MY MAJOR COMPANY: LA NOUVELLE DOT-COM BUBBLE

«- Is she dead?
– No she’s resting her eyes for a minute. »
Kiss Kiss Bang Bang.

Fini soixante neuf, l’année érotique, la pianiste est morte tuée par Alain Baschung, la Betty Boop du cinématographe n’est plus Serge Gainsbourg mais Grégoire, le docteur Jekyll a été remplacé par Mister Hyde.

Elle est là, elle est partout, dans le métro, chez le coiffeur, au supermarché, à la télévision, à la radio, sur le téléphone portable, au cinéma, la musique est surtout dans nos têtes !
Certains estiment que l’homme aurait chanté avant de parler ; d’autres pensent que la musique a été fredonnée avant de s’exprimer. Mais si l’on en croit Marcel Proust « la musique est peut être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes ». Extrait de la Prisonnière. Est-il trop tard ?

Pour comprendre davantage ce que la musique représente, le meilleur conseil à suivre est sans doute celui de Oliver Wendell Holmes : « prends un bain de musique une à deux fois par semaine pendant quelques années et tu verras que la musique est à l’âme ce que l’eau du bain est au corps ».

Or aujourd’hui la musique tente de conquérir un nouveau public : les internautes.
Après Star Académy, Pop star ou encore La Nouvelle Star, c’est désormais la cyber production qui compose la mélodie. Certes il sera rare d’égaliser Atlantic qui, à l’époque d’une Amérique encore très raciste avait déniché et assuré la promotion d’un jeune drogué noir sous le doux nom de Ray Charles ; grâce au succès de son tube Toi + Moi, l’album de Grégoire s’est vendu à presque 300 000 exemplaires.

Internet est le lieu de création où chaque internaute peut y contribuer de la manière la plus absolue. Tout semble être à portée de main (ou de clic) ! Si vous pensez avoir ne serait-ce qu’une petite âme d’artiste en vous alors n’hésitez plus !
Considéré comme un véritable média, Internet tente de réduire cette limite qui existe entre la vie qu’on a et celle qu’on souhaite avoir, notamment dans le domaine de la musique.
Grégoire ne nous dira pas le contraire, lui qui considère que tout est possible, que tout est réalisable. Bien qu’il admette lui-même que sa chanson est sans doute un peu trop naïve, il a réussi à produire son premier album grâce aux internautes via le site mymajorcompany.com lancé en 2007. Alors arrêtez de miser sur la bourse pour faire fructifier  vos économies et devenez un investisseur de plus en plus prisé en sponsorisant un chanteur sur internet.

Le principe est simple: « Music is your business ».
L’internaute investit sur différents talents proposés sur le site internet. Autrement dit,  il achète des parts d’un artiste qu’il aime et qu’il souhaite produire (une part est égale à 10 euros). Une fois les 7000 parts acquises, l’album peut être enregistré et après la commercialisation du CD, l’internaute producteur perçoit, au prorata de sa contribution, 30% des recettes encaissées par My major company. Joyce Jonathan peut baisser sa garde !
Un autre concept semblable a vu le jour en 2008 avec une philosophie quelque peu différente de la précédente : « La révolution musicale est en marche ».
No Major Musik est un site ouvert à tous les artistes en vue de la production d’un single qui sera par la suite, une fois les 3000 euros atteints, vendu uniquement sur les sites de vente de musique en ligne. L’internaute auditeur mise sur les titres qu’il préfère et qu’il souhaite soutenir avec une participation de 6 à 900 euros et percevra par la suite 40% des ventes réalisées. Objectif acquis avec The Vernon Project qui nous propose leur premier titre « the cave of night ».

Alors qui a dit que l’industrie de la musique était en panne de stratégie de développement ?

Ainsi face à ces nouveaux usages qui ont l’air (et aussi la chanson !) de fonctionner, d’autres sites émergent. Un nouveau site kisskissbankbank.com (un fan de Shane Black peut être) offre aux internautes la possibilité de prendre en charge une partie du financement d’un album déjà produit contre des avantages en nature. Radio NRJ crée un site ayant pour but de dénicher les talents du Net. C’est ainsi que Universal Music Group s’est associé à Tune Core pour découvrir de nouveaux artistes prometteurs.

L’immatériel dans l’économie moderne est de retour, Nestcape peut retourner en studio d’enregistrement. My major company conserve sa place dans le top Ten et la frénésie des internautes fait monter notoirement  le cours de l’action de ce jeune label musical communautaire.
Fini le temps des yoyos… place au temps des yé-yés. Le Cac 40 est dans le rouge…

Internet ne s’arrête pas là, il est désormais possible  d’investir soit dans la production d’un film, soit dans la carrière de sportifs : Tennis-angels.com propose de devenir le parrain d’un tennisman qui stagne dans les derniers rangs du classement pour un montant de 20 euros minimum; Touscoprod.com permet aux internautes d’assister au tournage d’un film pour 10 euros minimum et de donner leur avis sur certaines décisions artistiques.

Comme dirait Gainsbourg « Jusqu’à neuf, c’est OK tu es In, après quoi tu es KO, tu es Out »
1, 2, 3, 4 … 9 !! « Allez, venez et entrez dans la danse ».

Sources :

http://www.mymajorcompany.com

http://www.lexpress.fr/culture/musique/les-internautes-prennent-le-pouvoir_512374.html

Oriane IBANEZ