L’ année 2014 fut numériquement active sous bien des points, l’ un des évènements, fut la fulgurante ascension de la monnaie virtuelle, le bitcoin, suivi d’ une non moins spectaculaire dégringolade. Sujet de nombreuses interrogations, cette devise virtuelle est encore assez méconnue du grand public, quant à son mécanisme de fonctionnement et les principes lui donnant sa spécificité. Ainsi le bitcoin est-il une référence en devenir ou comme le disent certains de ses détracteurs une nouvelle pyramide de Ponzi?
Le bitcoin quèsaco?
Historiquement conçu entre 2007 et 2009, par une énigmatique personne répondant au nom de Satoshi Nakamoto le Bitcoin est une jeune devise. Empruntant le meilleur à ses prédécesseurs, à savoir le B-money et le Bitgold, le projet Bitcoin résout les principaux défauts des systèmes le précédent. Afin de pouvoir définir de manière liminaire cette devise et son fonctionnement, il est utile d’ opérer au préalable une distinction entre le bitcoin et Bitcoin.
Le bitcoin est une devise monétaire tel qu’ il en existe une multitude dans le monde, toutefois ce dernier possède trois attributs le différenciant des devises dites classiques. Premièrement elle n’émane pas d’ un état , d’ une banque ou d’ une entreprise. Secondement sa valeur est déterminée par l’ usage économique qui en est fait et par le marché des changes. Dernièrement il n’ existe pas de risque d’ inflation autour du bitcoin car le nombre maximal de coins a été déterminé dès l’ origine et inscrit dans le code source du projet, ainsi il ne pourra en exister à terme que 21 millions. Le logiciel prévoit que les quatre premières années il sera émis 50 bitcoins toutes les dix minutes. Le montant d’ émission monétaire sera divisée par 2 par deux les quatre années suivantes et ainsi de suite jusqu’à atteindre cette limite fixée par le code source.
Bitcoin quant à lui constitue le système de paiement qui comprend la devise monétaire, son fonctionnement s’ opère de manière décentralisée , en s’ appuyant sur le réseau pair à pair. Lorsqu’un ordinateur se connecte sur le réseau, sa tâche primaire est de trouver d’ autres ordinateurs connectés afin de pouvoir établir une communication, par la suite l’ ordinateur télécharge la base de données contenant toutes les transactions effectuées depuis le lancement du projet . Les ordinateurs connectés s’ échangent des informations quant aux adresses IP du réseau et les nouvelles transactions procédant d’ échanges de coins. Un paiement par Bitcoin est irréversible, seule la personne recevant les fonds peut les rendre. S’ agissant des transactions, un protocole de cryptographie est censé prévenir d’ une part le phénomène de double paiement, cas ou un utilisateur mal intentionné aurait pour idée de dépenser ses bitcoins auprès de deux destinataires au même moment. D’ autre part ce système empêche une falsification des identifiants des acteurs d’ une transaction ainsi que de la valeur des stocks possédée dans le porte-monnaie électronique.
Une devise volatile
Pour reprendre les termes de la fondation Bitcoin «Le prix d’ un bitcoin peut augmenter ou diminuer de façon imprévisible sur une courte période, en raison de sa jeune économie, sa nature inusitée et ses marchés parfois peu liquides». Ainsi prévenu, le bitcoin est par essence une devise sujette à la volatilité. En 2012 un bitcoin valait 20 €, depuis son cours n’ a cessé de progresser sur le marché des changes pour atteindre à son paroxysme près de 1000 €. Toutefois le cours de la devise à spectaculairement dévissé en 2014, le bitcoin a perdu 56% de sa valeur sur les douze derniers mois, détrônant en perte de valeur le rouble qui connait lui aussi des déboires.
Plusieurs facteurs concourent à la chute de la devise. La frénésie suscitée par le bitcoin inquiète fortement les institutions monétaires, la banque centrale chinoise émet le 4 décembre 2013 une mise en garde contre la monnaie virtuelle, selon elle, « les bitcoins ne sont pas émises par des autorités compétentes » et « n’ont pas de cours légal ». Au lendemain de cette prise de parole le cours en yuan s’ effondre de 35%. La Thaïlande en juillet 2013, choisit quant à elle d’ interdire tout bonnement l’ utilisation du bitcoin sur son territoire. La Russie est également intervenu en ce sens, en rendant la monnaie illégale sur son territoire au motif que la seule monnaie officielle du pays est le rouble. Dans l’ hexagone la question n’ a pas encore été tranchée, la banque de France a toutefois émis une mise en garde contre les dangers liés à cette devise électronique, elle estime que le bitcoin est « une monnaie non régulée qui n’ offre aucune garantie ».
Qualifier juridiquement le bitcoin pose problème, la seule monnaie reconnue textuellement comme tel est l’ euro comme l’ indique l’ article L111-1 du Code monétaire et financier. Il s’ infère juridiquement que le bitcoin n’ est pas une monnaie, on pourrait éventuellement lui appliquer le statut de monnaie électronique. L’article L315-1 du même code dispose que « la monnaie électronique est une valeur monétaire qui est stockée sous une forme électronique, y compris magnétique, représentant une créance sur l’émetteur, qui est émise contre la remise de fonds aux fins d’opérations de paiement […]acceptée par une personne physique ou morale autre que l’émetteur de monnaie électronique. Bémol, comment lui appliquer cette disposition alors que le système est virtuellement anonyme? Les transactions faites par Bitcoin sont effectués de manière ouverte, puisque les ordinateurs interconnectés recueillent les opérations réalisées. Toutefois le système dans son fonctionnement ne nécessite aucune donnée personnelle de la part d’ un usager. Atout remarqué par les sites opérant à travers le « dark web » à l’ instar de Silk road, site qui bâtit sa réputation en proposant à la vente, des produits illicites, tel que des produits stupéfiants, avant son démantèlement la monnaie exclusive de paiement était le bitcoin . La seule manière permettant d’ identifier un acteur du réseau consisterait à ce que ce dernier divulgue son identité ou d’éventuellement opérer un traçage de son adresse IP.
Echangé contre des monnaies plus usitée sur une dizaine de plates-formes, l’ un des acteurs principaux Mt.Gox, détrôné depuis par BTC China, s’est imposé comme référence jusqu’en novembre 2013 en étant la plate-forme doté du plus grand volume de transaction, sa chute a sonné la fin des jours heureux pour le Bitcoin. Le 28 février 2014 Mt.Gox reconnait avoir perdu 850.000 bitcoins, soit l’ intégralité des actifs qu’elle gérait, l’ entreprise se place alors sous la protection de la loi sur les faillites au Japon. Il est à noter qu’il existe un fichier nommé « wallet.dat », ce dernier revêt une importance capitale dans le système de fonctionnement de Bitcoin. Assimilable à un portefeuille électronique ce fichier doit être sauvegardé localement, sa perte a pour conséquence d’ entrainer la disparition des bitcoins détenus à travers elle et ce de manière irrévocable.
Un avenir incertain
Le bitcoin inquiète, certains craignent qu’il ne soit la prochaine bulle spéculative ou encore une pyramide de Ponzi source de profits pour les premiers arrivants. Des économistes de renom tel que Charles Stross et Paul Krugman se sont montrés très critiques vis-à-vis de la monnaie, le premier souhaite que le bitcoin « brule », le second considère la devise comme « diabolique ». Toutefois la monnaie s’ est trouvé des alliés de circonstance pour le moins inattendu, les gouvernements allemands et américains adoptent une attitude plutôt bienveillante à son égard. Ben Bernanke, ancien patron de la banque centrale américaine la FED, s’ exprimant sur le sujet a déclaré que la devise à « du potentiel ». L’ avis est partagé par des géants de l’ industrie numérique tel que Google ou en encore Ebay. Malgré ses défauts la monnaie présente un certain nombre d’ avantages, tel qu’une relative anonymisation des transactions monétaires, sujet sensible à l’ heure ou les internautes sont de plus en plus en traqué ou encore un affranchissement des carcans imposé par les multiples politiques monétaires. A l’ heure actuelle on peut constater que le bitcoin est un système radicalement novateur reste à savoir si les maux dont il souffre sont de nature conjoncturelle ou structurelle.
SOURCES:
Banque de France ., « Les dangers liés au développement des monnaies virtuelles :
l’exemple du bitcoin », consulté de 30 décembre 2014, <http://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/publications/Focus-10-stabilite-financiere.pdf>
PESSEY (A)., « Le Bitcoin a perdu la moitié de sa valeur en 2014», consulté le 30 décembre 2014, <http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-le-bitcoin-a-perdu-la-moitie-de-sa-valeur-en-2014-59744.html>
ANONYME., « Ce que vous devez savoir», consulté de 30 décembre 2014, <https://bitcoin.org/fr/vous-devez-savoir>