« En rapprochant des voix lointaines, la radio relie les gens et les lieux » expliquent les créateurs de Radio Garden. Cette webradio est pertinente elle permet de rendre hommage, via une technologie moderne qu’est le streaming, à l’ancienne radiodiffusion que nous connaissons. C’est un voyage à travers le monde et à travers le temps qui est proposé.
Le Google Earth du partage musical et les sociétés de gestion collective
Radio Garden a souhaité centraliser les différentes radios, en les recontextualisant dans l’espace. Ainsi, en arrivant sur la page d’accueil du site internet, il est possible de se balader sur une mappemonde pour écouter et découvrir de nouvelles radios. Par un simple scroll latéral sur le globe, il est possible d’apprécier aussi bien des radios locales que nationales elles sont représentées par des petits points verts comme si elles émettaient dans chaque ville du globe. Il est par exemple possible d’écouter en direct la radio qui passe de New York à Tokyo en passant par Paris. En réalité, elles sont bien évidemment diffusées en streaming sur internet, aussi bien grâce à la méthode du webcasting que celle du simulcasting. Nous le savons, la méthode du webcasting consiste à diffuser en ligne les programmes d’une webradio qui lui sont propres et en continue. Alors que le simulcasting renvoie à une toute autre notion, celle de diffuser sur internet en simultané les programmes également diffusés sur les ondes hertziennes.
Pour le moment, malgré le nombre élevé de radios qu’il est possible d’écouter via ce site internet, le répertoire est toutefois incomplet et cela est certainement dû au fait que les propriétaires de Radio Garden n’ont pas encore obtenu l’intégralité des accords des ayants droits les autorisant à diffuser les différentes radios. En effet, en droit français dès lors qu’une œuvre est considérée comme originale, l’auteur détient sur cette œuvre des droits patrimoniaux, ce sont les droits de s’opposer à la reproduction ou à la représentation de son œuvre. Ainsi, avant toute communication d’une œuvre au public, la personne qui souhaite reproduire et représenter cette œuvre devra préalablement demander à l’auteur une autorisation.
En matière de Webradio, la jurisprudence est fixée en la matière puisque depuis une décision rendue par la Chambre criminelle de la Cour de cassation le 25 septembre 2012, il est constant que « tout service de communication au public en ligne d’œuvres protégées, sans avoir obtenu les autorisations requises et toute mise à disposition d’un logiciel ayant cette finalité, entrent dans les prévisions des articles L. 335-4 et L.335-2-1 du Code de la propriété intellectuelle », prévoyant la contrefaçon. Ainsi, pour éviter d’être dans l’illégalité, Radio Garden sera contrainte d’obtenir les autorisations des auteurs avant la diffusion de leurs œuvres.
Selon que l’on soit dans le cas du webcasting ou dans le cas du simulcasting il existe deux régimes différents, mais ils tendent en réalité vers la même finalité. Pour le cas du Webcasting, il y a en pratique des accords qui sont mis en place entre les représentants des ayants droit, comme la SCPP ou la SPPF, et les webradios, diffuseurs de contenu en continu. Par cet accord, les ayants droits ont un droit exclusif d’autorisation général pour autoriser ou interdire la diffusion de l’œuvre, en contrepartie du paiement d’une redevance. Ensuite, lorsque les webradios font du simulcasting, elles relèvent depuis la loi du 1 aout 2006 d’un système de licence légale. Dans ce cas, l’accord préalable des artistes interprètes et des producteurs est nécessaire au titre du droit de communication au public, comme en matière de droit d’auteur.
Le génie de la technologie moderne un tantinet peu fourni
Outre ces fonctionnalités de session live, Radio Garden propose d’autres sections comme un onglet history, permettant d’écouter des extraits de radio émis à l’époque, avec une explication textuelle. Il est par exemple possible de réécouter une émission diffusée le 2 novembre 1937. Il y a aussi une section jingle permettant de se familiariser avec les jingles phare des différentes époques et du monde entier. Par exemple à Paris, les Jingle proposés sont ceux de « Fun Radio » et ceux de « Le Mouv’ ». Enfin, il y a une section stories qui n’est malheureusement pas encore disponible en français, mais elle permet de s’attarder sur des documents qui retracent l’histoire de la radio à travers le monde, sous forme de compilation d’histoires personnelles d’utilisateurs du passé et du présent autour de l’utilisation de la radio.
Ces trois sections sont pour le moment assez lacunaires dans le contenu qu’elles proposent, certainement parce que les propriétaires de Radio Garden n’ont pas obtenu toutes les autorisations qu’ils souhaitaient. Mais une fois que le contenu sera plus dense, Radio Garden devrait littéralement combler les amoureux de la radio.
Sources :
(A.-E.) KAHN, « Droits voisins du droit d’auteur. Droits patrimoniaux de l’artiste interprète. Contenu des droits patrimoniaux (CPI, art L. 212-3) », JurisClasseur Propriété littéraire et artistique, 17 novembre 2016.
(P.) TAFFOREAU, “Un an de droits voisins”, Communication commerce électronique n°10, octobre 2016, chron. 11
(A.) LUCAS, Propriété littéraire et artistique – Généralités” Jurisclasseur Notarial répertoire, V° propriété littéraire et artistique, fasc. 10, 29 octobre 2014