Le 24 et 25 mai dernier s’est tenu la réunion du G8 de l’Internet aux Tuileries à Paris quelques jours avant le G8 de Deauville, regroupant les géants de l’internet mondial.
L’organisation de ce forum, mandaté par l’Elysée a été confiée à l’Agence Publicis dont Maurice Lévy en est le maitre de cérémonie.
L’objectif du sommet est de débattre sur les enjeux et le futur de l’économie numérique, pour cela les PDG des plus grandes entreprises tels que Mark Zuckerberg (Facebook), Eric Schmidt (Google), et Jeff Bezos (Amazon)…ont répondu présents.
L’occasion de discuter des thèmes inscrits à l’ordre du jour, à savoir la lutte contre la cybercriminalité, protection de la vie privée, les droits d’auteur, la neutralité du net, et l’impact d’internet et des nouvelles technologies sur la croissance économique mondiale.
L’appel du Président Nicolas Sarkozy qu’en à lui, est axé sur la notion de responsabilité, de respect des « règles de droit et de la morale » et prône le concept d’un « internet civilisé ».
Mais dissonance au Sommet…
L’eG8 est cependant dénoncé par ses opposants comme un gigantesque « écran de fumée » dissimulant une tentative de contrôle des gouvernements, une restriction à la libre communication en ligne, une régulation du réseau ainsi qu’une remise en question de la neutralité du Net. Ce n’est en somme qu’une volonté de prise en main de la gouvernance du net sans doute amplifiée par les révolutions arabes où internet et principalement les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur.
Autre critique faite, celle d’une alliance beaucoup trop évidente entre les gouvernements et les plus grandes entreprises du « CAC40 de l’internet » et révèle les réels enjeux économiques de ce sommet tournés vers la protection des investissements et la recherche de profit.
« L’eG8 est une mise en scène où un gouvernement déconnecté de la civilisation internet espère apparaitre en phase avec celle-ci en se montrant en compagnie de quelques leaders économique du secteur. Cela ne serait que pathétique si ce n’était pas un écran de fumée masquant de dangereuses remises en cause des libertés fondamentales et une tentative de reprise en main de notre cher internet. » Jeremy Zimmermann porte parole de l’organisation citoyenne, La Quadrature du Net.
Par ailleurs la société civile déplore ne pas avoir été consultée lors de ce sommet mondial et organise dès lors sa propre conférence de presse en marge du forum, le « contre e G8 » en contestation « des tentatives gouvernementales pour contrôler la toile ».
Ce coup de colère des différents membres de la société civile : Jeff Jarvis (journaliste américain) Susan Crawford (membre de l’ICANN) Jeremy Zimmermann (co fondateur et porte parole de La Quadrature du Net, organisation de défense des droits et libertés des citoyens sur internet), Lawrence Lessig (fondateur des Creative Commons) et Jean-François Julliard (secrétaire général de RSF), tous dénoncent une représentation faussée du secteur de l’internet, où la société civile, les internautes mais aussi scientifiques et sociologues forment ainsi les grands oubliés du sommet laissant la part belle aux gouvernements et industriels.
Reprochant aux gouvernements de vouloir seulement contrôler et gouverner internet, Jeff Jarvis, décrit ainsi internet comme « un huitième continent, où les gouvernements souhaiteraient y planter leur drapeau »
Ce sommet a pris fin le 26 mai 2011 sur un air d’inachevé puisque la tentative de Déclaration a échoué. En somme ce forum peut se résumer à un échange de vision de régulation des géants de l’internet. On peut dès lors s’inquiéter, de ce dangereux rapprochement des grandes entreprises et des gouvernements, pour l’avenir du net.
http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/l-eg8-par-jeremie-zimmermann.shtml
http://www.numerama.com/magazine/18820-e-g8-le-programme-du-sommet-du-numerique.html