La démission, quelque peu surprenante, de Bertrand Eveno, de la présidence de l’AFP, laisse celle-ci sans patron. Alors que ce dernier s’était engagé à augmenter de 2% par an ses abonnements, sa décision de partir un an avant la fin de son mandat est plutôt étonnante. Serait-ce suite à la motion de défiance votée le 17 novembre dernier, jour de la démission, par près de 85% de ses salariés ? La motion a été votée en raison de la transmission par l’Agence à un officier de police judiciaire, de photos, prises par l’un de ses photographes, d’une agression d’un policier en civil lors d’une manifestation contre la privatisation de la SNCM à Bastia. Pour les syndicats et la société de journalistes de l’AFP, il s’agissait d’un grave manquement aux règles déontologiques de l’Agence qui conduit à présenter les journalistes comme des auxiliaires de police. Selon Monsieur Eveno, c’est à la demande d’un magistrat instructeur agissant sur une plainte de la police nationale que l’AFP s’est inclinée, invitant ainsi la perquisition. Celui-ci a ajouté que sa démission n’était en rien liée au vote de la motion de défiance mais pour des motifs personnels et privés. C’est donc dans un climat plutôt délétère que l’ancien directeur laisse vacant son poste. L’Agence doit donc retrouver sa tranquillité en choisissant un nouveau patron. Trois candidats ont officiellement postulé : Xavier Ellie, 58 ans, ancien directeur général de la Socpresse ; Pierre Louette, 42 ans, conseiller à la Cour des comptes et actuel directeur général « gestion » de l’AFP ; et enfin Bertrand Marcout, 57 ans, un ancien journaliste de l’AFP. Marc Teissier, ancien président de France Télévision, dont le nom avait circulé avec insistance, n’a finalement pas déclaré sa candidature. Dans les jours qui viennent, un comité de cinq administrateurs de l’AFP va auditionner les candidats et proposera un nom au conseil d’administration de l’agence, composé de quinze représentants de l’Etat, de l’audiovisuel public et de la presse. Le nouveau président sera désigné pour trois ans renouvelables, à la majorité qualifiée des douze voix ou par défaut à la majorité simple, à l’issue de trois tours de scrutin. Héritière de l’Agence Havas, l’AFP est l’une des trois agences mondiales au côté de l’Américaine Associated Press et de la britannique Reuters. Elle compte plus de 2.100 collaborateurs et 118 bureaux et diffuse 24 heures sur 24 des informations en six langues. Encore quelques jours de patience pour savoir quel candidat aura l’étoffe d’un patron.
Source : Stratégies, Libération et www.esj.com
Sophie CASTELLANI