Tiktok reste la plateforme de médias sociaux à la croissance la plus rapide.
En 2023, la base d’utilisateurs de Tiktok devrait atteindre 1,9 milliard de personnes dans le monde.
Bien que Facebook domine toujours avec près de 2,6 milliards d’utilisateurs dans le monde, Tiktok affiche la plus forte croissance de la base d’utilisateurs.
La folie Tiktok n’a pas épargné la France, où l’application est de plus en plus utilisée.
- Elle compte 14,9 millions d’utilisateurs actifs mensuels en janvier 2021. Un chiffre qui a triplé entre l’année 2020 et 2021.
- 4 millions de Français sont actifs quotidiennement.
- L’audience se compose de 56 % de femmes et 44 % d’hommes. 38 % des utilisateurs ont entre 13 et 17 ans, 37 % entre 18 et 24 ans et 20 % entre 25 et 34 ans.
- Selon les chiffres de juillet 2020, 10 millions de vidéos sont partagées en France, avec 248 hashtags challenges créés et 5 milliards de vidéos sont regardées chaque mois.
- Les Français passent un peu plus d’1 heure par jour à regarder les vidéos du réseau social.
- Selon l’étude HypeAuditor, en 2020, Tiktok a un taux d’engagement de 19,32 % en France. C’est le 9e pays à posséder le plus grand nombre d’influenceurs.
Ces chiffres ne passent pas inaperçus devant les yeux du président Emmanuel Macron. Voilà les vocables qu’il rétorque lors d’un échange avec des professionnels de la santé mentale des jeunes : « Le premier perturbateur (psychologique), le réseau le plus efficace chez les enfants et les adolescents, c’est Tiktok. Ce réseau est d’une naïveté confondante. Ils ont 10.000 types très bien formés qui poussent des contenus. Il sait très bien ce que vous aimez », a-t-il estimé lors d’un déplacement près de Poitiers (centre-ouest). « Derrière il y a une vraie addiction des jeunes ».
Attaqué par l’ARCOM (Autorité de régulation des communications en France) et par le Président de la République, Emmanuel Macron, la plateforme Tiktok, qui n’a pas signé la charte sur la protection de l’image des enfants, a réagi. Il n’y a qu’« 1 % des contenus » qui « pose problème », a affirmé mercredi un dirigeant de la filiale française du réseau social chinois, alors qu’Emmanuel Macron avait jugé que la plateforme était d’une « naïveté confondante ». « Il y a à peu près 1 % des contenus qui posent un problème de manière générale », a déclaré Éric Garandeau, directeur des relations institutionnelles et affaires publiques France de Tiktok, venu exposer la politique de modération de la plateforme lors d’un colloque à l’Assemblée nationale consacré au « numérique et à la protection des mineurs ». « Le harcèlement correspond à (environ) 5,7 % » de ces contenus supprimés. « C’est une proportion faible mais on prend ce sujet très au sérieux », a-t-il complété, ajoutant qu’un tiers des utilisateurs du réseau social sont âgés de moins de 25 ans.
Le contenu de Tiktok pose un problème ou le président Emmanuel Macron veut protéger les adolescents contre les « somnifères numériques » ?
Le réseau social Tiktok soulève plusieurs questionnements quant à la pertinence de son contenu depuis sa montée en popularité des dernières années. Est-ce adapté pour les adolescents ? Que fait-on de la désinformation et de la cyber-intimidation ? Comment doit-on jongler avec cette nouvelle réalité ? Des professionnels du milieu démystifient les enjeux de cette plateforme.
Il est important de comprendre que Tiktok propose une toute nouvelle forme d’algorithme qui se distingue totalement de Facebook et d’Instagram, notamment. La manière de présenter le contenu permet à l’utilisateur d’avoir accès à des vidéos auxquelles il s’intéresse, sans avoir à s’abonner à des personnes spécifiques.
« Nécessairement qu’ils vont être attirés à cliquer sur ce genre de contenu-là parce que c’est intrigant, c’est divertissant. Je pense que l’algorithme rapidement va s’adapter à ça et c’est le genre de contenu qu’il va aller proposer à nos jeunes. » déclarait Marie-France Pouliot, responsable aux interventions à la Maison des jeunes Action Jeunesse de Trois-Rivières. Ce qui rend les utilisateurs encore plus accrochés à cette plateforme, c’est aussi la popularité des vidéos qui sont présentées. « L’algorithme, ce qui va mettre de l’avant, ce sont les contenus qui sont regardés plus que trois ou quatre secondes. Donc, ce sont toujours des contenus qui sont populaires qui te sont présentés ou qui savent qui va fonctionner en fonction de tes intérêts », continue celle qui travaille à son compte depuis peu en gestion de réseaux sociaux.
En ce sens, cette grande accessibilité au contenu et à la création peut aussi amener le public plus jeune à se retrouver avec des vidéos indésirables ou inadéquates pour leur âge. Les contenus touchant la sexualité, la drogue ou l’alcool vont en effet captiver les jeunes, peu importe leur tranche d’âge.
Il faut toutefois savoir qu’il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu et qui peuvent influencer les contenus qui se retrouvent dans la page «for you». « Ça varie beaucoup d’un jeune à l’autre, selon le contexte dans lequel tu regardes Tiktok, le contenu que tu vas regarder, comment tu vas en parler le lendemain avec tes amis », soulève pour sa part Emmanuelle Parent, cofondatrice et directrice générale du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL), ayant comme mission d’ouvrir la discussion sur les enjeux numériques affectant le bien-être des utilisateurs.
Au-delà du besoin de protection contre ces fléaux précités, le président français s’inquièterait profondément pour l’avenir de la jeunesse, pour l’utilisation utile de leur temps et surtout l’avenir de leur intelligence intellectuelle. L’éducation est la clé pour assurer aux jeunes une vie saine sur la plateforme afin qu’ils puissent identifier correctement les contenus inadaptés pour eux. L’emploi du vocable « naïveté » dans son propos dévoile parfaitement cette inquiétude. Ainsi, la facilité d’utilisation de la plateforme et la captation de l’attention conduiraient les jeunes à se dissiper plus qu’à travailler, une chose qui inquiéterait tout chef d’État, car le développement d’un État repose parfaitement sur sa jeunesse.
Allons-nous vers « une guerre » contre la plateforme Tiktok ?
La pression monte. Le Texas, le Dakota du Sud, la Caroline du Sud, le Maryland ont suivi l’exemple du Nebraska et interdit à leurs employés d’utiliser Tiktok. Le procureur général de l’Indiana a pour sa part engagé des poursuites concernant l’usage des données et la protection des mineurs.
Aux USA, trois membres du Congrès américain ont présenté un projet de loi visant à interdire à Tiktok d’opérer aux États-Unis.
Le sénateur républicain Marco Rubio et les représentants républicain Mike Gallagher et démocrate Raja Krishnamoorthi ont présenté un projet de loi visant à interdire au réseau social Tiktok d’opérer aux États-Unis
Le projet de loi est intitulé « ANTI-SOCIAL CCP Act », interdirait « toutes les transactions de toute société de réseau social en Chine, en Russie et dans plusieurs autres pays étrangers préoccupants, ou sous leur influence ».
L’introduction du projet de loi a été motivée par l’inquiétude que Tiktok, détenu par la société chinoise Byte Dance, pourrait être utilisé pour effectuer de la surveillance en collectant les données des utilisateurs américains. Ce n’est pas la première fois que les législateurs tentent de restreindre l’utilisation de l’application.
En août 2020, l’ancien président Donald Trump a signé un décret visant à interdire aux entreprises américaines de faire des affaires avec Byte Dance. Après une longue bataille juridique entre l’administration Trump et Byte Dance, le décret a finalement été annulé par le président Joe Biden mais l’idée a relevée de ses cendres.
Tiktok compte plus de 138 millions d’utilisateurs actifs mensuels aux États-Unis. Ce réseau social qui séduit les plus jeunes est particulièrement addictif, avec un temps passé sur l’application en moyenne dix fois supérieur au temps que l’on consacre à Instagram. Les utilisateurs y passent plus de temps à visionner de courtes vidéos réalisées par d’autres utilisateurs qu’à véritablement discuter avec leurs amis.
Cette volonté de d’interdire cette plateforme serait-elle une mesure contre la Chine ou une méfiance plus générale sur la sécurité des utilisateurs ?
Nous sommes dubitatifs sur la première question ; mais de la réponse la dernière est connue de tous, car Tiktok est toujours fustigé sur sa sécurité et surtout sur la protection des données personnelles au regard du RGPD. Même si Tiktok a promis d’héberger les données personnelles de ses utilisateurs américains aux États-Unis, chez Oracle, avec des règles d’accès rigoureuses pour éviter toute interférence d’une puissance étrangère, les parlementaires craignent que ces données ne partent en Chine.
Par ailleurs, démocrates et républicains critiquent les périls de l’addiction des enfants et des contenus dangereux. Il est en effet facile de s’inscrire sur le réseau social en prétendant à tort avoir treize ans ou plus, et tout est fait sur ce réseau social pour mettre en avant des vidéos souvent futiles mais ayant un côté addictif.
Sources