Le mardi 9 février, Paris a dévoilé son logo pour sa candidature aux Jeux Olympiques de 2024 en le projetant sur l’Arc de triomphe. L’image représente le mélange du chiffre 24, en référence à la date des JO, et forme ainsi un dessin de la Tour Eiffel de façon stylisé. Cependant, le lendemain, un internaute fait le rapprochement sur Twitter entre ce logo et le logo de la société anglaise « 4 Global ». L’internaute se demande alors si l’auteur du logo pour la candidature de Paris ne se serait pas un peu inspiré du logo de 4 Global. Les réactions ne tardent pas et des accusations de plagiat sont lancées.
La protection des logos par le droit français
En France, il est possible d’attaquer sur plusieurs terrains pour la contrefaçon d’un logo : sur celui du droit d’auteur, celui du droit des marques et celui du droit des dessins et modèles. Si pour les deux dernières catégories, un enregistrement doit être fait à l’INPI pour protéger son logo, en droit d’auteur, il suffit que le logo soit une œuvre originale pour être protégée. Quoi qu’il en soit, avant de choisir son logo, il faut donc procéder à plusieurs recherches d’antériorité pour vérifier sa disponibilité.
La règle principale en la matière est qu’on apprécie la contrefaçon en fonction des ressemblances et non pas des différences. Il s’agit donc de se préoccuper des possibles similitudes. Or, en l’espèce, il est évident que certains éléments coïncident entre eux. C’est d’autant plus flagrant quand on incline légèrement le logo de Paris, ce qui a été fait par les internautes pour démontrer les soupçons de plagiat.
En l’espèce, le logo en question a été réalisé par la société « Dragon Rouge ». Si au sein de la société on se dit très surpris et on estime qu’il n’y a pas de ressemblances entre les deux logos, le designer en charge du projet, Kheireddine Sidhoum, avoue lui même y voir quelques rapprochements. Il affirme cependant qu’il n’y a eu aucune intention de copier. Il ajoute à cet égard que des recherches d’antériorité ont été effectuées pour vérifier la disponibilité du logo.
Cependant, la bonne foi ne rentre pas en jeu quant il s’agit d’une action en contrefaçon. Cela signifie que, peu importe si le contrefaisant n’avait pas l’intention de copier, il pourra être reconnu coupable de contrefaçon. Donc si l’affaire venait à être portée devant le juge, la bonne foi de Kheireddine Sidhoum n’aurait pas d’impact.
Esthétiquement, les deux logos se ressemblent donc sans aucun doute. Mais ce qui est encore plus frappant c’est que la société 4 Global Consulting à qui appartient le logo qui serait potentiellement une source d’inspiration pour le logo parisien, est spécialisé dans l’organisation d’évènements sportifs, dont les Jeux Olympiques. Cet élément pourrait donc encore plus porter à confusion.
La malédiction des logo JO : la polémique du logo de Tokyo 2020
Ce n’est pas la première fois qu’un logo fait pour les JO fait face à la controverse. En effet, le 25 juillet 2015, c’est le logo imaginé pour les JO de Tokyo qui est accusé de plagiat. La ressemblance de ce logo avec celui du théâtre de Liège, dont la création date de 2011, est évidente. Dans ce cas, non seulement la forme géométrique est quasiment identique, mais également les tracés et la typographie sont indéniablement proches.
Le créateur du logo pour les JO de Tokyo nie tout plagiat et tente alors de prouver sa bonne foi en apportant des éléments démontrant son processus de création. Selon ce dernier, les deux logos ne ressemblent pas car leurs intentions sont différentes, il est donc impossible de les confondre.
Si l’affaire n’a pas été jusqu’aux tribunaux, elle a pris une telle ampleur que le comité d’organisation des Jeux Olympiques a été obligé de réagir à la polémique. Finalement, en septembre dernier, la décision a été prise de ne plus utiliser le dit logo pour les JO de Tokyo en 2020.
Les risques potentiels pour que Paris retire son logo
Si le comité d’organisation des JO a décidé de retirer le logo de Tokyo 2020, on peut se demander si le logo pour la candidature de Paris pour les JO de 2024 risque de subir le même sort. Pour cela, la question qui va se poser est ainsi celle de savoir s’il y peut y avoir un risque de confusion entre les deux logos dans l’esprit d’un utilisateur averti ? C’est à partir de ce critère que le juge se basera si jamais celui ci est impliqué et l’affaire est portée devant les tribunaux.
Mais la société 4 Global ne semble pas avoir comme intention d’engager une action pour contrefaçon contre le designer du logo de la candidature parisienne. Il semble d’ailleurs peu probable que l’affaire prenne la même tournure que pour celle du logo de Tokyo.
Au final, cette affaire s’inscrit dans un problème plus général lié à l’univers des logos. En effet, aujourd’hui il existe une tendance à simplifier les formes des logos pour que ceux-ci marquent plus facilement les esprits des consommateurs. Mais à force de simplifier, les logos se ressemblent de plus en plus à l’échelle mondiale. Ainsi, la contrefaçon est plus compliquée à admettre et la liberté de création a de bonnes chances de primer. On peut donc en conclure que le logo de la candidature de Paris, malgré le petit scandale qui s’est créé sur internet, est plutôt à l’abri d’un possible retrait par le comité d’organisation ou encore d’une possible action en contrefaçon.
SOURCES :
KORKOS (A.), « La malédiction du logo a encore frappé ! », arretsurimages.net, publié le 11/02/2016, consulté le 15/02/2016, http://www.arretsurimages.net/chroniques/2016-02-11/JO-Paris-la-malediction-du-logo-a-encore-frappe-id8469
DELCAMBRE (M.) et PATRELLE (J.), « Le logo de Paris 2024 est-il un plagiat ? », gqmagazine.fr, publié le 11/02/2016, consulté le 15/02/2016, http://www.gqmagazine.fr/sport/interview/articles/jeux-olympiques-2024-paris-a-t-elle-plagie-son-logo/31749
ANONYME, « Le logo du théâtre de Liège plagié par les JO 2020 de Tokyo ? », lefigaro.fr, publié le 30/07/2015, consulté le 15/02/2016, http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/buzz/2015/07/30/27002-20150730ARTFIG00045-le-logo-du-theatre-de-liege-plagie-par-les-jo-2020-de-tokyo.php