La chaîne d’information en continue i-Télé, a décidé d’arrêter l’émission «Ca se dispute» qui opposait jusqu’alors Eric Zemmour au journaliste Nicolas Domenach dans un débat politique contradictoire. En effet, suite au propos présumé d’Eric Zemmour évoquant une « déportation » d’une certaine partie de la population musulmane lors d’un entretien avec un journaliste Italien, la chaîne a décidé de se séparer du polémiste. Malgré les précisions du journal Le Figaro stipulant que l’expression venait du journaliste lui-même et non d’Eric Zemmour, la direction de la chaîne a maintenue sa décision. Cette affaire illustre une nouvelle fois le fait que la liberté d’expression, bien que principe fondamental inhérent à chaque individu, ne doit pas dépasser certaines limites.
Une polémique dans l’hexagone quant à l’utilisation du mot « déportation »
Chroniqueur, journaliste, écrivain mais surtout polémiste, cet homme qui s’apparente de plus en plus à un politicien, ne cesse de faire parler de lui. Le scandale ne provient pas des propos tenus par Eric Zemmour sur i-Télé mais d’une interview parue dans un journal Italien. En effet, lors d’un entretien avec le Corriere della Sera, ce dernier a tenu des propos controversés sur les musulmans. C’est le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui après l’avoir épinglé sur son blog dans une note du 15 décembre intitulée « Zemmour se lache en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ca peut se voir ! » ; a déclenché une vive polémique en France. Une affaire dont se sont emparés tous les journaux de l’hexagone. Or, après avoir interrogé le journaliste italien, le Figaro Vox a annoncé que le mot « déportation » n’avait pas été utilisé et qu’il s’agissait d’un ajout du journaliste lui-même lors de la rédaction de son article. Cependant, cette rectification n’a pas suffit à calmer les esprits d’autant plus qu’Eric Zemmour reste l’auteur des dires suivants : « Les musulmans ont un code civil, c’est le Coran » ou encore « Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile ».
La direction d’i-Télé a ainsi pris la décision de suspendre l’émission pour ces propos dépassant le cadre de la liberté d’expression. Céline Pigalle, directrice de la chaîne, affirme avoir permis à Eric Zemmour de s’exprimer pendant dix années sur tous les sujets d’actualités afin que ses idées soient prises en compte, contredites et débattues. Cependant, la polémique actuelle a été de trop pour la chaîne qui après concertation, a considéré que le chroniqueur n’avait plus sa place sur cette chaîne. Selon elle, il apparaît aujourd’hui comme un personnage qui fixe les règles et qui oriente les sujets de discussions, brisant ainsi le principe même du débat, ce qui nuit à la liberté d’expression.
Par ailleurs, trois associations antiracistes ont annoncé des dépôts de plaintes. Le mouvement a pris une telle ampleur, que le président de SOS Racisme a publié une lettre cosignée par d’autres associations, afin de demander au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), de « faire cesser la diffusion de la haine d’Eric Zemmour ». En réponse à cela, le CSA a énoncé qu’il veillait en cas de propos litigieux. L’organisme est déjà intervenu quatre fois depuis 2010 pour des propos tenus par le polémiste. Il a même mis en garde de manière ferme RTL ainsi que condamné Eric Zemmour pour provocation à la haine raciale. Parallèlement, la société des journalistes (SDJ), est très impliquée dans cette affaire. Notamment la SDJ d’RTL, autre média ou travaille le polémiste, a réagi publiquement à ces propos dans un communiqué ; estimant que les prises de positions d’Eric Zemmour ternissent les valeurs de vivre ensemble qui sont elles même défendues par RTL.
La liberté d’expression : des divergences d’opinions quant à celle d’Eric Zemmour
Parmi les libertés essentielles inhérentes à toute société démocratique, la liberté d’expression occupe une place prépondérante. En effet, la diffusion des informations par tous les moyens de communication quels qu’ils soient, constitue un facteur de propagation des idées qui doit être assuré dans ces sociétés. Cette liberté est protégée par la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) en son article 10 mais également par la Déclaration des Droits de l’Homme (DDHC) en son article 11. Cependant, ces libertés ne sont pas absolues, des restrictions existent afin de limiter les abus qui peuvent en découler. Le code pénal prévoit des sanctions en son article 225-1 pour tout atteinte à cette liberté, notamment les discriminations concernant les personnes physiques.
Cependant, les limites de la liberté d’expression ne sont pas entendues de la même manière par tous notamment concernant Eric Zemmour. Alors qu’i-Télé a préféré faire ses adieux au polémiste, RTL justifie la chronique qui lui est accordée. En effet, afin de ne pas paraître conformiste et de ne pas donner aux auditeurs, la sensation d’appartenir au système médiatique et politique, RTL souhaite donner la parole à des personnes considérées comme politiquement incorrectes. La politique de la station est de ne jamais se laisser dicter ses choix d’antenne quelques soient les pressions qu’elle puisse subir. Ainsi, elle défend le pluralisme des opinions et ajoute que la démocratie permet la confrontation de tous les courants d’idées.
De même, la chaîne de télévision Paris Première, attachée à la liberté d’expression, donne un rendez vous au fidèle de l’émission « Zemmour et Naulleau » pour le 9 janvier. Ceci illustre les divergences quant à l’appréciation du personnage Zemmour.
Des journalistes, des personnalités politiques ont apporté leur soutien au polémiste au nom de la liberté d’expression justement alors que d’autres au contraire saluent la décision d’I-Télé. Pour certains, la décision prise par la chaîne n’a aucun rapport avec le respect de la liberté d’expression mais uniquement avec un souci de perte d’audience. En effet, la chaîne aurait pu voir son nombre de téléspectateurs diminué en maintenant le polémiste dans son émission. Au delà de l’audience, c’est l’image de la chaîne qui pouvait être mise en péril.
SOURCES :
PICARD (A.), « L’avenir d’Eric Zemmour à i-Télé semble incertain », Lemonde.fr, mis en ligne le 20 décembre 2014, consulté le 15 janvier 2014, <http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/12/18/les-prises-de-position-d-eric-zemmour-ternissent-les-valeurs-de-rtl_4542415_3236.html>
PICARD (A.), « i-Télé met fin à sa collaboration avec Eric Zemmour », Lemonde.fr, mis en ligne le 21 janvier 2014, consulté le 15 janvier 2014, <http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/12/19/itele-met-fin-a-sa-collaboration-avec-eric-zemmour_4544072_3236.html>
ANONYME, « Zemmour viré d’iTELE : quand Phillippot avoue que le polémiste est un cheval de Troie du FN », Leplus.nouvelobs.com, mis en ligne le 23 janvier 2014, consulté le 16 janvier 2014, <http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1296552-zemmour-vire-d-itele-quand-philippot-avoue-que-le-polemiste-est-un-cheval-de-troie-du-fn.html>
ANONYME, « Zemmour contre iTELE : Cohn – Bendit et J.F Kahn, les Bisounours utiles du zemmourisme », Leplus.nouvelobs.com, mis en ligne le 22 janvier 2014, consulté le 15 janvier 2014, <http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1295995-cohn-bendit-et-j-f-kahn-pour-zemmour-contre-itele-les-bisounours-utiles-du-zemmourisme.html>