Mona et le respect des normes sanitaires
Qu’est-ce qu’est la biométrie ?
Si le terme de biométrie semble tout droit nous amener vers un monde « dystopique » à l’instar de Minority Report, cela n’est rien pour diminuer l’affluence qu’a connue cette technologie ces dernières années. Surtout, lorsque cette dernière représente un marché estimé à 50,6 milliards d’euros d’ici 2022[1]. En effet, la biométrie semble devenir la nouvelle arme de prédilection pour les gouvernements et les sociétés afin d’assurer la sécurité des données numériques. Les sociétés Idemia, Thales ou encore Gemalto mettent en avant l’idée qu’il s’agit du nouveau sésame des individus.
D’une manière générale, elle désigne l’ensemble des techniques utilisées pour identifier et authentifier un individu par rapport à une base de données « reconnaissable, vérifiables, uniques et spécifiques » à l’individu en question. Les formes sont diverses : reconnaissance faciale, empreinte digitale, sourire, ADN, veines, main ou encore l’iris. Autant de formes qui permettent à une personne de payer, déverrouiller son téléphone ou encore embarquer rapidement dans un avion. L’avantage majeur est sa fiabilité, elle affiche un résultat proche de 100% sous réserve que le support ne soit pas défectueux ou qu’il n’y ait pas de dysfonctionnement.
Paradoxalement, elles représentent un risque pour la confidentialité des données qu’elles stockent. Étant un signal binaire, elles ne sont pas à l’abri du vol, de la fuite des données ou de leur duplication par les hackeurs.[2]. Par ailleurs, les techniques de reconnaissance faciale sont souvent critiquées pour leurs utilisations à des fins de surveillances de masses telles que pratiqué à Pékin avec la mise en place du contrôle social des populations. Enfin, cette technologie est décriée par une grande part de l’opinion publique comme l’eldorado du vol des données à des fins commerciales du fait qu’elles peuvent naturellement être collectées, stockées et utilisées par les sociétés.
L’examen de la CNIL
En France, pour éviter que le traitement et la collecte des données personnelles dégénère, se développe de nouvelles réglementations qui viennent l’encadrer. C’est le cas du Règlement général sur la protection des données (RGPD) adopté en 2016 et entré en vigueur en 2018 qui fait suite à la loi dite informatique et Libertés de 1978. Le rôle de contrôle et de conseil a priori et a posteriori de la conformité du traitement des données au RGPD[3] appartient à la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL).[4]
Dans le cadre de l’Assistant Mona, Vinci Airport a sollicité la CNIL et la Direction générale de l’aviation civile afin d’éviter les risques liés à une utilisation frauduleuse des données[5]. Ces derniers ont rendu un avis positif sous réserve de quelques conditions :
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Le traitement et la collecte des données doivent être conforme aux réglementations précitées
- Les données des utilisateurs ne doivent pas être stockées, dans ce cadre les données sont supprimées dès l’entrée dans l’avion, mais le profil utilisateur peut être conservé sur son smartphone s’il le désire.
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Enfin, un parcours classique sans technologies biométriques doit être mis en place.
Cependant, suivant le sempiternel « Si c’est gratuit, c’est vous le produit », la question de la contrepartie réelle de ce service totalement gratuit pour les utilisateurs peut être intéressante à soulever.
Sources
[1] BIOTIME Technology, «Le marché de la biométrie devrait générer plus de 50.6 milliards de dollars en 2022 », biotime-technology.com, 27 septembre 2017
[2] BASTIEN (L.),Données biométriques : « qu’est-ce que c’est et quels sont les risques ? », lebigdata.fr, 22 mars 2019
[3] CNIL, dossier spécial « Données personnelles », Cnil.fr
[4] CNIL, « Biométrie à disposition de particuliers : quels sont les principes à respecter ? » cnil.fr, 10 avril 2018
[5] CIMINO (V.), « La reconnaissance faciale débarque à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry », siècle digital.fr, 6 octobre 2020