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L’influenceur nationaliste Le Bracq deepfaked : vers une extension de la provocation au meurtre

Publié par Sofiane Kobbane le 22 décembre 2025 dans Internet / Numérique : Actualités, Notes d'actualité | Consulté 6 Fois

par Sofiane KOBBANE, étudiant du Master 2 Droit des communications électroniques

L’image actuelle n’a pas de texte alternatif. Le nom du fichier est : large_intR_8cvALXw8d-LoXylhUs_k2pzTLeeIkWr3jzVe3I.avif

À la fin du mois de septembre 2025, une vidéo « deepfake » générée par intelligence artificielle et mise en ligne par un internaute circule sur TikTok et X (anciennement Twitter) : on y voit le visage de l’influenceur nationaliste « Le Bracq », comptant plus de 130 000 abonnés et soutien revendiqué du Rassemblement national, substitué à celui de l’activiste conservateur américain Charlie Kirk, abattu le 10 septembre alors qu’il tenait un discours pro-Trump dans une université de l’Utah. Dans la foulée, un député, Thibaut Monnier, issu d’une formation classée à droite de l’échiquier politique, publie un communiqué dans lequel il dénonce une « provocation explicite au meurtre » à l’encontre de l’influenceur et indique avoir signalé ces faits au procureur de la République, conformément à l’article 40 du code de procédure pénale. Au-delà de ce cas singulier, la diffusion de ce montage relance la question de la façon dont le droit pénal et la jurisprudence peuvent saisir ces montages violents générés par IA et diffusés sur les plateformes en ligne.  

Un deepfake violent juridiquement incertain

La vidéo deepfake visant Le Bracq, mise en ligne par un internaute fin septembre 2025, a rapidement connu une forte viralité sur TikTok et X, générant des milliers de vues et de partages dans un contexte déjà marqué par une vague de montages autour de l’assassinat de Charlie Kirk. L’influenceur nationaliste, connu pour son soutien au Rassemblement national et ses prises de position sur la priorité nationale, a ensuite subi une vague de cyberharcèlement incluant insultes racistes et appels au suicide, amplifiant la polémique.​

Au regard de l’article 226-8 du code pénal, cette infraction de montage ou de contenu généré algorithmiquement sans consentement n’apparaît cependant pas constituée. L’article sanctionne en effet la diffusion uniquement « s’il n’apparaît pas à l’évidence qu’il s’agit d’un montage ou s’il n’en est pas expressément fait mention ». Or, dans le contexte médiatique saturé d’explications sur les deepfakes Kirk et compte tenu du rendu visuel du montage, son caractère artificiel est manifeste pour le public, ce qui conduit, en l’état du droit actuel, à l’exclure du champ de cette incrimination.

Quant à la provocation à commettre un crime prévue par l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 ou à l’apologie au sens de l’article 421-2-5 du code pénal, leur caractérisation semble tout aussi délicate. Ces infractions exigent un appel direct et intentionnel à l’imitation d’un acte criminel, comme l’illustre le cas de la chanteuse Izia Hiatus, dont les propos violents qualifiant Emmanuel Macron de « piñata humaine » à « péter » ont fait l’objet d’une enquête classée sans suite faute d’intention incitative claire. Un simple visuel, sans texte ou discours incitatif accompagnant la vidéo, peine à remplir ces éléments constitutifs. À ce jour, la jurisprudence française ignore totalement les deepfakes de ce type sur le terrain de la provocation ou de l’apologie, laissant le droit pénal face à un vide interprétatif.

Perspectives d’évolution jurisprudentielle face aux deepfakes

L’affaire Le Bracq intervient alors qu’une autre vidéo générée par intelligence artificielle, prétendant annoncer un coup d’État en France, a suscité une forte réaction politique et médiatique à la mi-décembre 2025. Tournée comme un flash spécial d’actualité, cette séquence met en scène la « chute » d’Emmanuel Macron dans un contexte de prise de pouvoir militaire et cumule plus de douze millions de vues sur Facebook, au point de tromper un président africain qui s’est cru obligé de vérifier la situation auprès de l’Élysée. Malgré la colère du chef de l’État et un signalement via la plateforme Pharos, Meta refuse de retirer la vidéo et se contente d’apposer un avertissement indiquant que le contenu peut avoir été créé ou retouché numériquement.​

Face à la multiplication de ces deepfakes politiques, qu’ils rejouent un assassinat comme dans le cas de Le Bracq ou qu’ils simulent un coup d’État, la question se déplace désormais sur le terrain de l’interprétation des incriminations existantes. Un premier scénario consisterait en un durcissement jurisprudentiel, les juges étant tentés d’élargir la notion de provocation ou d’apologie pour englober certains montages violents, en tenant compte de la viralité des images, du climat de cyberharcèlement et de la perception du public, même en l’absence de paroles explicites appelant au passage à l’acte. Un second scénario, plus conforme au principe de légalité des délits et à la jurisprudence européenne protectrice de la liberté d’expression et de la satire, maintiendrait une lecture stricte des textes, en réservant la qualification de provocation aux contenus comportant un appel direct et sérieux à commettre le crime et en renvoyant les lacunes actuelles à une éventuelle création législative d’un délit spécifique lié aux deepfakes violents. En définitive, l’affaire de l’influenceur nationaliste Le Bracq ne marque pas encore un tournant, mais elle révèle clairement les limites du droit pénal face aux images générées par intelligence artificielle. Entre un texte sur le montage qui joue peu dès lors que le caractère artificiel de la vidéo saute aux yeux et des infractions de provocation ou d’apologie pensées pour des appels explicites à la violence, le juge se retrouve confronté à des contenus qui échappent aux catégories classiques tout en produisant des effets bien réels sur les personnes visées et sur le débat public. Reste à savoir si les prochains dossiers de deepfakes violents conduiront la jurisprudence à étirer les qualifications existantes, au risque de rogner sur la liberté d’expression, ou si le législateur finira par tracer lui-même les contours d’un régime spécifique pour ces nouvelles formes de manipulation des images et des consciences.

Sources :

  • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000049571542
  • https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/JORFTEXT000000877119/LEGISCTA000006117648/
  • https://www.leclubdesjuristes.com/justice/provocation-a-commettre-un-crime-les-propos-de-la-chanteuse-izia-a-lencontre-demmanuel-macron-et-la-protection-de-nos-elus-685/
  • https://x.com/Le_Bracq/status/1996210041930809495
  • https://x.com/AllegretPilot/status/1996206731395784962
  • https://x.com/FraudeurDuFisk/status/1994881989598425273?s=20
  • https://www.lejdd.fr/Societe/les-gauchistes-se-permettent-tout-un-influenceur-subit-un-torrent-de-haine-apres-avoir-denonce-lassassinat-de-charlie-kirk-162051
Publié dans Internet / Numérique : Actualités, Notes d'actualité | Tag(s) : Cyber-harcèlement, Deepfake, harcèlement, IA, incitation à la violence, intelligence artificielle, liberté d'expression, politique, réseaux sociaux

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