Lundi 21 novembre, Cyril Hanouna, animateur de l’émission Touche pas à mon poste, s’est exprimé sur la nouvelle émission d’Alain Chabat, Le Late Show. Il s’est exprimé dans son émission elle-même devant toute son audience et a affirmé que cette émission d’Alain Chabat est <<l’accident industriel de l’année>>, ou encore que : <<On a des infos, sachez que l’émission coûte, à chaque numéro, 500 000 euros, C’est 5 millions les 10 émissions>> selon Cyril Hanouna. En tant que Baba, vendredi dans Touche pas à mon poste, il a ajouté par la suite que l’émission coûte 400 00 euros de création et 100 000 euros pour inviter les personnalités qui se présentent dans l’émission.
Ces propos ont provoqué une réaction au niveau de TF1 le samedi 26 novembre qui, dans un communiqué a annoncé son intention de saisir l’Arcom en tant qu’autorité de régulation des services de médias audiovisuels en raison de ces “informations mensongères”. La chaîne a démenti les propos d’Hanouna en déterminant que <<toutes les personnalités ont participé à titre gracieux et amical>>. Il faut aussi ajouter que la chaîne a demandé à Hanouna de se prononcer dès lundi 28 novembre dans Touche pas à mon poste pour démentir ces propos. Sur ce point, Cyril Hanouna n’en démord pas et se moque de la chaîne sur Twitter par son tweet : <<Ok les loulous on va en parler lundi ! Mais quand vous faites venir un groupe de Los Angeles c’est gratuit ? On va affiner notre enquête et on donnera tous les chiffres. Et les audiences on les a inventées ? Désolé de donner les vraies audiences !>> La chaîne a précisé dans son communiqué que ce type de propos ne sont pas sans précédents et que la chaîne a bien l’intention de se réserver <<le droit de défendre ses intérêts par toute autre voie>>.
Une possible mise en action des prérogatives de l’Arcom
Mais qu’est-ce que signifie une saisine de l’Arcom pour informations mensongères de nos jours ? L’Arcom effectue un travail de gendarme pour la régulation de l’audiovisuel mais loin de le réduire à ce rôle, la loi lui confie des missions qui recouvrent à la fois la protection de la liberté de communication, le respect des personnes et du public, la régulation technique et économique du secteur et des actions d’intérêt général et de cohésion sociale.
Et ici, son travail est tout indiqué. En effet, dans ce cas, il peut s’agir d’informations mensongères que Cyril Hanouna nous fournit à travers son émission et son compte Twitter, ce qui peut par ailleurs le placer dans le cadre de la diffamation publique et l’information mensongère.
En particulier, la loi du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information confie au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) le soin d’établir un bilan de l’application et de l’effectivité des mesures mises en œuvre par les plateformes pour lutter contre la diffusion de fausses informations. C’est à dire qu’il est un acteur de contrôle des moyens mis en œuvre par les plateformes pour le combat contre les informations mensongères.
L’Arcom, si saisie d’une situation à traiter, pourra visionner les éléments causant le conflit et donner son avis sur la situation et ces recommandations. Ces recommandations peuvent servir dans le cadre d’une attaque en justice pour prouver l’illégalité de l’action de l’autre partie et peut amener par la simple publication de la décision de forcer l’autre partie à réagir pour corriger son propos.
Ici l’information présumée mensongère touche à l’intégrité du programme d’Alain Chabat, il est possible que non seulement ces informations pourraient se trouver être diffamatoires sur l’intégrité de l’organisation de l’émission tout en ternissant sa réputation, en lui donnant une image de programme peu populaire.
En ce sens, pour Cyril Hanouna, la situation pourrait finir en procès si jamais il ne retire pas ces propos et s’ils sont prouvés faux. Il n’aura que peu d’options pour éviter une condamnation sur le sujet car, étant dans une chaîne concurrente il ne pourra pas soulever la bonne foi comme moyen de défense et si l’information si prouvée, cela l’empêchera de produire une défense satisfaisante. Bien sûr, cela suppose que l’information soit fausse. Sans cet élément, l’animateur de Touche pas à mon poste n’a rien à craindre même si TF1 cherche à le poursuivre.
Un questionnement des pratiques Hanouna
Le problème se pose vraiment lorsque ce genre d’écarts sont répétés par un même animateur. Nous ne sommes pas sans savoir que les émissions de Cyril Hanouna battent des records d’audiences et de ce fait, rapportent bien à la chaîne qui les détient. S’il n’en est pas à sa première fois, il faut considérer comment son influence peut causer des dommages directs aux nouveaux programmes.
Peut-être faudra-t-il soulever la responsabilité d’Hanouna dans ce cadre un jour ?
https://www.csa.fr/Informer/Qu-est-ce-que-le-CSA/Les-missions-de-la-regulation-audiovisuelle