Le 10 décembre 2020, Antoine Griezmann, ambassadeur de la marque du groupe chinois Huawei depuis 2017, a décidé de mettre fin à son partenariat avec celui-ci. La raison, le récent scandale touchant le groupe que l’on soupçonnerait d’avoir contribué au développement d’une “alerte ouïghour” grâce à un logiciel de reconnaissance faciale.
La polémique est survenue avec la parution d’un article du Washington Post le 8 décembre 2020. Ce dernier fait état de la découverte de l’organisation de recherche IPVM (le leader mondial de l’autorité en matière de vidéo-surveillance), un document signé par les représentants du groupe chinois, géant de la télécommunication et de l’informatique, attestant que celui-ci a travaillé en 2018 avec la start-up Megvii dans le domaine de la reconnaissance faciale pour tester un système de caméra basé sur une intelligence artificielle. Ce système pourrait scanner le faciès des individus dans une foule et estimer l’âge, le sexe ainsi que l’ethnie de la personne analysée.
L’affaire devient bien plus grave lorsque l’article nous apprend que ce logiciel a pour but de détecter le faciès « type » d’un membre de la communauté musulmane du pays, ce qui déclencherait alors une « alarme Ouighours ». Ladite alarme servirait alors de marqueur potentiel pour les forces de police chinoises, menant à des arrestations et détentions de masse de cette partie de la population.
Le document a depuis été retiré du site internet du groupe, qui s’est défendu par un communiqué en date du 11 septembre, affirmant que le groupe « ne développe pas d’algorithmes, ni d’applications dans le domaine de la reconnaissance faciale ou de solutions ciblant des groupes ethniques ». Il affirme également qu’il ne s’agissait que d’un test et non d’un produit commercialisé à l’échelle mondiale.
Ces technologies de reconnaissance faciale ont connu un déploiement exponentiel au sein des départements de police chinoise. Il n’est désormais plus possible d’ignorer que cet essor technologique peut, entre de mauvaises mains, devenir un outil d’oppression et de contrôle de la population. Et si les grands groupes comme Huawei se défendent de ne pas être les utilisateurs de ces technologies, ils participent néanmoins à sa démocratisation en fournissant des ressources techniques, des serveurs, des algorithmes, du matériel physique ou des infrastructures. Si la Chine se défend en prétextant que « ces systèmes technologiques reflètent l’avancée technologique du pays, il est aisé de constater qu’il s’agit plutôt d’une volonté de contrôle total sur la population, le système permettant d’isoler les éléments dissidents qui pourraient porter atteinte au gouvernement chinois, à l’ordre public.
La balance entre liberté et sécurité est complexe à équilibrer. Mais avec ces technologies la sécurité pourrait bien la faire pencher en sa faveur, tant il est tentant pour un gouvernement « d’avoir le contrôle ».
Sources :
- Article du Washington Post : « Huawei tested AI software that could recognize Uighur minorities and alert police, report says», publié par Drew Harwell et Eva Dou le 8 décembre 2020
- Article de CLUBIC : « Huawei accusé d’utiliser la reconnaissance faciale pour identifier les Ouïghours en Chine», publié par Guillaume Belfiore le 9 décembre 2020
- Article d’Eurosport : “Antoine Griezmann se sépare de Huawei, au Coeur d’un scandale sur les ouïghours”, publié par Glenn Ceillier le 10 décembre 2020
- Article Les Numériques : “Huawei répond aux accusations concernant les “alertes Ouïghours”, publié par Thomas Delozier le 9 décembre 2020