Le respect des droits d’auteur reste au cœur des préoccupations. En effet, le téléchargement illégal et le piratage, qui sévissent de plus en plus sur internet, mettent en danger le droit d’auteur. Afin de remédier à ce problème, Fleur Pellerin ministre de la culture, change de stratégie. Désormais au lieu de s’attaquer directement aux sites de téléchargements illégaux, de piratages et de sanctionner les internautes, il semble préférable de proposer des offres légales de téléchargement sur internet, ceci afin d’attirer les internautes et donc respecter le droit d’auteur. Fleur Pellerin, dans son discours du 28 janvier 2015, a déclaré « Si j’ai demandé au CNC de travailler avec les professionnels de l’offre en ligne c’est parce qu’avant même de développer nos outils de lutte contre le piratage et de sanction des offres illicites, il est essentiel que les internautes puissent trouver les œuvres de qualité qu’ils souhaitent voir ».
Pour ce faire, le Centre national du cinéma et le ministère de la culture ont présenté mercredi 28 janvier 2015, un service de référencement de l’offre de films en ligne.
De nombreux sites spécialisés dans la VOD et SVOD existent tel que Netflix. Cependant, ce site, très populaire aux États-Unis, l’est beaucoup moins en France. C’est un échec total. Netflix ne répond pas à toutes les exigences des internautes. Notamment, le catalogue qu’il propose est trop limité. De plus, Hadopi a lancé, début novembre 2014, un service semblable à celui que propose le CNC. Ce service se trouve sur le site « offrelegale.fr ». Cependant il remporte peu de succès auprès des internautes. Hadopi n’a pas réussi à obtenir les catalogues des diverses plateformes qui offrent de la VOD de manière légale. Est-ce que le service proposé par le CNC attirera plus les internautes et les satisfera plus du fait que l’offre légale qu’il propose apparait plus large, permettant ainsi de lutter contre le piratage et le téléchargement illégal ?
Description du service d’offres légales de VOD et SVOD proposé par le CNC
Le service mis en place par le CNC et le ministère de la culture aurait pour avantage de simplifier la recherche des internautes lorsqu’ils désirent visionner un film. Le CNC et le ministère de la culture souhaitent faciliter l’accès à l’offre légale pour les internautes et donc les inciter à aller vers les offres légales plutôt qu’illégales.
Deux possibilités s’offrent aux internautes afin qu’ils accèdent aux offres légales de films. L’internaute peut aller sur le moteur de référencement : http://vad.cnc.fr/, pour trouver un film. La recherche peut se faire selon son titre, le nom du réalisateur, le nom des acteurs ou selon l’année de production. Le moteur de référencement nous propose ensuite des liens vers lesquels on peut trouver les films de manière légale. Il est également possible d’accéder à ces offres en recherchant le film désiré sur les sites Allociné, Télérama, Première et Sens Critique. Sous le titre du film recherché, le site nous indique s’il est disponible en VOD ou SVOD puis à l’aide d’un widget : « voir ce film en VOD », on peut accéder aux différents liens possibles pour regarder le film. Ces liens redirigent vers des plateformes d’offres légales de VOD et de SVOD en partenariat avec le CNC. Ces plateformes sont : ARTE, CanalPlay, Editions Montparnasse, FILMO TV, Imineo, MyCanal, FTV, MyTF1 VoD, OCS, Universciné, Wuaki et Orange. Une fois le film trouvé, l’internaute peut soit le louer soit l’acheter. Dans ce cas on parle de VOD. L’internaute peut également s’abonner chez les éditeurs qui proposent un service de vidéo à la demande. Dans ce cas-là on parle de SVOD. Le visionnage des films peut se faire aussi bien sur ordinateur, smartphone ou tablette.
Quand le film est trouvé sur les sites ou sur le moteur de référencement, diverses informations sont proposées à l’internaute : la version disponible (VF ou VO), le résumé du film, les acteurs présents… Pour le CNC et le ministère de la culture, le fait de regrouper toutes ces informations et d’obtenir le lien de téléchargement permet aux internautes d’obtenir en une seule recherche ce qu’ils souhaitent et donc de se diriger vers des offres légales. Ainsi ils ne sont pas tentés d’aller vers le téléchargement illégal et le piratage en effectuant de nombreuses recherches.
À ce jour plus de 10 000 œuvres sont disponibles. Actuellement, seuls les films sont proposés mais les séries puis les documentaires et les courts-métrages sont prévus.
Les sites Allociné, Télérama, Première et Sens Critique sont pour l’instant les seuls à avoir le système de widgets. Ces sites étant les plus populaires, le CNC et le ministère de la culture leur a fait appel pour un partenariat. Mais cette possibilité sera offerte à d’autres sites, blogs qui “répondent aux obligations françaises en termes de régulation en contribuant au financement de la création et à l’exposition des œuvres françaises et européennes”.
Une vidéo a été postée par le CNC afin d’expliquer le fonctionnement du service de référencement de l’offre de films en ligne : http://www.dailymotion.com/video/x2fujka_le-service-de-referencement-pour-simplifier-l-acces-a-l-offre-de-films-en-ligne-cree-par-le-cnc_shortfilms
Les buts de la mise en place de ce service
Dans son discours, Fleur Pellerin parle de ce service comme une mission de service public. Pour argumenter cette idée, elle dit que ce service de référencement en ligne de VOD « réalise, d’une part, deux missions fondatrices de ce ministère : l’accès du plus grand nombre aux œuvres de l’esprit qui sont désormais à portée de clic et le soutien à la vitalité et à la diversité de la création » et qu’il « répond, d’autre part, à des exigences de qualité et d’exemplarité propres à l’action publique au service de nos concitoyens : – qualité des plus de 10 000 œuvres déjà répertoriées, mais aussi qualité de leur référencement et de leur mise en contexte par les sites partenaires ».
Le but recherché est de contourner le streaming et de permettre aux internautes de visionner plus aisément des films sur des sites légaux. Selon fleur Pellerin, les individus utilisent le streaming parce qu’il est difficile de trouver les films qu’ils souhaitent regarder sur des sites légaux. Le but de cette création serait justement de faciliter la recherche des internautes et ainsi les dissuader d’utiliser les sites qui contournent le droit d’auteur.
L’objectif est véritablement d’accorder un soutien à la création. En sensibilisant les internautes à aller vers des offres payantes de VOD et des offres de SVOD, ceux-ci contribuent au respect des droits d’auteur et donc à la création. Il s’agit également de permettre l’accès à tous à la culture. Internet est accessible à un grand nombre de personnes. Grâce au service proposé par le CNC et le ministère de la culture, les internautes peuvent accéder plus facilement à la culture de manière légale tout en économisant le prix d’une place de cinéma. Cela réduit donc les inégalités. La culture cinématographique est ouverte à tous tout en respectant les droits d’auteur.
Cette idée est au cœur des préoccupations puisque dans le même temps, Fleur Pellerin a demandé à Julien Neutres d’élaborer une charte afin que les acteurs de la publicité s’engagent à ne pas conclure de contrats avec des sites qui proposeraient des offres illégales de téléchargements et de piratages. Cette idée vient de Mireille Imbert-Quaretta, présidente de la Commission de Protection des Droits de l’Hadopi. Afin de lutter contre le téléchargement illégal et le piratage, elle a proposé de bloquer les ressources financières de ces sites dont la majorité partie provient de la publicité. Le ministère de la culture s’attaque donc à tous les fronts. La charte est prévue pour fin février 2015.
Ce nouveau service : un échec ?
Les offres légales de VOD et de SVOD fleurissent sur la toile. Le CNC n’est pas le seul à se lancer sur ce marché. TF1 lance également son service de SVOD mais il sera conçu pour les enfants de 3 à 12 ans, son nom TFou Max. Ce nouveau service sera disponible le 5 février 2015. Carrefour vient aussi de lancer un service de VOD : Nolim films. Sur la toile, divers services de SVOD et de VOD sont présents ou le seront très prochainement mais ces services attireront-ils les internautes ? Les gens sont-ils prêts à payer alors que des offres gratuites sont également présentes partout sur internet ? Le fait que les offres légales soient moins accessibles que les offres illégales constitue-t-il une raison pour laquelle les internautes se tournent vers les offres illégales ? N’est-ce pas plutôt une question de coût ?
De plus, il existe un autre problème. Pour avoir accès à l’offre légale, il faut aller sur le moteur de référencement du CNC ou bien sur les 4 sites partenaires du CNC. Or cette démarche est difficile : le moteur de référencement du CNC n’est pas facilement accessible. En effet, celui-ci n’a pas de nom. Il faut d’abord se rendre sur le site du CNC pour obtenir le lien du moteur de référencement. Le problème qui se pose également est que si l’on tape le nom d’un film sur un moteur de recherche classique tel que Google, les résultats qui apparaissent sont des offres illégales, le moteur de recherche du CNC n’apparait pas dans les résultats.
De plus avec l’offre légale de la VOD et de la SVOD, apparait le problème de la chronologie des médias. Proposer des films aux internautes de manière légale 4 mois après la sortie en salle pour la VOD et 36 mois pour la SVOD, pose problème. Les internautes ne veulent pas attendre. De ce fait, l’offre illégale leur semble appropriée. Pourquoi attendre et payer ce que l’on peut obtenir gratuitement et peu de temps après la sortie en salle ?
Les internautes ne vont-ils pas utiliser le site Allociné, par exemple, qui apparait dans les résultats de la recherche pour obtenir les informations souhaitées sur le film puis ensuite effectuer de nouveau une recherche pour avoir le film de manière illégale ? Est-ce que l’offre légale de la VOD et de la SVOD est une solution pour combattre le téléchargement illégal et le piratage ? Les internautes vont-ils réellement changer leurs habitudes pour visionner un film ? La solution n’est-elle pas plutôt d’attaquer les sites illégaux ? La charte concernant les publicitaires sera-t-elle une bonne solution pour défendre le droit d’auteur ?
Sources
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