En octobre 2010, le ministère de la culture a lancé la « carte virtuelle musique » destinée aux jeunes de moins de 25 ans. Une astuce pour que ces consommateurs se procurent de la musique sans enfreindre le droit d’auteur.
Le projet de cette carte a été élaboré au cours du rapport Zelnik « création et Internet » remis au ministère de la culture le 6 janvier 2010.
Il a pour objectif de permettre aux moins de 25 ans de se procurer légalement des titres musicaux à moitié prix.
En effet ceux-ci se procureront une carte virtuelle sur Internet, d’un montant allant de 5 à 25 euros, et leur permettant d’acheter pour le double de musique sur les 14 plateformes partenaires de l’opération.
L’autre moitié de la somme sera ainsi versée par le ministère de la culture qui prévoit un budget de 75 millions d’euros pour l’ensemble du projet.
Les consommateurs visés pourront alors télécharger légalement de la musique à moins 50% dans la limite de 50 euros par carte, aide gouvernementale comprise.
Quatorze plateformes sont partenaires de l’opération. On retrouve les « mastodontes » de la musique sur Internet : Itunes, Orange, Virgin, Fnac ; mais également de plus petites plateformes comme Deezer ou Starzik.
Ces sites ont du être préalablement labellisés par l’HADOPI. Cette labellisation permet d’assurer que « l’intégrité de l’offre de musique présentée sur le site Internet est proposée avec l’autorisation des titulaires des droits ».
Ce dispositif vient s’installer dans la logique de la promotion de l’offre légal sur Internet, comblant la quasi absence de promotion du téléchargement légal. Il assure un contrepoids face à la riposte graduée de l’HADOPI. Le caractère répressif est ainsi compensé par le lancement de la carte virtuelle, destiné à promouvoir marché numérique de la musique.
Ce dispositif clair et accessible va également avoir l’avantage d’éclairer les internautes mal informés sur les possibilités de téléchargement licite.
Enfin la carte virtuelle fait office de prévention de la sanction face à l’HADOPI et aux premiers effets de la loi Création et Internet de 2009.
Cette semi gratuité au bénéfice des jeunes internautes prendra fin en octobre 2012.
Chaque année seulement un million de cartes pourront êtres délivrées. Et afin de ne pas éviter que tous les achats musicaux en ligne ne se concentrent sur une ou deux plateformes principales, un maximum d’achat par an et par éditeur a été fixé à 5 millions d’euros.
Quelques semaines après le lancement de la carte musique 12-25, le bilan est positif (10 000 cartes vendues la première semaine).
Le démarrage n’a pas déçu le ministère qui se dit satisfait de ce dispositif en ce qu’il permettra de faire connaître la diversité de l’offre de téléchargement légal sur Internet. Frédéric Mitterrand rappelle que la carte se destine à encourager le respect du travail des artistes et des auteurs.
A noter que ce plan sur deux ans se donne pour but de privilégier le répertoire français dans l’offre proposée sur les plateformes partenaires.
La carte musique jeune n’est pour autant pas parfaite. Tous les éditeurs de musique en ligne ne figurent pas dans l’offre, et la limite d’âge fixée à 25 ans ne pourra pas être réellement vérifiée. Le téléchargement légal connaîtra probablement, lui aussi, ses fraudeurs.
La carte est également jugée comme « dépassée » et l’action du ministère « non adaptée aux besoins du actuels du web ».
Parallèlement à ces critiques, des sites manifestent une résistance certaine en établissant leur propre carte virtuelle de musique dans des conditions différentes de celle proposée par le ministère de la culture afin de contrer ce lancement. La plateforme Jamendo.com lance notamment sa « carte j’aime la musique » permettant à l’internaute d’accéder gratuitement à tout le répertoire.
Notons toutefois que cette maigre résistance ne doit pas être considérée comme néfaste pour la démarche gouvernementale eu égard aux cibles et champs d’actions qui diffèrent totalement d’une carte à l’autre.
Par ce lancement, le gouvernement essaye de renouveler le système économique du téléchargement légal en donnant un nouveau souffle à ce marché, encore insuffisant à combler le déficit du marché physique de la musique qui a perdu 60 points depuis 2003.
La carte virtuelle musique n’est pas révolutionnaire et devra faire ses preuves. Mais il ne faut probablement pas attendre d’elle une améliorations spectaculaire de la pratique du téléchargement légal.
Nathalie FOUQUE
Sources :
http://www.culture.gouv.fr/mcc/Actualites/A-la-une/Carte-musique-a-destination-des-12-25-ans
http://blog.lefigaro.fr/technotes/2010/10/la-carte-musique-jeune-essuie-les-critiques.html
http://www.carte-musique.gouv.fr/
http://www.ceriseclub.com/actualites/2010/11/04/5662/carte-musique-1225-deja-10-000-creations.html