RADIOHEAD BOUSCULE L’INDUSTRIE DU DISQUE

Le groupe de rock anglais Radiohead vient très récemment, lors de la sortie de son nouvel album « In Rainbows », de jeter un véritable pavé la marre d’une industrie musicale déjà mal en point.
La formation a en effet décidé de se passer du système de distribution classique en mettant son disque à disposition du public exclusivement en téléchargement via son site Internet, à un prix fixé par le consommateur lui-même.
L’album, sous forme dématérialisée, est constitué de fichiers encodés au format mp3 de 160kpb, soit une qualité supérieure à celle du géant Itunes, et est dépourvu de tout DRM (Mesures techniques de protection)
Au moment du paiement, un simple formulaire remplace l’habituel ligne indiquant le prix : « It’s up to you » (« c’est à vous de voir »), indique-t-on. L’internaute est alors libre de fixer un montant situé entre 0 et 99 £. Le fan peut par ailleurs se procurer un coffret luxueux édité sur commande qui comprendra le CD lui-même, un deuxième composé de titres inédits, deux vinyles, un livre ainsi que des photos numériques, pour l’équivalent de 60 euros (40 £).

Cette façon pour le moins atypique de diffuser la musique, venant qui plus est d’une figure incontournable de la scène musicale internationale n’a pas manqué d’interpeller les professionnels du secteur.
Le directeur artistique d’une des principales majors déclarait au magazine Time : « C’est la première tornade d’une longue série qui s’abat sur l’industrie musicale », « si le plus grand groupe au monde peut se passer de nous, je me demande si nous avons encore une quelconque utilité »

Mais selon la formation originaire d’Oxford, il s’agit surtout d’un moyen de diffuser plus rapidement, et au plus grand nombre son art. Fatigué du contraignant calendrier promotionnel des majors, le groupe avait décidé en 2003 de ne pas prolonger son contrat qui le liait à EMI.
Pour le groupe, dont les derniers album ont remporté fort succès tant populaire que critique, le risque semble toutefois calculé. Mieux, il pourrait finalement toucher le jackpot.
Vendredi 12 octobre 2007, seulement deux jours après son lancement, 1,5 million de personnes auraient téléchargé l’album. La moyenne des prix payés serait de 5 £ (7,30 euros). Ces revenus reviendront en outre entièrement au groupe, désormais autoproduit : c’est dire si l’initiative est déjà un succès.
Cette démarche, restera peut-être une expérimentation isolée, tant elle est permise par la grande notoriété du groupe. Mais elle est en tous cas intéressante dans la perspective du débat sur le téléchargement illégal. Radiohead, habitué des prises de positions décalées, propose ainsi de nouvelles perspectives, dégagées de toutes stigmatisations de l’internaute, mais basées sur sa seule loyauté face à l’artiste et à son œuvre.
Sources :

http://www.time.com
http://www.lemonde.fr
http://www.rue89.com
http://www.lesinrocks.com

Nils ANSELME