Le 7 janvier dernier, le Consumer Electronic Show (CES) a ouvert ses portes à Las Vegas pour sa 53ème édition. C’est lors de ce rendez-vous annuel incontournable, où se réunit les acteurs mondiaux des nouvelles technologies, que l’on peut y trouver la crème de la crème des dernières avancées en matière de technologies numériques.
Les objets connectés et l’émergence de ces nouvelles innovations se trouvent au cœur de notre société à l’heure actuelle. A cet égard, depuis sa création à la fin des années 60, le salon de l’innovation a vu se multiplier des technologies qui se sont imposées par la suite dont des produits de grande consommation comme par exemple le magnétoscope en 1970 ou encore le caméscope numérique en 1999.
Pour se rendre compte de l’impact du marché des objets connectés, si on retourne quelques années en arrière en 2016, selon une étude du Gartner ce marché aurait du atteindre en 2020 un total de 20 milliards d’objets connectés avec un chiffre d’affaires global atteignant 1 500 milliards d’euros. Objectif bien relevé puisqu’on estime aujourd’hui la présence d’environ 26 milliards d’appareils connectés sur le marché. De cette façon, on se rend compte de la place importante de ces nouvelles technologies dans notre société qui évolue à une vitesse considérable. Il faut sans doute rappeler que ce marché des objets connectés est étroitement lié à l’IoT (Internet of Things) qui permet justement à l’objet de s’interconnecter et d’interagir avec son environnement physique. On a donc là l’émergence d’un véritable réseau connecté qui permet la communication entre tous ces objets.
C’est ainsi, lors du rendez-vous annuel à Las Vegas pour le CES qu’il est possible de rencontrer les dernières innovations les plus originales les unes que les autres. Alors qu’en est-il de la place des français sur ce marché mondial ?
CES : Une opportunité pour les start-up françaises ?
Cette année, 300 entreprises françaises étaient présentes lors de cette 53ème édition du salon de l’innovation. On note une petite baisse des fréquentations françaises en comparaison à l’année précédente où leur présence était estimée à environ 400 participants. Romain Gaillac, coordinateur du projet à Business France, présent lors du salon à Las Vegas cette année, a par ailleurs déclaré :
« Si la présence française est moindre, c’est plutôt parce qu’elle a acquis une certaine maturité. Il est important d’aller au moins une fois à Las Vegas, pour sentir les tendances, observer quels marchés sont attirés par sa solution. On considère qu’une start-up travaille sa notoriété à Las Vegas. ».
On verrait ici alors une nouvelle stratégie qui préférerait privilégier la qualité à la quantité. Puis il n’est pas sans négliger non plus que certaines innovations françaises ont fait leur effet comme notamment l’entreprise Pixminds qui est maintenant présente au salon chaque année depuis 5 ans. Celle-ci détient en effet à ce jour 15 prix attribués lors du CES, dont 4 obtenus cette année. A ce sujet le directeur général de Pixminds, Lionel Chataignier, s’est confié lors d’une interview sur l’avancée des technologies créées. L’entreprise serait en pleine commercialisation des objets connectés qui ont fait son succès comme c’est le cas de la souris d’ordinateur multi dimensions qui permet d’avoir beaucoup de fonctionnalités complémentaires d’une souris originale.
Ainsi malgré son déclin en terme de présence effective lors du salon, la France a réussi cette année à se hisser vers le haut du classement avec une quatrième place au niveau mondial. Un tel positionnement s’entend donc peut-être comme le résultat d’une meilleure organisation, due notamment à la meilleure représentation des différentes régions de France.
Un salon innovateur qui peut toutefois faire débat sur sa crédibilité
Le CES, représenté comme le salon le plus novateur de la technologie mondiale, est donc l’endroit où se dévoilent les grandes comme les plus petites innovations pour le marché des objets connectés. Toutefois depuis ces dernières années on a pu s’apercevoir d’un déclin autour de sa notoriété et de sa crédibilité.
- La prise de conscience des risques environnementaux et l’enjeu des données personnelles comme premier facteur de ce déclin.
Si le coté novateur, ambitieux ou encore démesuré du salon attire toujours les investisseurs du marché, les nouveaux enjeux liés à l’environnement ou l’impact des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle sur les libertés fait débat. En effet tous ces objets connectés semblent révolutionnaires et représentent pour la plupart le futur de notre société. Or la majorité de ces objets demandent une source d’électricité de plus en plus importante, en sachant d’autant plus que ce marché repose sur un fonctionnement en réseau c’est à dire à travers l’échange et la transmission d’une multitude de données. Ce qui n’est pas négligeable car selon une étude récente de l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME), 28% des émissions de CO2 proviennent des réseaux et 25% proviennent des datacenters.
Outre les impacts environnementaux, la quantité de données personnelles nécessaires au fonctionnement de ces nouveaux objets du quotidien ont tendance à inquiéter les individus. La société actuelle est déjà extrêmement connectée, toutefois le risque ici s’entend dans l’ouverture et l’augmentation de points d’entrées potentiels pour des personnes malintentionnées.
Ces problématiques actuelles ont ainsi un effet sur ce salon international puisqu’elles créent un certain décalage incitant les marques et les investisseurs à faire preuve de plus de retenue. D’autant plus, pour la première fois lors de ce salon des réunions ont été organisées afin d’évoquer des questions telles que la protection de la vie privée, la soutenabilité numérique ou encore la place des femmes dans les nouvelles technologies. Or un tel débat, compte tenu de l’organisation de l’évènement, semble peu crédible comme l’évoque Kat Borlongan, directrice de la maison French Tech « Parler de sujets sociétaux comme la place des femmes ou l’environnement dans une ville comme Las Vegas est un peu surréaliste ».
- L’utilité tendancieuse des innovations souvent remise en cause lors du salon international comme second facteur de déclin
En parallèle de ces questions sociétales, on peut noter une tendance ces dernières années sur les innovations en elles-mêmes qui peuvent parfois sembler douteuses quant à leur réelle opportunité. Cela s’entend dans le sens où on aperçoit de plus en plus d’objets « gadgets » lors de ce grand salon international sur l’innovation. Parmi cette catégorie on peut noter la présence du robot livreur de papier toilette dénommé le « Rollbot », et présenté par la société Charmin fabriquant de papier toilette, qui vole à notre secours lorsqu’on se retrouve démuni de papier toilette.
A cette occasion un français, Nicolas Baldeick est venu dénoncer le manque de sérieux que pouvaient revêtir certaines technologies en présentant « POTATO », la pomme de terre connectée : l’objet se compose d’une carte électronique visant a être implantée dans la pomme de terre, la carte électronique prendrait alors son électricité directement dans celle-ci, permettant ainsi de connecter le smartphone en bluetooth. Selon les dires de son créateur, l’objet n’aurait bien évidemment pas vocation à être commercialisé, mais il s’agirait simplement d’une démonstration du phénomène du « tout-connecté » qui parfois peut sembler absurde.
Bien entendu malgré ces quelques polémiques, il ne faut pas en oublier la pertinence du CES qui entre autre a permis l’avènement de l’intelligence artificielle qui est devenue aujourd’hui le cœur de tous ces objets connectés que cela concerne des produits pour la maison, ou des voitures autonomes ou même encore des technologies avancées en matière de santé. Le bilan de cette nouvelle édition du salon international de l’innovation semble donc contrasté, mais reste un évènement incontournable pour le marché des objets connectés.
SOURCES
- BOUNIOL A., « La face cachée des objets connectés », France Télévisions, Meta-Media, 27 mai 2019, accessible via www.meta-media.fr
- CHATAIGNIER L., « [CES 2020] Pixminds, 15 Awards au compteur ! », Interview depuis la chaîne Youtube Région Auvergne-Rhône-Alpes, 21 janvier 2020, accessible via www.youtube.com
- GARREAU M., « [CES 2020] La French Tech privilégie la qualité plutôt que la quantité », L’Usine Nouvelle, Technos et innovations, 7 janvier 2020, accessible via www.usinenouvelle.com
- HUE B., « CES 2020 : Le futur des nouvelles technologies s’affiche à Las Vegas », RTL, 11 janvier 2020, accessible via www.rtl.fr
- ROLLAND S., « CES 2020 : moins de paillettes, plus de business pour les français », La Tribune, 6 janvier 2020, accessible via www.latribune.fr
- ROLLAND S., « Grouillant d’innovations mais déconnecté, le CES perd de sa superbe », La Tribune, 14 janvier 2020, accessible via www.latribune.fr
- Statista Research Department., « Valeur du marché des objets connectés dans le monde de 2013 à 2020 », Technologie et télécommunications, 8 février 2018, accessible via www.statista.com