LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EST-ELLE EN DANGER ?

L’intersyndicale des journalistes (SNJ, UST-CFDT, SNJ-CGT, SJ-CFTC, SJ-FO) a appelé la profession et les citoyens à se mobiliser le lundi 5 novembre à 13h30 à Paris devant l’Assemblée Nationale pour la journée européenne de la liberté de la presse, afin de réclamer une loi garantissant l’indépendance juridique des rédactions.
Organisée dans une trentaine de pays par la Fédération Européenne des Journalistes cette journée a pour objectif de « faire prendre conscience aux citoyens européens que le journalisme et l’information sont en danger ».

À l’occasion de cette manifestation, Reporters Sans Frontières a rappelé ses préoccupations concernant la situation de la liberté de la presse en France, qui figure au 31e rang mondial de sur 169 pays selon leur dernier classement, qui mesure le degré de liberté de la presse.
Au sein de l’Union européenne, seul l’Espagne, l’Italie, la Roumanie, Chypre, la Pologne et la Bulgarie font moins bien.
Selon Reporters Sans Frontières, « la protection du secret des sources des journalistes, l’évolution des dispositions légales entravant la liberté d’information (protection de la vie privée, délit de recel de violation du secret de l’instruction…) ainsi qu’un meilleur accès a l’information publique doivent êtres garantis, pour assurer aux professionnels un environnement favorable à leur mission ».
L’organisation est intervenue à plusieurs reprises auprès du gouvernement pour rappeler l’importance pour la France d’améliorer les conditions d‘exercice du métier de journaliste et la nécessité de garantir l’indépendance des médias, vis-à-vis notamment, des pouvoirs politique et économique. Ont été ainsi remises à Mme Rachida Dati et à son cabinet au ministère de la Justice, des propositions concrètes de modification de certaines dispositions législatives concernant notamment la protection du secret des sources. Certains cas de perquisitions, convocations, mises en examen de journalistes, et censure expliquent leur démarche.

Les syndicats de journalistes ont remis à leur tour leurs propositions aux députés accompagnées de leur pétition (www.intersj.info). Ils souhaitent principalement la présence d’une équipe rédactionnelle dans chaque titre, composée de journalistes professionnels travaillant dans la plus grande transparence.
Avant les élections présidentielles, le forum des sociétés de journalistes avait déjà demandé une modernisation législative des textes encadrant les médias, mais il n’avait pas obtenu de réponse. Jean-Michel Dumay, président de la société des rédacteurs du Monde (SRM) et nouveau président du Forum des sociétés de journalistes (SDJ), qui regroupe vingt-cinq SDJ de la presse écrite et audiovisuelle a proposé l’idée d’un « grenelle de la presse » qui aborderait tous les dossiers en suspens : financement, aides à la presse, indépendance, déontologie, pratiques professionnelles, éducation aux médias….

Malgré le fait que l’information de cet événement n’ai pas été relayée par les grands médias
(le journal du dimanche, Europe 1 et TF1 ayant autocensuré cette information), ils ont enfin été reçus par les députés qu’ils ont réussis à convaincre. Le PS et le PC ont reconnu le vide juridique en la matière et ont même proposé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’indépendance des médias. L’UMP quant à lui a reconnu avoir conscience du malaise profond de la profession et de l’intérêt des citoyens pour les médias. Philippe Cochet a déclaré vouloir plaider cette cause auprès des autres députés afin de mettre en place ce « grenelle de la presse ».
Du fait de l’absence de réformes depuis des dizaines d’années, il y a matière à légiférer !

Laeticia MIOT

Sources:
www.nouvelobs.com
www.lemonde.fr
www.intersj.info
www.rsf.org