STATION RIPPER OU LE TELECHARGEMENT LEGAL ET GRATUIT

Voici sans doute le véritable cauchemar de l’industrie du disque : l’utilisation du logiciel Station Ripper. Après les frayeurs causées au droit d’auteur par des logiciels tels que Kazaa ou eDonkey, ce nouveau concept de logiciel permet, à la manière d’un bon vieux magnétophone, de récupérer les musiques au format Shoutcast qui proviennent des radios Internet puis de les enregistrer sur le disque dur d’un ordinateur.

Ce logiciel, créé par l’américain Greg Ratajik et donc exclusivement en anglais, rend possible la consommation gratuite de fichiers MP3 qui passent les uns à la suite des autres sur les radios Internet.
StationRipper s’est inspiré d’un logiciel plus ancien, StreamRipper, dont le code source a été généreusement offert à la communauté des développeurs par son créateur Jon Clegg. Apparu au début des années 2000, StreamRipper est né dans la continuité de Napster et de la passion nouvelle pour la musique au format MP3. Mais, rappelle Ratajik, « il ne pouvait enregistrer qu’un seul flux à la fois, l’interface était ennuyeuse, et il ‘était difficile de trouver des stations ». Le flux des radios sur Internet (stream), est aujourd’hui séparé, classé et enregistré par station Ripper, rendant ainsi autonome chaque fichier MP3.

Encore très récemment, l’enregistrement des émissions sur cassette audio était fréquent, mais le développement rapide du support CD a conduit les auditeurs à délaisser cette pratique. Le Peer to Peer a en quelque sorte permis de reprendre le flambeau de la consommation gratuite de musique, mais c’est bel et bien le logiciel Station Ripper qui reprend le concept exact de l’enregistrement sur cassette audio ; avec une certaine adaptation au monde numérique.

En effet, il existe aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de stations de radio sur Internet, et Station Ripper permet d’en télécharger près de 300 simultanément. Si la qualité était le plus souvent moyenne en enregistrant la radio auparavant, le numérique fait qu’il n’y a plus aucune déperdition du signal : le confort d’écoute est alors optimal.

L’utilisation est d’une simplicité et d’une efficacité saisissantes. Installé, Station Ripper affiche directement un écran où on peut piocher les radios favorites des internautes. Un petit moteur intégré permet d’effectuer une recherche par nom de radio, par artiste ou par chanson diffusée actuellement. Les publicités et les interventions des animateurs sont mises de côté, et si jamais deux radios passent le même titre à des heures différentes, pas de problème : StationRipper repère le doublon et n’enregistre pas deux fois la même chanson !
Pour peu que l’on dispose d’une connexion haut débit, l’enregistrement de plusieurs heures de musique se fait en moins d’une heure. De quoi rendre totalement folle l’industrie du disque.

Pourtant, Hervé Rony, le directeur général du Syndicat National des Editeurs Phonographiques SNEP, a reconnu : “Oui, Station Ripper est légal. Mais on ne va pas en rester là pour autant. Les flux de musique en continu doivent faire l’objet d’une réglementation pour éviter d’avoir des albums qui passent en boucle et limiter un type de diffusion qui facilitera la copie.”En effet, en France, la loi dispose que les ayants droits d’une chanson ne peuvent interdire « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ».

C’est exactement cette dernière restriction qui pose problème avec le Peer to Peer : l’upload, c’est-à-dire la mise à disposition des fichiers téléchargés, est illégal car ne constitue pas une copie réalisée pour le seul usage privé de la personne qui télécharge. En copiant, l’utilisateur copie également au profit de celui qui viendra copier à son tour. Avec Station Ripper, ces débats n’ont pas lieu d’être, puisque l’enregistrement d’une radio MP3 consiste uniquement dans le téléchargement, download, et non dans l’upload. La seule personne à mettre à disposition la musique auprès des utilisateurs est la station de radio, qui est censée avoir payé ses droits de diffusion à la SACEM ou à son équivalent national dans les autres pays.

On peut se demander quelle solution pourrait éliminer le téléchargement des fichiers audio légalement mis à disposition par des stations de radio Internet, car aucune solution n’avait été apportée par le législateur ou par la jurisprudence quand le problème s’était posé avec la copie sur cassette d’émissions de radio. Les droits d’auteur ne semblent pas pouvoir bénéficier de plus de protection qu’il y a 20 ans, malgré le développement des techniques qui les rend beaucoup plus vulnérables.

Sources : ratiatum.com ; l’internaute.com ; Lemonde.fr

Juliette PRAVIN