Dès 2003 la société Linden Lab sortait « Second Life », 13 ans avant même la sortie de l’Oculus Rift, casque de réalité virtuelle à succès. Second life était en fait un métaverse, c’est-à-dire un univers virtuel permettant à ses utilisateurs d’évoluer dans un monde numérique qu’ils vont créer eux même. Sorte de réseau social, Second life était même doté de sa propre monnaie, le « Linden dollar » échangeable avec des monnaies comme l’euro ou le dollar. La vie virtuelle des utilisateurs de Second life avait pris une telle dimension que l’on pouvait y trouver des expositions, des concerts, des mariages, des cours officiellement administré par Oxford mais aussi des crises économiques. C’est d’ailleurs avec la crise des subprimes notamment que Second life va fortement décliner à partir de 2007.
De Second life à Méta :
Depuis Second Life, l’idée du Métaverse n’a pas vraiment réussi à s’imposer. Cependant la crise sanitaire a conduit des centaines de millions d’individus à communiquer par écrans interposés comme avec le jeu Animal Crossing ou encore Fortnite. Ce dernier tend vers l’idée du métaverse, incitant toujours plus ses joueurs à se rendre sur le jeu, non plus spécifiquement pour jouer, mais aussi pour simplement se retrouver, comme le montrent les concerts virtuels qui se développent sur le jeu. C’est désormais au tour de Facebook de vouloir mettre en place une alternative virtuelle à notre monde, en effet le 17 octobre 2021 le géant du web a annoncé chercher de nouveaux développeurs pour faire naitre un métaverse. Le 28 octobre Mark Zuckerberg confirme tous les soupçons et annonce le changement de nom du groupe, ce sera désormais « Meta ». Le dirigeant du groupe annoncera alors : « dorénavant, nous sommes centrés sur le métavers plutôt que Facebook ». Ce nouveau projet dont l’investissement ne représente pas moins de 10 milliards de dollars et des milliers de recrutements à travers le monde devrait mettre en marche le « successeur de l’internet mobile » selon Mark Zuckerberg.
Une ambition titanesque :
Durant sa conférence Mark Zuckerberg présente les différents espaces qui vont composer ce métaverse. On aura d’abord l’espace personnel « Horizon Home », une maison virtuelle personnalisable accompagnée de son espace de travail, « Horizon Work », puis « Horizon World » permettant aux utilisateurs de concevoir des espaces de partage et de vie selon leurs envies. Une plateforme spécialement conçue pour le travail, « Quest for Business », devrait être mise en place afin d’encourager le travail virtuel au sein du métaverse. Soucieux de revenir sur l’image noircie de Facebook concernant la gestion des données personnelles, la conférence reviens sur une séparation qui se voudrait totale entre le compte personnel des utilisateurs et le compte professionnel. Au cours de la conférence, de nombreuses technologies vont être évoquées, chacune se veut rendre possible une immersion totale dans ce métaverse. Comme le précise Mark Zuckerberg, ces possibilités ne seront envisageables que par des dispositifs nombreux comme des batteries, des projecteurs d’hologramme, des radios, des puces, des capteurs pour cartographier ce qui nous entoure et bien d’autres. Le projet Cambria par exemple est un projet haut de gamme qui devrait permettre de voir l’environnement réel qui nous entoure en appliquant une couche de réalité augmentée. On ne veut plus ici d’un internet que l’on regarde, on veut un internet que l’on peut toucher, ressentir, un nouvel internet.
Une promesse qui inquiète :
Si ambitieux soit-il, ce projet pose de nombreuses questions concernant les données personnelles des utilisateurs. Dans l’optique désirée par Mark Zuckerberg, nos vies seront alors divisées entre le monde réel et le métaverse rendant Méta totalement maitre d’aspects entiers de nos vies notamment notre vie professionnelle. Face à l’ambition colossale du projet si celui-ci se réalise et tient ses promesses, les problématiques juridiques seront aussi nombreuses que nouvelles. La gestion de la vie numérique prendra une nouvelle dimension, dimension que le législateur devra prendre en compte rapidement. La question des NFT ( non-fongible token ) par exemple devrait avoir un très sérieux regain d’intérêt, suscitant de nombreuses interrogations en matière de droit d’auteur. Permettant l’établissement de certificats de propriété numérique inviolables basés sur la blockchain, l’utilisation des NFT dans le métaverse devient encore plus concrète avec le récent dépôt par la marque Nike de plusieurs demandes auprès de l’Office américain des brevets et des marques afin de déposer leurs logo sur des marchandises virtuelles. De très nombreuses critiques ont émergé suite à ces annonces, les comparaisons à certaines dystopies tout droit venu de la science fiction affluant avec les craintes de dérives. De nombreux journalistes et commentateurs viennent relativiser cette annonce rappelant que les technologies ne sont pas prêtes ou encore que ce changement a pour objet de faire oublier la tourmente dans laquelle se trouve l’entreprise notamment depuis les révélations de Frances Haugen.
SOURCE :
Second Life : l’OVNI qui a voulu révolutionner internet, Sylvqin, Youtube :
Le Monde, Animal Crossing, le grand jeu du confinement :
Le parisien, Fornite, un concert du rappeur Travis Scott rassemble plus de 12 millions de joueurs :
Le Monde, Le nom de méta a fait naître dans les esprits la perspective d’un Facebook post-Zuckerberg :
France Info, Facebook Files :
Conférence Méta du 28 octobre 2021 :