanche, évoquant « que ce n’est pas un dictateur qui allait imposer sa censure », et qu’il prendrait des mesures « proportionnées » sans préciser leurs natures. Pourtant, quelques heures plus tard c’est la Corée du Nord qui connait des problèmes avec son système informatique qui a été purement coupé d’internet pendant 9 heures. Cette « panne » n’a que peu affecté les nord-coréens qui n’ont en réalité qu’un accès très restreint à la toile.
Piratage, espionnage : Partie visible de l’iceberg d’une cyberguerre planétaire
Kim Jong Un, n’a que peu accepté d’être mis au banc des accusés et pour prouver son innocence, propose aux Etats-Unis d’effectuer une enquête conjointe ; comme l’a indiqué le ministre des affaires étrangères nord-coréen, le 20 décembre dernier : « puisque les Etats-Unis répandent des allégations sans fondements et nous diffament, nous leurs proposons une enquête conjointe », précisant qu’ils « s’exposent à de graves conséquences s’ils refusent et continuent à se répandre sur des présupposées représailles contre nous » . Et d’ajouter sur le film : « nous ne tolérerons jamais que qui que ce soit insulte notre plus haute autorité ».
Enfin, de plus en plus d’expert et observateurs remettent en cause l’accusation américaine, qu’ils trouvent « facile », la Corée du Nord ennemie de la liberté est la coupable idéale. Qui d’autre qu’elle, pourrait bien avoir envie d’attaquer le pays des libertés ?
Les Etats unis n’ont pas que des amis, dans ce monde toujours plus connecté où les alliés s’espionnent et se volent entre eux et où les ennemis se défient mutuellement.
Le mois de novembre 2014, aura marqué un tournant dans l’histoire du cyber espionnage avec la découverte non moins importante, du virus Regin. D’une complexité encore jamais vu, il dupe les dirigeants des Etats du monde entier sous a la forme d’un faux logiciel Microsoft afin de leur voler des informations confidentielles. Soupçonnée d’avoir été mise en place par les Etats-Unis, cette nouvelle tentative d’espionnage entre les Etats, vient refroidir les relations internationales, déjà tendues suite à la révélation des écoutes téléphoniques d’importants dirigeants européens par la CIA, et notamment d’Angela Merquel par l’Angleterre.
SOURCES :
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CORVENIN Ch, « Regin : les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, accusés d’avoir espionné Bruxelles », lefigaro.fr, mis en ligne le 18 décembre 2014, consulté le 20 décembre 2014, <http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/11/24/01007-20141124ARTFIG00393-regin-un-logiciel-ultra-sophistique-pour-espionner-les-telecommunications.php>
JEAN D, « Ce qu’il faut savoir le piratage de Sony Picture », lefigaro.fr, mis en ligne le 18 décembre 2014, consulté le 20 décembre 2014, <http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/12/18/01007-20141218ARTFIG00176-ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-piratage-colossal-de-sony-pictures.php>
BOURDIER M, « Piratage de Sony : le bureau 121, mystérieuse unité de hackers d’élite Nord-Coréens suspectée d’avoir piraté Sony », lehuffpost.fr, mis en ligne le 19 décembre 2014, consulté le 20 décembre 2014, <http://www.huffingtonpost.fr/2014/12/19/bureau-121-coree-du-nord-piratage-sony_n_6355316.html>
SZADKOWSKI M, « Quatre questions pour comprendre le piratage de Sony Pictures », lemonde.fr, mis en ligne le 13 décembre 2014, consulté le 20 décembre 2014, <http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/12/13/sony-pictures-face-a-un-piratage-historique_4540084_3234.html>
AUTEUR INCONNU, « la Corée du Nord coupée d’internet pendant 9 heures », lexpress.fr, mis en ligne le 23 décembre 2014, consulté le 23 décembre 2014, <http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/affaire-sony-la-coree-du-nord-coupee-d-internet-pendant-neuf-heures_1635132.html>
Emission C dans l’air « La cyberguerre est déclarée », france5.fr, diffusé et mis en ligne le 23 décembre 2014, consulté le 23 décembre 2014, <http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/diffusions/23-12-2014_289741>