KAZAA FORCÉ DE RETOURNER SUR LE DROIT CHEMIN

Kazaa, qui était devenu après la légalisation du site Napster le principal logiciel de téléchargement P2P (pair-à-pair) est sur le point de suivre les traces de son illustre grand frère. En effet, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a indiqué que le site était dans l’obligation d’ici le 5 décembre 2005 d’installer des filtres empêchant le chargement de musique sous copyright. Après la fermeture de leur confrère Grokster le 8 novembre dernier par une décision de la Cour Suprême américaine, un vent de menace pèse sur l’ensemble des réseaux P2P non filtrés. D’autres décisions ont été prononcées récemment contre différents logiciels de téléchargement musical aux Etats-Unis, en Australie, en Corée du Sud et à Taïwan.

Pourtant les tenants du P2P avaient remporté toute une suite de bataille, puisque successivement en 2003 et 2004, les juridictions inférieures leur avaient donné raison en 1ère instance et en appel en s’appuyant sur la jurisprudence Betamax. En effet, la Cour Suprême en 1984 avait confirmé la légalité du magnétoscope de Sony, attaqué par Universal et Disney. Cela marquait les débuts du concept de copie privée, et mettait en place une protection en faveur des développeurs d’une technologie qui ne pourrait pas être attaqué pour l’utilisation détournée qui pourrait en être faite.
L’avenir du P2P semble être dans le téléchargement payant. C’est ainsi que Napster s’est reconverti à partir du printemps 2002. Et c’est également la voie que devrait suivre le service similaire Grokster, qui pourrait renaître de ses cendres dans un nouveau service baptisé Grokster 3G, créé en coopération avec le géant Sony, tout cela dans un cadre entièrement légal et payant.

Le système de filtre imposé au logiciel Kazaa permettrait de bloquer l’accès à des œuvres d’une grande diversité de musiciens, allant des grands noms comme par exemple les Beatles et Madonna, jusqu’à des artistes locaux. Plus de 3000 mots-clés devraient ainsi être défini par les maisons de disque, qui pourront être réactualisés tous les 15 jours.

Le choix de Kazaa semble donc assez limité : se convertir ou périr. Le Kazaa légalisé et filtré correspondrait à l’idéologie se cachant derrière le principe du P2P : permettre à une large communauté d’échanger leurs fichiers libres de droits. C’est cet idéal qui avait conduit la Cour Suprême Américaine au premier abord à défendre ce type de logiciel. Mais même les autorités judiciaires ne croient plus à cette utopie, et la communauté Kazaa va probablement s’envoler vers des cieux plus cléments en la forme d’autres logiciels de P2P non filtrés.

Sources :
– Le Journal du Net (www.journaldu.net.com)
– L’Expansion (www.lexpansion.com)
– Whynet (www.whynet.org)

Benjamin SARRAT