Alors que sortira en 2012 la toute dernière adaptation cinématographique du super-héros, sous le titre « Superman : Man of steel », les scènes d’action se trouvent pour l’instant davantage sur le terrain juridique que sur le grand écran.
La raison : une lutte sans concession sur les droits d’auteur liés au personnage emblématique de Superman. Cette guerre juridique confronte d’un côté les héritiers des créateurs originels de Superman, à savoir Jerry Siegel et Joe Shuster, et de l’autre, l’incontournable éditeur DC Comics, propriété du géant Warner Bros Pictures.
Le problème est que chacune des parties à contribuer à la construction du personnage Superman qu’on connaît aujourd’hui. La raison est historique : Siegel et Shuster ont d’abord créé et fait évolué le personnage seuls, puis, en 1938, ils ont rejoins les rangs de DC Comics pour le compte duquel ils ont travaillé.
Juridiquement, à partir de cette date, toutes les nouveautés apportées à l’histoire et au personnage Superman reviennent de plein droit à DC Comics. Ainsi, suite à une décision judiciaire, la mythologie Superman se scindera en deux dès 2013. Les ayants-droit de Siegel et Shuster auront donc la propriété du costume ou, à titre d’exemple, de la faculté pour le héros de “sauter par dessus les immeubles d’un seul bond”. En revanche, tous les célèbres ennemis de Superman ou encore sa capacité à voler, sont des caractéristiques qui appartiendront à DC Comics.
Auparavant, les deux parties parvenaient à communiquer sans heurts. Mais avec l’arrivée du nouvel avocat des héritiers Siegel et Shuster, la situation a changé, celui-ci adoptant une stratégie agressive consistant à réclamer l’ensemble des droits et à refuser toute signature d’accord.
Avec une décision de justice séparant de cette façon la gestion des copyright, « Superman : Man of steel » pourrait potentiellement être le dernier film où l’on pourra voir Superman revêtu de sa célèbre tenue, entrain de voler pour combattre ses plus célèbres ennemis. En effet, les parties devront se mettre d’accord pour la réalisation d’un prochain film. Dans le cas probable d’un échec des négociations, chacun pourra réaliser seul sa propre adaptation à la condition qu’elle n’utilise pas les droits de l’autre partie, ce qui rend impossible la combinaison au sein du même film de tous les éléments caractéristiques de l’histoire et du personnage.
Voilà donc une situation qui pourrait sembler anecdotique, mais qui représente en réalité des intérêts économiques colossaux.
D’un point de vue juridique, il peut être intéressant de s’interroger sur la place que pourrait avoir le droit moral, tel que pratiqué dans le système français, dans une pareille situation. Pourrait-il être suffisamment mis en avant pour écarter l’aspect patrimonial de l’œuvre et en assurer l’unicité et l’intégrité?
Le système du copyright ne s’en préoccupe que très peu, l’accent étant mis sur le patrimoine économique découlant de l’œuvre. Or, on se rend compte qu’en voulant absolument respecter l’aspect économique, on en vient à totalement dénaturer l’œuvre.
Zack Snyder, le réalisateur du prochain film Superman, aura donc la chance, mais aussi la responsabilité, de probablement façonner la dernière adaptation cinématographique respectant tous les codes de l’histoire Superman, telle que connue de tous.
Sources :
http://www.unificationfrance.com/spip.php?article15083
http://www.deadline.com/2010/05/shocker-warner-bros-now-suing-superman-rights-lawyer/