LES MAJORS DE LA MUSIQUE ET DU CINEMA ETENDENT LEUR EMPIRE EN AMERIQUE LATINE

L’IFPI, représentant les majors de l’industrie du disque, ainsi que la MPA (Motion Picture Association), viennent de signer, en février, un mémorandum destiné à engager une politique anti-piratage dans les pays d’Amérique Latine. Le texte fixe également des orientations destinées à encadrer les travaux législatifs des différents Etats à ce niveau.

L’objectif poursuivi par les deux associations est de soutenir les réformes à venir tendant à interdire le copiage des œuvres (comme par exemple l’enregistrement des films en salles de cinéma, qui vient d’être pénalisé au Mexique), la mise à disposition des copies, le trafic des supports matériels, celui des données numériques via les fameux logiciels peer to peer,… En somme, il s’agit à nouveau de développer, dans cette région du monde, les mesures classiques de lutte anti-contrefaçon, découlant des accords ADPIC de 1996, et déjà transposées aux Etats Unis (avec le Digital Millenium Copyright Act), en Union Européenne (avec la European Union Copyright Directive), et dans ses Etats membres.

Une coopération accrue entre les deux associations et les législateurs nationaux, mais aussi les acteurs privés, devrait permettre de mener à bien l’application de ces mesures. Les marchés les plus importants, tels ceux du Pérou, du Mexique et du Brésil, vont même être suivis de très près car au-delà de la lutte contre le piratage et la contrefaçon, l’accord qui vient d’être passé prévoit de redynamiser les offres légales de musique et de vidéos, lesquelles ont particulièrement souffert ces dernières années.

Du coup, les deux associations se sont naturellement réparti les tâches.

L’IFPI va s’occuper du marché du disque, qui a vu les ventes chuter de 30 % ces cinq dernières années. La lutte contre le piratage sera renforcée au Mexique, au Brésil mais aussi et surtout au Paraguay, plaque tournante de la contrefaçon de supports. Des actions de promotion de l’industrie du disque internationale vont être menées, visant à affilier les producteurs locaux et à inciter les Etats à passer des accords avec le marché nord-américain. Le reste des mesures reste très classique, comme nous l’avons mentionné : encourager la lutte contre le piratage, soutenir les réformes visant à adapter les droits d’auteur à l’environnement numérique, développer les offres légales de musique en ligne ou autres, …

La MPA, quant à elle, semble davantage se concentrer sur la seule lutte contre le piratage au niveau international, et moins sur le développement des offres précitées. Elle représente les majors mondiales de l’industrie cinématographique et participe depuis longtemps déjà aux actions en justice menées contre les pirates. Son action en Amérique Latine devrait donc, a priori, se limiter aussi à ce seul rôle répressif ; selon ses représentants, cela suffira à revaloriser le marché local dans l’attente de futures mesures.

Cette politique, presque agressive, peut paraître décalée dans des Etats où les priorités ne sont peut être pas encore à l’heure du copyright, et où les incursions économiques nord-américaines sont mal perçues par les dirigeants en place (Evo Morales, Hugo Chavez).

Source : http://www.ifpi.org
Philippe MOURON