Le paysage cinématographique connaît depuis quelques années de profondes mutations dues à l’essor de nouvelles technologies permettant l’exploitation de contenus cinématographiques sur des multi supports. L’arrivée de la Vidéo à la demande a permis l’entrée sur le marché du cinéma des opérateurs de télécommunication qui a nécessité l’adoption de règles visant à garantir la rémunération des œuvres cinématographiques ainsi que la promotion du cinéma français et européen. Pour la première fois, un opérateur de télécommunication signe le 10 novembre 2009, un accord pour une durée de cinq ans avec les organisations représentatives des professionnels du cinéma en France.
Cet accord que l’on peut qualifier d’historique permet de définir les engagements de l’opérateur (Orange) dans le cinéma français, prévoyant, « un investissement minimum de 80 millions d’euros sur trois ans dans le cinéma français et européen ». L’opérateur s’engage également à ce que 25 % de son obligation d’acquisition de films d’expression française concerne des films dont le budget ne dépasse pas 5,35 millions d’euros. Un soutien financier aux filières de la distribution et de l’exploitation est également prévu dans l’objectif de contribuer à l’équipement numérique des salles ainsi qu’un soutien à la diversité de la distribution. L’opérateur Orange, grâce à cet accord va pouvoir proposer un bouquet permettant d’offrir du contenu cinématographique « Orange cinéma séries ».De son côté, le 19 décembre dernier, le premier financeur du cinéma français, Canal + (174 millions d’euros investis dans 142 films en 2008) renouvelle son accord avec le cinéma français qui vient s’adapter aux nouvelles exigences du marché. Celui-ci prévoit notamment un soutien renforcé à la production au détriment des distributeurs et exploitants. La création d’une fondation d’entreprise dont l’objet sera le soutien à l’exploitation et à la distribution indépendante se substitue ainsi à l’aide à la distribution des films en salle dont le budget se voit divisé de moitié. À côté de ces modes de financement, il y a l’émergence d’un nouveau phénomène que l’on pourrait qualifier de « Financement participatif ». Si le web 2.0 a permis à l’internaute de devenir un émetteur (« journalisme participatif »), l’internaute après avoir investi dans le domaine musical (cf. le succès du chanteur Grégoire grâce au label MyMajorCompany) s’intéresse désormais au cinéma. Le site « people for cinéma » propose depuis le mois de novembre de participer à la distribution d’un long-métrage en cours de tournage en misant de 20 à 50 000 euros conférant ainsi à l’internaute « un droit aux recettes » en fonction du montant investit. D’autres sites comme « Touscoprod » dont le dernier film soutenu est « Le Bel-Age » de Laurent Perreau sorti le 30 décembre, permet également de participer à la production d’un film. Enfin, l’apparition récente du « Cinémantiel » lancé par le site « Pretatourner » consiste à communiquer en amont sur une œuvre et à organiser des évènements et soirées à thème en présence des équipes du film dans le but de financer le développement de l’œuvre et son adaptation en langues dites minoritaires. Le financement du cinéma par l’internaute serait-il alors un mode de financement émergent pour le cinéma ?
Sources :
• www.cnc.fr
• www.assembleenationale.fr/rap-info/i3642-asp
Tiffanie TABEAU