LIBERTÉ DE LA PRESSE : LA FRANCE MAUVAISE ÉLÈVE

Le 20 octobre dernier, Reporters sans frontières (RSF) a publié son huitième classement mondial de la liberté de la presse. A cette occasion, on constate que la France se retrouve à la 43ème place et perd ainsi huit places cette année.
Etabli sur la base d’un questionnaire s’adressant aux médias, ce classement liste les atteintes dont les journalistes ont pu faire l’objet (agressions, pressions, censure…). La période prise en compte s’étend du 1er septembre 2008 au 1er septembre 2009.

« Il est inquiétant de constater que des démocraties européennes comme la France, l’Italie ou la Slovaquie continuent, année après année, de perdre des places dans le classement » a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.
L’hexagone n’est donc plus un exemple à suivre en matière de liberté d’expression et de presse.
Plusieurs causes peuvent venir justifier ce recul : la pression exercée par les politiques ou par de grands groupes industriels sur les journalistes, le non respect du secret des sources journalistiques, une inflation législative importante…

Dans le cadre de la réforme supprimant la publicité sur France Télévisions, la loi permet désormais au Président de la République de nommer le Président de France Télévisons. Ayant ainsi pour conséquence éventuelle, l’influence de l’Etat sur le contenu des programmes télévisés, et donc une restriction de la liberté d’expression.

Concernant la protection des sources : « pierre angulaire » de la liberté de la presse, elle est trop souvent méprisée. Pour exemple, lorsque Rue89 avait diffusé une vidéo, montrant Nicolas Sarkozy « en off » sur France 3, excédé du manque de politesse d’un technicien qui ne l’avait pas salué, leurs journalistes avaient été convoqués par la police et contraints à divulguer leurs sources.
Il est possible aussi d’évoquer l’intervention policière qu’avait subie fin novembre 2008, l’ancien directeur de la publication du journal « libération » ; intervention à son domicile qui avait fait grand bruit, en raison de son déroulement : fouilles au corps devant la famille du journaliste, menottes, mise en examen. Tout cela pour une banale affaire de diffamation.

Plus récemment « l’affaire Jean Sarkozy » sur France 3 Ile de France  est l’exemple parfait de l’influence des politiques sur les médias. Le 13 octobre dernier, France 3 Ile de France a obtenu une interview exclusive du fils du Président de la République sur la polémique qui a entouré sa candidature à la présidence de l’EPAD (Etablissement public pour l’aménagement de la région de la défense). Cependant, d’après Le Canard Enchaîné, en contre partie de cette exclusivité, la chaîne aurait accordé un traitement de faveur à Jean Sarkozy, se soumettant à ses exigences. En l’occurrence, le présentateur : Jean-Jacques Cros, Jean Sarkozy et son conseiller en communication : Christophe Lambert, auraient discuté des questions préalablement au direct.
En réaction, le journaliste a démenti cette affirmation dans une déclaration pour Le Nouvel Obs, mais avoue avoir répondu favorablement à deux demandes de Jean Sarkozy : interdiction d’être filmé en coulisses et refus de la diffusion au milieu de l’interview, d’un reportage montrant l’avis de plusieurs députés à l’Assemblée sur sa candidature. De même, le fils du Président a bénéficié d’un temps de parole de sept minutes au lieu de quatre habituellement.
La France n’est donc plus apte à donner des leçons en matière de libertés publiques, dans le reste du monde, étant donné qu’elle les respecte elle-même de moins en moins.

Sources :

http://www.lepost.fr
http://www.rsf.org/fr
http://www.rue89.com

Maëva FABY