Fondé en 2007, le site pornhub.com est un des sites web les plus visités au monde, avec près de 3.5 milliards de visiteurs chaque mois. Or, cette plateforme de communication au public en ligne fonctionne de la même façon que Youtube. En effet, tous les utilisateurs peuvent diffuser librement des vidéos, sans que leur publication ne soit soumise à une quelconque modération ou vérification.
Parmi les 6.8 millions de vidéos publiées chaque années, il y en a énormément dont le contenu peut être considéré comme illégal. De ce fait, depuis plusieurs mois, la politique de modération du site pornographique est contestée, mais ce débat a pris une ampleur considérable le 4 décembre 2020, lorsque le New York Times a publié une tribune dans laquelle est dénoncée la tolérance de Pornhub à l’égard de contenus illégaux, tels que des vidéos d’agressions sexuelles, de pédopornographie, ou encore de « revenge porn ».
Ce ne sont pas les premières révélations sur les pratiques illégales se déroulant sur ce site. L’année dernière, le journal Le Monde dénonçait déjà ce manque de modération. Il y a aussi eu une pétition réunissant plus d’un million de signature pour réclamer la fermeture de la plateforme.
Par ailleurs, les témoignages se sont succédés dans lesquels des jeunes femmes déplorent le fait de s’être retrouvées sur cette plateforme à leur insu, alors qu’elles étaient mineures, ou encore à la suite d’une agression sexuelle. Il en ressort aussi la responsabilité de Pornhub, qui est accusé de laisser en ligne les vidéos signalées comme étant illégales, plusieurs mois après leur publication. Cette attitude de la plateforme pose des problèmes moraux et éthiques, mais aussi juridiques, notamment du point de vue du droit de la communication au public en ligne, impliquant la responsabilité de la plateforme qui héberge les contenus illégaux.
En conséquences de ces révélations, et notamment de l’article du New York Times, les sociétés VISA et Mastercard ont annoncé le 10 décembre 2020, leur intention de boycotter Pornhub, en retirant leur moyen de paiement de la plateforme.
La réaction de la plateforme a été immédiate et inédite : Pornhub décide de changer complétement sa politique, en supprimant plus de 8 millions de vidéos, et en prenant différentes mesures pour lutter contre les contenus illégaux diffusés sur son site. La plateforme a donc supprimé la possibilité ouverte à tous les utilisateurs de publier du contenu. Désormais, seuls les utilisateurs professionnels qui ont un partenariat avec la plateforme peuvent diffuser des vidéos. De plus, le téléchargement des vidéos depuis le site est suspendu, pour éviter que des contenus illégaux ne soient téléchargés avant leur suppression et qu’ils réapparaissent plus tard. Ces mesures interviennent en attendant qu’un système de filtrage efficace des contenus soit mis en place.
Enfin, la plateforme a fondé une nouvelle équipe de modération dont le but est de rechercher les contenus illégaux, ainsi, des ressources humaines et technologiques ont été déployées, et ces changements concernent aussi les autres site de la même société Mindgeek détenant Pornhub.
Ce fait d’actualité illustre la prise de conscience de la nécessité d’une régulation des contenus illégaux sur internet. Il apparaît comme une victoire pour les détracteurs de la plateforme qui attendaient un changement radical.
Sources :
https://hitek.fr/actualite/pornhub-suppression-moitie-videos-catalogue-polemique_26128
https://www.fredzone.org/la-petition-anti-pornhub-a-depasse-les-15-million-de-signatures-332