Introduction
Certains pays, et certains plus que d’autres ont recours à la censure sur le web.
Qu’il s’agisse des contenus publiés sur Instagram ou sur Tiktok, le recours à la censure peut être facilement justifié. En revanche, lorsqu’il s’agit de réseau sociaux à but professionnel tel que Linkedin, l’utilisation abusive de la censure ne semble pas être réellement justifiée.
Linkedin : un réseau dans le but d’aider la recherche d’emploi
Détenu par Microsoft et créé en 2003, Linkedin est un réseau social différent de ceux dont on a l’habitude de retrouver au coeur des polémiques.
En effet, il s’agit d’un réseau social professionnel sur lequel deux types de comptes existent : d’une part les comptes d’entreprises qui leur permet de mettre en avant leurs activités et leurs actualités et d’autre part les comptes personnel qui permet à chaque individu de mettre en avant des CV, leur parcours ainsi que leurs expériences.
Même si les objectifs de ce réseau sont nombreux, l’objectif premier reste la mise en relation entre professionnels.
Accessible à travers le monde, c’est en Chine que ce réseau s’est vu imposer des barrières au niveau de sa fonctionnalité et de son contenu.
Cependant, ce n’est pas le premier, et certainement pas le dernier réseau social à poser problème en Chine. En effet, Facebook, Google ou encore Twitter étaient déjà indésirables.
Le contrôle étouffant par le gouvernement chinois : la grande muraille numérique
La Chine est un pays dans lequel l’information ne peut pas circuler librement, Linkedin était l’un des derniers réseau social à encore être présent sur le territoire chinois mais ce n’est pas sans de nombreux rappels à l’ordre ayant entraîné des multitudes de modifications de la plateforme qu’elle a su persévérer.
En dépit de la censure, des mesures de régulation, des rappels à l’ordre ou encore des amendes, Linkedin était l’un des seuls groupes à s’imposer en Chine.
parvenait En effet, exclusivement pour la Chine, Linkedin avait du mettre en place une version de la plateforme personnalisée en 2014 afin de répondre aux exigences du pays.
« Nous savions qu’opérer une version locale de Linkedin pour la Chine impliquerait de respecter le cadre donné par les autorités chinoises aux plateformes internet. Nous supportons fermement la liberté d’expression, mais avions adopté cette approche afin de créer de la valeur pour nos membres en Chine et dans le monde entier », a fait valoir LinkedIn.
Le contrôle omniprésent de la Chine sur cette plateforme ainsi que les exigences sans cesse renforcées en matière de conformité et de règlement avait poussé les créateurs de Linkedin à revoir leur mode de fonctionnement.
Même si de nombreux chinois sont parvenus à trouver un emploi par le biais de ce réseau social, il n’en demeure pas moins que le côté social de la plateforme posait de réels problèmes au sein du territoire chinois.
Les exigences toujours plus accrues ainsi que la loi sur la protection des données personnelles chinoise permettant aux autorités chinoises d’accroitre leur contrôle sur les grandes firmes avaient donc poussé Linkedin a retiré la partie « sociale » de la plateforme afin de limiter l’utilisation du réseau aux recrutements et aux CV.
Plus tard, en mars 2021, Linkedin avait temporairement « gelé » l’enregistrement de client dans le but de se mettre en conformité avec les nouvelles règles de la Chine. Des comptes avaient été supprimé : des militants, des journalistes, des chercheurs de tous les pays pour cause de « contenu interdit » par les autorités chinoises.
« Nous faisons face à un environnement opérationnel difficile et à de plus grandes exigences en matière de conformité aux règlements en vigueur en Chine »
Ainsi, du fait de son environnement de développement difficile et restreint, Linkedin a décidé de se retirer de ce pays.
La loi sur la protection des données personnelles chinoises : un casse-tête pour les entreprises étrangères
En temps que grande puissance mondiale, il est indéniable que la Chine produit et stocke une quantité astronomique de données quotidiennement. La Chine a donc décidé de renforcer ce stockage en faveur de la protection des données. Pour ce faire, une loi sur la sécurité des données est en vigueur depuis le 1er septembre ainsi qu’une loi sur la protection des données personnelles inspirée du RGPD en vigueur depuis le 1er novembre.
Toutes les entreprises sont donc désormais obligé de contrôler leurs pratiques de stockage ainsi que le traitement des données pour être en conformité avec les nouvelles exigences.
En ceci concerne les filiales étrangères, ces nouvelles exigences ne sont pas synonymes de bonne nouvelle. En effet, le cadre réglementaire chinois restreint considérablement leur transfert à l’étranger. En d’autres termes, les données chinoises doivent être stockées en Chine et traitées en Chine.
Une décision radicale mais pas alarmante
C’est dans une décision du 14 octobre 2021 que le groupe Linkedin a déclaré se retirer du territoire chinois à cause du contrôle toujours plus exigent des autorités chinoises. À la fin de l’année 2021, Linkedin va donc mettre fin à la version locale de la plateforme.
Cette décision peut presque s’apparenter « sans regret » du fait que les activités chinoises représentaient d’après Brad Smith, président de Microsoft, moins de 20% du chiffre d’affaire du réseau social. Il ne s’agit donc pas d’une perte considérable.
Linkedin mis en retrait mais pas vaincu
Afin que la population puisse continuer à accéder au réseau Linkedin lorsque celle-ci sera arrêtée sur le territoire, les habitants devront passer par la version locale pour accéder a la plateforme mondiale.
Cependant, Linkedin ne s’avoue pas vaincu par les nouvelles exigences de cette puissance mondiale.
Plus tard, les créateurs de Linkedin vont lancer une nouvelle application en Chine dans le but d’aider les entreprises chinoises ainsi que ses habitants à trouver des offres leur convenant.
Afin de respecter les règles énoncées par les autorités chinoises, cette nouvelle application surnommée « InJobs » ne disposera pas de flux de social et ne permettra pas non plus le partage de publications ou d’articles.
De ce fait, la disparition de Linkedin sur le territoire chinois n’est que temporaire.
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SOURCES
LEPLÂTRE S., « Pourquoi LinkedIn a décidé d’abandonner ses activités en Chine », publié le 15 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr/economie
BERNARD L., FOSSAT M., « Chine : LinkedIn annonce son départ du pays, soumis à de strictes régulations », publié le 18 octobre 2021, accessible via www.europe1.fr/culture
CAGAN A., « Avec LinkedIn, c’est le dernier gros réseau social américain qui quitte la Chine », publié le 14 octobre 2021, accessible via www.numerama.com/politique
SCHAEFFER F., « Chine : la loi sur la protection des données, nouveau casse-tête pour les entreprises étrangères », publié le 23 septembre 2021, accessible via www.lesechos.fr/monde