Dans la continuité d’une collaboration entre numérique et écologie, les entreprises créatrices des data centers développent de nouveaux moyens de nature à limiter au mieux les effets négatifs engendrés par la révolution numérique.
A cet égard, un ensemble d’entreprises, internationales et françaises, ont modifié leurs lignes directrices afin de se conformer aux exigences de préservation de l’environnement.
En France, a été conçu « Marilyn ». C’est le nom donné à l’un des premiers data centers écologiques, créé pour une grande partie par CELESTE – fournisseur d’accès à Internet et hébergeur Cloud sécurisé –. Il s’agit d’une réelle innovation pour les services numériques durables, qui a vu le jour en 2012.
Qu’est-ce qu’un data center ?
Traduit en français par « Centre de données », les data centers sont des infrastructures qui se composent à la fois d’un réseau d’ordinateurs et d’espaces de stockage. Elles concentrent un nombre incalculable de données, et ont pour objet de les organiser, traiter, stocker et entreposer. Les données peuvent être celles d’entreprises privées comme d’établissements publics. Toutes les entités ont la responsabilité de protéger les données qu’elles collectent, et c’est dans un souci de facilité, qu’elles vont généralement faire appel à ces data centers.
Mais les centres de données sont en réalité d’une complexité technique. On retrouve une multitude d’éléments nécessaires au bon fonctionnement d’un centre, tous liés les uns aux autres afin de créer un système interconnecté. Il y a notamment des serveurs, des commutateurs de réseau, des routeurs, mais aussi des câbles et des racks physiques – support accueillant les équipements informatiques conçus de façon à améliorer l’efficacité de gestion et de fonctionnement des réseaux des data centers –.
Outre les éléments nécessaires à l’activité du système, celui-ci doit, pour fonctionner, trouver une source énergétique suffisante. Ainsi, le data center va collaborer avec un ensemble d’acteurs afin d’obtenir « un système de distribution d’énergie, un commutateur électrique, des réserves d’énergie », mais aussi « des générateurs dédiés au backup, un système de ventilation et de refroidissement, et une puissante connexion internet ».
L’augmentation de l’énergie consommée par les data centers
Face au développement constant du Numérique dans notre société, qui constitue une avancée dans le secteur de la technologie de l’information (IT), il ne faut pas oublier la consommation d’énergie qui en découle parallèlement.
Effectivement, d’après l’organisation Greenpeace, la consommation d’électricité a augmenté concernant l’alimentation des data centers. Elle est passée de 15% à 21% entre 2012 et 2017. Or, on sait que la consommation énergétique contribue au réchauffement climatique par les émissions de gaz à effet de serre qu’elle produit.
Cependant, il n’existe aujourd’hui pas d’obligation légale faite aux data centers de mettre en place des méthodes écologiques, ni d’établir un affichage environnemental comme il a pu être fait récemment pour les fournisseurs d’accès internet et les opérateurs télécoms avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) modifiée, applicable au 1er janvier 2022. Les data centers ont de ce fait le choix quant à l’établissement d’un affichage de leurs impacts environnementaux. Toutefois, dans un souci de transparence, les entreprises ont peu à peu développé cette pratique.
Il leur est par ailleurs de plus en plus demandé de communiquer leurs données environnementales. Le décret Eco Energie Tertiaire du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire, les oblige d’ailleurs à optimiser et télédéclarer les consommations énergétiques produites par leurs bâtiments sur la plateforme OPERAT de l’ADEME. De plus, l’Arcep s’impose dans le domaine en souhaitant élargir le champ d’application de son « baromètre environnemental » en collectant les données sur l’empreinte environnementale des data centers.
En outre, le législateur tente depuis quelques années de faire participer les centres de données à la transition écologique. On retrouve notamment la Loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, qui présente un Chapitre IV, Promouvoir des centres de données et des réseaux moins énergivores. Ainsi, cette loi tend par exemple à renforcer les conditionnalités environnementales des data centers quant au tarif réduit de la taxe intérieure de consommation finale d’électricité (TICFE), et commence à s’appliquer cours 2022.
La contribution volontaire des data centers à l’écologie par l’usage d’énergies renouvelables
Pour lutter contre la hausse des effets néfastes provoqués par la construction et la mise en fonctionnement des data centers, et contribuer ainsi à la préservation de notre planète, plusieurs acteurs ont décidé de proposer des moyens tendant à la diminution de la consommation nocive d’énergie, pour laisser place à l’énergie renouvelable. Parmi ces acteurs il y a notamment les géants du net tels que Facebook et Apple, qui se sont engagés à faire fonctionner leurs data centers grâce aux énergies renouvelables. A ce titre, on retrouve par exemple Microsoft qui entend atteindre 70% d’énergie renouvelable en 2023.
L’implantation d’un nouveau data center en France construit dans une logique de protection environnementale
Dans l’idée d’un traitement de données écologique, l’entreprise Equinix, qui est aujourd’hui un leader majeur dans la fourniture de data centers et celle de services d’hébergement d’infrastructures, est venue s’implanter à Saint Denis, dans la région parisienne, au début du mois d’octobre 2022. Elle travaille notamment avec Netflix, ou encore Cisco.
Néanmoins, ce n’est pas le premier data center de l’entreprise, puisqu’il s’agit du dixième installé dans la région parisienne, et le plus gros à ce jour. Il se nomme PA10 et présente la particularité de disposer d’un toit végétalisé, où sont cultivés des fruits, des légumes et des herbes aromatiques, ce qui lui a valu le nom de data center dit “agricole”. Les végétaux sont cultivés sous serre, et sont nourris grâce à la technologie de récupération de chaleur, ainsi qu’à un système de récupération d’eau dont l’usage permet d’alimenter un système hydroponique – culture des végétaux hors-sol et dans l’eau, nourris grâce à un substrat irrigué par une solution nutritive –. Tous ces systèmes sont notamment utiles quant à la réduction de la consommation de l’eau.
De plus, ce nouveau data center a pour ambition forte d’exploiter « la chaleur fatale » à des fins industrielles. Par exemple, la chaleur permettra de chauffer le centre aquatique olympique, ou encore le réseau de chaleur du Syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique (SMIREC).
D’une superficie de 11 200 m² présentant une capacité de 2 100 racks, le nouveau data center comprend des infrastructures et des matériels en nombre élevé, lui permettant de devenir l’un des plus importants centres de traitement de données en France.
« Les racks empilés représentent huit fois la hauteur de la Tour Eiffel ou encore le poids de deux Airbus A380 », a énoncé Régis Castagné, Président d’Equinix France.
La mise en place d’un data center local à impact positif
Outre ce leader mondial, de plus petits acteurs tentent eux-aussi de faire leur place dans le secteur des data centers, comme c’est le cas pour la société française Stratosfair. Créée en 2020 à l’initiative de Bérenger Cadoret, Stratosfair souhaite mettre en place un « Datacenter local à impact positif », qui serait « écologique, local et souverain », et « en bas carbone ».
C’est le jeudi 24 février 2022, que la communauté de Lorient a inauguré la construction du premier data center de l’entreprise, qui entend par ailleurs s’étendre et en créer un second, cette fois-ci sur le territoire d’Angers.
Dans le cadre de ce nouveau Centre de données, l’entreprise a usé d’une multitude d’éléments qui se veulent écologiques et moins énergivores. On peut ainsi retrouver des murs végétalisés, un système de récupération des eaux de pluie, ou encore l’utilisation d’une énergie faite à partir des panneaux solaires. De plus, le data center se veut écologique et national dans son contenant, puisqu’il est constitué à partir de « conteneurs maritimes recyclés par une entreprise bretonne », qui peut évoluer au gré des nouveaux besoins.
Vers de nouveaux types de data centers ?
Dans la même ambition, Microsoft a réalisé en 2018 une expérimentation inédite : un data center sous la mer. Les serveurs de ce centre de données seraient alors refroidis grâce à l’eau de mer, rendant ce nouveau système plus écologique et moins coûteux.
Après la mer, de nouvelles ambitions se forment quant à l’envoi de data centers dans l’espace. Le lundi 14 novembre 2022, l’entreprise aérospatiale Thales Alenua Space a annoncé être sélectionnée par la Commission européenne « pour mener l’étude de faisabilité ASCEND (Advanced Space Cloud for European Net zero emission and Data sovereignty) portant sur l’installation de data centers en orbite ». Cette étude s’inscrit dans le cadre du programme Horizon de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation entre 2021 et 2027, ainsi que dans l’objectif Green Deal de neutralité carbone d’ici 2050.