Depuis le 8 novembre vous pouvez vous retrouver « Ce soir avec Arthur » sur la chaîne Comédie. Ce nouveau programme est présenté par l’animateur Arthur, de son, vrai nom Jacques Essebag.
Cette émission a fait une entrée fracassante dans le monde de la télévision. Le 22 novembre Craig Ferguson a accusé ouvertement et publiquement Arthur de plagiat.
The Late Late Show est un programme culte de la télévision irlandaise, né en 1948, et diffusé notamment sur la chaîne américaine Columbia Broadcasting System (CBS). Depuis 2005, Craig Ferguson présente cette émission tout en humour, satire et ironie. Y sont mêlés musique, interviews de célébrités, débats sur des questions de société, musique et marionnettes. Ce talk show est un véritable spectacle télévisuel qui a valu à Craig Ferguson le George Foster Peabody Award en 2010 : la plus prestigieuse récompense dans le domaine audiovisuel aux Etats-Unis.
Il est souvent difficile de faire la part des choses entre plagiat et inspiration. Le plagiat ne craint qu’un seul ennemi : la notoriété. « On ne se fait prendre qu’à condition d’avoir du succès, c’est le jeu » reconnaît Robert Plant, chanteur et membre du groupe Led Zeppelin. A ce jeu, Arthur s’est fait prendre.
Le plagiat ou contrefaçon est un délit complexe composé de 3 éléments : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral. Ce qui est protégé par le champ d’application des articles du code de propriété intellectuelle (articles L335-2, art L335-3 du CPI) ne sont pas les idées mais leur mise en forme. On peut parler de plagiat même lorsque l’expression de l’idée n’a pas été reprise littéralement. On apprécie d’abord ce délit du point de vue des ressemblances entre œuvre contrefaite et une œuvre dite contrefaisante. Puis on étudie les différences ; si elles ne détruisent pas la première impression d’ensemble, on dit qu’il y a contrefaçon.
En l’espèce, Craig Ferguson reproche à Jacques Essebag d’avoir copié le décor, les marionnettes mais surtout, et cela est flagrant, le générique de l’émission. On retrouve dans les deux génériques les mêmes caractéristiques utilisés avec la même chronologie. La scène est filmée de nuit avec le plan d’un monument. Un gros plan sur la tête du présentateur avec les voitures en arrière plan. Puis l’animateur joue de la batterie et chante. On notera l’emploie du même type de microphone. Gros plan sur le nom des rues. Enfin ils finissent en beauté dans la fontaine puis apparaissent les lettres dorées du titre de l’émission.
Si l’originalité est un critère subjectif et relatif, elle constitue l’âme de l’oeuvre. A ce titre, elle participe de la condition de protection de l’oeuvre audiovisuelle en tant qu’oeuvre de l’esprit (articles L112-1 et L112-2 du CPI). Tous les éléments constituant l’originalité du générique du Late Late Show se retrouvent dans « Ce soir chez Arthur ». Sans originalité ni univers personnel qui se démarque, nous sommes bien en présence d’une oeuvre contrefaisante.
Probablement pour désamorcer l’idée très explicite de procès formulée par Craig Ferguson, Jacques Essebag s’est expliqué dans le Grand Direct diffusé sur Europe 1. Il a précisé qu’il fallait percevoir le générique de son émission comme un simple hommage à Craig Ferguson. Nul doute, ce n’est ni une rencontre fortuite ni le résultat d’une inspiration commune qui est à l’origine de ces ressemblances mais bien une pâle copie.
Suite à ses accusations, Craig Ferguson a convié Jacques Essebag à son propre talk show. Coup de projecteur sur les deux émissions. A priori aucun procès ne se profile à l’horizon.
Arthur a profité de ce tremplin pour réaliser un nouveau générique à la française qui pour le coup est une véritable parodie (article L122-5 du CPI) et non un pur plagiat.
L’art et la manière de tirer partie d’un manque évident de créativité ou le désir manifeste de faire un peu trop « comme à l’américaine ».
Sources
http://www.zigonet.com/t%E9l%E9vision/plagiat-pour-arthur-il-faut-y-voir-un-hommage_art17684.html