Le vendredi 7 décembre 2019 a sonné la fin de l’affaire judiciaire qui opposait Elon Musk et Vernon Unsworth. Le spéléologue britannique, coordinateur du sauvetage des enfants thaïlandais, réclamait la somme de 190 millions d’indemnités pour les propos tenus par le patron de Tesla et de Space X à son égard sur le réseau social qui est twitter.
Un dérapage sur twitter conduisant au tribunal de Los Angeles
Cet accrochage a débuté à la suite de l’événement concernant un professeur de sport et ses élèves qui ont été bloqué dans une grotte durant l’été 2018 en Thaïlande. L’histoire aurait pu prendre une tournure dramatique en raison des pluies torrentielles qui menaçaient de noyer l’équipe. Ils ont dû attendre plusieurs semaines avant que les autorités viennent les chercher afin de les mettre en sécurité.
L’événement médiatisé a suscité de nombreuses réactions dont certaines risibles, notamment celle émise par le patron constructeur de Tesla. Ce dernier s’est penché sur un prototype sous-marin mais qui s’est avéré inutile pour secourir les enfants, dans la mesure où ces derniers ne savaient ni nager ni plonger. Le conflit entre les deux hommes s’est créé à travers des médias interposés lorsque l’un des responsables du sauvetage exaspéré par cette construction a déclaré sur CNN: « Il peut mettre son sous-marin où ça fait mal », a qualifié cette action de « coup de pub » et a conclu : « On lui a demandé de quitter les lieux rapidement ». En réponse, le milliardaire sud-africain s’est emparé de son compte twitter pour laisser le message : « You know what, don’t bother showing the video. We will make one of the mini-sub/pod going all the way to cave 5 no problemo. Sorry pedo guy, you really did ask”. Soit, en français : « Désolé le pédo, tu l’as bien cherché ». Ce tweet a occasionné de nombreuses réactions négatives à tel point qu’Elon Musk a présenté ses excuses au spéléologue et effacé le message offensant.
Ces excuses n’étant pas suffisante pour le spéléologue, ce dernier a porté plainte en septembre 2018 pour diffamation. Un juge américain a statué qu’un jury devra déterminer si le milliardaire a bien diffamé le spéléologue. La procédure s’est tenue en décembre devant un tribunal de Los Angeles et s’est clôturée le 7 décembre 2019.
Elon Musk a assuré qu’il ne visait pas les mœurs d’un spéléologue britannique lorsqu’il l’a qualifié sur Twitter de pédophile. Ce terme était une injure courante durant son adolescence en Afrique du Sud et il ne s’agirait que d’un synonyme de vieil homme glauque pour insulter l’apparence d’une personne et son comportement. Or, dans le document déposé par le milliardaire en plus des excuses, il cite un enquêteur privé dont il a fait louer les services. Ce dernier aurait découvert que M. Unsworth aurait épousé sa femme thaïlandaise alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente et fréquenterait des lieux de prostitution.
Une application stricte de la diffamation sur un support numérique
Dans cette affaire, la diffamation a été défini selon cinq critères : le message doit s’adresser à d’autres personnes que la cible ; la cible doit clairement être identifiée par le message ; la condition étant que la déclaration soit fausse ; elle doit être également précipitée ; la déclaration en elle-même aurait dû faire comprendre que M. Unsworth était un pédophile. La raison qui a fait que le patron de Tesla ait pu s’en sortir est dû au fait que le tweet litigieux ne nomme pas directement le spéléologue. Les jurés ont tranché cette affaire sur ce point, le tweet ne le nommant pas, personne ne pouvait comprendre que l’insulte lui ait été adressé.
Le tribunal a tranché pour l’insulte qui est moins grave que la diffamation alors que les personnes qui ont suivi cette histoire ont très bien pu rapprocher le message et la personne à qu’il s’adressait. Dès lors que la forme du tweet ne désigne pas explicitement une personne même si ce tweet est diffamant, ce n’est qu’une insulte. Ce qu’il faut retenir de cette affaire, c’est que la diffamation sur un support numérique avec ce cas semble encore difficile à apprécier.
Source :
- CADOT J., « Elon Musk gagne son procès contre le sauveteur qu’il avait traité de pédophile », Numerama, 7 décembre 2019
- CADOT J., « Agacé par un sauveteur des grottes thaïlandaises, Elon Musk dérape encore sur Twitter », Numerama, 16 juillet 2018
- CHOKSHI N et TAUB E., « Elon Musk’s Defense: ‘Pedo Guy’ Tweet Was a Generic Insult », The New York Times, 3 décembre 2019 modifiée le 6 décembre 2019
- LAUSSON J., « Elon Musk fera bien face à un procès pour avoir accusé un sauveteur d’être « pédophile », Numerama, 29 octobre 2019
- PETTERSON E., « Elon Musk Headed to Trial in U.K. Caver’s Defamation Case », Blomberg, 28 octobre 2019
- RANDALL T., « ‘The Last Bet-the-Company Situation’: Q&A With Elon Musk », Blomberg, 13 juillet 2018
- TURCAN M.,« Après avoir accusé un sauveteur d’être « pédophile », place à la défense ridicule d’Elon Musk », Numerama, 04 décembre 2019
- WATTLES J., « Elon Musk makes unfounded accusation against Thai cave rescuer » CNN, 16 juillet 2018
- «Victoire judiciaire pour Elon Musk, le patron de Tesla, acquitté dans son procès en diffamation » Le Monde avec AFP, 7 décembre 2019 modifiée le 07 décembre 2019 à 09h22