LE LANCEMENT DE DA VINCI CODE DE RON HOWARD

A quelques semaine de la sortie du très attendu Da Vinci code de Ron Howard, tiré du célèbre best seller de Dan Brown, la plus grande méfiance s’installe lors de la projection en avant première des quelques 36 minutes inédites du film. Toutes les mesures de sécurité ont été déployées : interdiction des téléphones portables, contrôle d’identité, vérification des sacs. Tout cet arsenal qui est, en fin de compte, banal pour une projection de presse d’un film américain à gros budget. Mais, dans ce cas, il s’agit plutôt d’éviter le piratage que les indiscrets.

En effet, cette adaptation ne cesse de faire des vagues depuis que Sony a annoncé le lancement de la production du film en septembre 2004. Ce long métrage, qui révèle que Jésus aurait eu une descendance, a, en premier lieu, déchaîné la critique, mais la polémique n’est pas née avec le film. Rares sont les livres qui auront provoqué un tel débat (écoulé à 40 millions d’exemplaire). En premier lieu, l’Eglise catholique a appelé à boycotter le film (et le livre), qu’elle considère comme une hérésie blasphématoire. En second lieu, deux des endroits principaux où est censé de dérouler l’action, l’abbaye anglaise de Westminster et l’église Saint Supplice, à Paris, ont refusé d’accueillir le tournage. « Dans la presse, on a dit qu’il y avait une manifestation contre nous, se souvient Ron Howard. Mais sur les 200, il y en avait 138, le livre de Dan Brown à la main, voulant un autographe de Tom Hanks ». Néanmoins, le contenu du film continu de déchaîner les passions, ce qui en fait un objet de contreverse.

La presse n’a donc pas pu accéder au plateau de tournage durant les 5 mois qu’a durant lesquels le film a été conçu. De plus, aucun des acteurs du film ne peut exprimer clairement son opinion sur la livre. De même, le réalisateur n’a pas voulu se prononcer sur le contenu du roman, lors du festival de Deauville. En cela, la ligne de défense apparaît progressivement. « Da Vinci code est une œuvre de fiction fascinante à adapter et une excellente occasion de divertir et de stimuler les conversations ». Newsweek fut le premier hebdo à en faire échos le 26 décembre. Un média choisi pour apporter de la crédibilité au film mais pas à son intrigue. Car, le scandale est à double tranchant. L’enquête, qui a fait le succès du livre fait peur aux producteurs. C’est ainsi que l’on voit depuis des semaines une campagne marketing qui met en avant le côté fictif des révélations et qui passe par la France où la critique est moins virulente. Pour cela, Ron Howard rêve d’une avant première au musée du Louvre mais le thriller a été sélectionné en ouverture du prochain festival de Cannes.

Néanmoins, le Louvres servira de base de lancement. Une centaine de journalistes ont été invité, deux mois avant la sortie mondiale, à visionner des séquences du film et a posé des questions au réalisateur et à Jean Réno. Les fameuses séquences retenues sont : le meutre du conservateur du Louvres (Jean-Pierre Marielle), la confrontation entre le flic, Bézu Fache (Jean Réno), et le professeur Robert Langdon (Tom Hanks) et une course poursuite mené par Sophie Neveu (Audrey Tautou). Pendant la projection, deux vigiles guettent l’utilisation de téléphone portable ou de magnétophone. On pourrait s’étonner de la seule présence de Jean Réno. Les autres membres du casting étaient occupés et on murmure que Tom Hanks est effrayé par la polémique et qu’il n’accorde aucun entretien.

Les américains prennent au sérieux le contenu du livre. Les organisations catholiques restent mobilisées. Pour essayer de les apaiser, Sony joue la carte de la discrétion. Alors, Da Vinci code est-il un cadeau empoisonné ou un don pour Sony. Toujours est-il qu’après une année désastreuse, le géant japonais n’a plus rien à perdre.

Source : Sophie Benamon pour Studio Magazine numéro 223

Audrey RAPUZZI